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Une promenade automnale sur une falaise au coeur de la ville de Montréal : Une belle histoire citoyenne soutenue par notre programme de bourse TD Amis de parc

janvier 13, 2020
Park People

À l’automne, quand la ville devient grise, les montréalais peuvent encore apprécier les promenades dans la nature.

La nature en ville se fait rare, parfois menacée et souvent éloignée des quartiers centraux. Sans certains groupes de citoyens passionnés, qui travaillent dans l’ombre pour protéger et mettre en valeur ces rares espaces verts, nos opportunités de contact avec la nature urbaine seraient encore plus faibles.

À Montréal, le groupe citoyen Sauvons la falaise s’implique pour protéger et améliorer les espaces verts au coeur de l’île. En 2019, dans le cadre de notre programme de Bourses TD Amis des parcs, nous avons eut la chance de soutenir 3 événements de ce groupe. Le 3 novembre, j’ai eu le plaisir de participer au dernier de la série, une promenade automnale qui célébrait le 4e anniversaire du groupe.

Des habitats pour les couleuvres menacés

Photo: Clayton Bailey

La falaise St-Jacques se situe à proximité du plus gros échangeur autoroutier de la ville, l’échangeur Turcot, en chantier de réfection depuis plusieurs années.

Au printemps 2015, Lisa Mintz, une éducatrice à l’environnement pour l’organisme Urbanature et résidente du quartier NDG à Montréal, a remarqué la présence de rubans oranges sur des arbres de la falaise St-Jacques, cet escarpement sauvage abandonné dans lequel elle aimait aller marcher. Elle découvre alors que ces marqueurs sont des mesures de protection contre la couleuvre brune. Quelques mois plus tard, Lisa constate que cette zone aux arbres à rubans oranges a été complètement rasée ! Avec un autre citoyen du quartier, monsieur John Symon, elle décide alors de fonder un groupe voué à la protection de cet espace naturel.

C’est ainsi que Sauvons la falaise est né !

Échangeur Turcot, Ville de Montréal

Une mobilisation pour assurer un futur au parc

Le groupe est constitué d’environ 60 membres actifs et résidents de 5 arrondissements différents. Depuis 4 ans, le groupe a été particulièrement actif sur la scène politique pour défendre la valeur de cet écoterritoire reconnu par la ville en 2004 mais non entretenu. Il s’est aussi joint à plus de 100 autres groupes mobilisés par le Conseil Régional de l’environnement de Montréal pour défendre l’importance de la falaise, mais aussi l’opportunité de créer plus d’espaces verts dans l’énorme chantier de l’échangeur Turcot et de connecter la falaise à ce nouvel espace urbain réaménagé.

Suite à cette mobilisation soutenue et à des consultations citoyennes, la ville de Montréal a annoncé en juin 2018 son intention de créer un futur parc-nature aux abords de l’échangeur Turcot, qui inclurait une Dalle parc signature qui “enjambera l’autoroute et franchira les 30 mètres de dénivelé de la falaise, afin d’offrir un passage aux piétons et aux cyclistes.” 

Futur parc nature, Ville de Montréal

Un an après cette annonce, rien n’a été mis en place pour débuter le projet.

Sauvons la falaise continue bénévolement ses activités de veille, de sensibilisation et d’entretien du site.

Marchons sur l’escarpement

La promenade automnale offerte par le groupe le 3 novembre dernier était guidée par Lisa Mintz, devenue experte de ce parc, et Patrick Asch, un biologiste vétéran des luttes de protection des espaces verts à Montréal.

Plus de 30 personnes, de tout âge et origine, se sont présentées à la visite, dont Carly Ziter, une assistante professeur en écologie urbaine du département de biologie de l’Université Concordia, qui y voit “un superbe terrain d’étude pour ses cours à venir.

Photo: Caroline Magar

Très peu aménagée, ce n’est pas si facile d’accès et, il faut d’abord descendre un important dénivelé pour nous rassembler au pied de la falaise. Patrick et Lisa nous racontent alors l’histoire du site et de ses écosystèmes, ainsi que son rôle dans le plan directeur des parcs de la ville. 

Photo: Clayton Bailey

Le contraste entre l’ambiance de forêt et le chantier autoroutier reste frappant. Nous avons pu constater l’ampleur de cet espace et comprendre à la fois la longueur et les limites de la falaise. Lors de notre retour, nous avons longé un sentier balisé par des indications de distance. Il s’agit là d’une des interventions stratégiques de Sauvons la falaise, qui permet aux randonneurs de se repérer dans ce lieu.

Photo: Caroline Magar

Enfin, Patrick nous explique que “le secteur au nord de la falaise avait été jusqu’au siècle dernier couvert de champs agricoles, dont ceux de l’importante ferme familiale Décarie.” Il en profite pour nous montrer des photos d’archives de la ferme ainsi qu’une image du melon de Montréal.

“Ce fruit, qui n’est presque plus cultivé ici, était à l’époque produit en grande quantité et pouvait être plus gros qu’une tête humaine !”

Photo: Caroline Magar

Le travail de Sauvons la falaise est à la fois un travail de mémoire, mais aussi un travail très important de mise en valeur du lieu pour les gens du quartier qui souhaitent voir cet espace devenir bientôt un important parc nature de la ville.

Cette promenade automnale nous montre ce qu’un groupe de citoyens mobilisés peut réaliser ensemble pour rendre leur ville meilleure !