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Les parcs et la création de capital social

février 7, 2019
Park People

À l’université, j’avais une amie qui croisait la même personne tous les jours. Elles avaient le même horaire et se rencontraient au même moment et au même endroit. Elles ont fini par se saluer d’un hochement de tête ou par un bonjour — c’était leur seule interaction. Mon amie appelait cette personne son « amie vortex » et depuis, l’importance des amis vortex pour nous faire sentir que nous faisons partie d’une communauté est devenue pour moi une obsession.

J’ai pensé à cette anecdote en lisant le rapport de recherche révolutionnaire de la Toronto Foundation sur le capital social de Toronto, qui analyse les niveaux de confiance, l’étendue du lien civique, la solidité des réseaux sociaux et le soutien des organismes locaux de Toronto au sein des groupes. Ce rapport présente un regard fascinant sur notre ville et recoupe de façon intéressante des études effectuées par les Amis des parcs sur les incidences sociales des parcs.

Pour notre rapport Susciter le changement de 2016 et pour mieux comprendre les incidences sociales de leur travail, nous nous sommes entretenus avec des bénévoles dans les parcs, des leaders d’organismes sans but lucratif et des employés municipaux aux États-Unis et au Canada qui prêtent main-forte dans les parcs locaux des quartiers défavorisés.

Notre étude a démontré que l’engagement dans les parcs locaux peut aider à créer un sentiment de responsabilité partagé, à accroître l’engagement civique, à réduire l’isolement social et à fournir un lieu de rencontre à des gens différents. Fait intéressant, le rapport de la Toronto Foundation indique que tous ces éléments sont importants dans l’accroissement du capital social. Les parcs ont cet effet principalement parce qu’ils permettent aux gens de rencontrer leurs voisins — d’établir des liens avec les gens, y compris avec des personnes différentes d’eux à bien des égards : âge, sexe, statut socio-économique, race ou ethnie (ce que le rapport de la Toronto Foundation appelle le « capital de raccordement »).

Le pouvoir d’un simple bonjour

L’un des faits intéressants relevés lors de l’examen de la documentation universitaire sur les liens sociaux est l’importance des relations dans nos vies, même si elle se limite à un bonjour. Pour citer notre rapport Susciter le changement :

Les interactions naturelles qui surviennent dans les parcs – un simple bonjour, un hochement de la tête ou un signe de la main – sont de petits gestes, mais puissants. Ces interactions – que certains chercheurs désignent comme établissant des « liens faibles » – peuvent renforcer le sentiment de sécurité et de soutien social, et aident à réduire le sentiment d’isolement. L’établissement de ces liens contribue à l’accroissement du capital social, soit les liens sociaux, la confiance et le soutien, qui jouent un rôle important non seulement pour créer des collectivités plus fortes et saines, mais pour établir des réseaux pouvant mener à des occasions pour les personnes, notamment en matière d’emploi.

Même si le rapport de la Toronto Foundation n’utilise pas explicitement les termes « liens faibles », il fait ressortir l’importance de connaître ses voisins.

Il s’avère qu’il est très important de connaître ses voisins, pas seulement pour leur emprunter une tasse de sucre, mais aussi pour promouvoir un sentiment plus aigu de confiance, d’engagement, d’établissement d’un réseau social et d’appartenance. Par exemple, plus de la moitié des personnes interrogées qui disent connaître leurs voisins ont indiqué que leur sentiment d’appartenance était fort, comparativement à seulement six pour cent de ceux qui ne connaissaient pas leurs voisins. C’est tout un écart.

Le parc : une infrastructure sociale

Comme les Amis des parcs disent toujours, les parcs ne sont pas simplement des espaces verts, mais aussi des éléments essentiels de l’infrastructure sociale de nos villes, qui peuvent aider à créer des collectivités plus tissées serrées socialement.

Le parc comme moyen de tisser des liens sociaux est particulièrement important dans une ville aussi riche que Toronto qui compte de nombreuses tours — aussi bien au centre-ville que dans les banlieues immédiates.

Comme le montre le rapport de la Toronto Foundation, les gens qui vivent dans une maison unifamiliale sont plus portés à connaître leurs voisins que ceux qui vivent dans une tour d’habitation. Les Amis des parcs savent qu’un beau parc de quartier bien entretenu offrant des services et des activités attire les gens, leur donne une raison de s’y attarder, les aide à rencontrer leurs voisins, même s’ils habitent dans un immeuble de 30 étages.

Tous les parcs ne sont pas pareils

Naturellement, il ne suffit pas d’un parc dans un quartier pour en ressentir les bienfaits sociaux. Comme pour presque tout, il faut examiner la situation par la lorgnette de l’équité. Notre examen de la documentation a révélé que la qualité d’un parc (son entretien), les services fournis (comment il répond aux besoins) et les activités qu’il présente (son intérêt) sont déterminants pour encourager les gens non seulement à s’y rendre, mais aussi à interagir avec les autres.

C’est pourquoi une grande partie de notre travail consiste à créer des parcs de grande qualité et attrayants ailleurs que dans les centres-villes qui comptent souvent des parcs réputés présentant déjà ces avantages.

C’est ce que nous faisons par l’entremise du programme Susciter le changement (du même nom que notre étude) en renforçant les capacités et en offrant des micro-subventions à ceux qui vivent dans des zones d’amélioration des quartiers de Toronto pour les aider à animer leur parc local. Nous y parvenons aussi grâce à des programmes comme Arts in the Parks, dans le cadre duquel nous travaillons avec le Conseil des arts de Toronto pour offrir des activités artistiques dans les parcs situés à l’extérieur du centre-ville, et aux Bourses TD Amis des parcs qui permettent de financer des événements communautaires de petite envergure dans les parcs de cinq villes au Canada.

Alors, la prochaine fois que vous irez dans un parc, rappelez-vous de saluer les personnes que vous croisez pour faire votre part pour améliorer un tant soit peu les liens sociaux dans votre collectivité.