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Que peut-on apprendre du plan de Copenhague visant à créer une ville plus résiliente au changement climatique

octobre 27, 2017
Jake Tobin Garrett

À la vue des photos des inondations et des dommages causés par l’ouragan Harvey à Houston à la une des journaux et dans les médias sociaux, le moment est idéal pour réfléchir au niveau de préparation des villes canadiennes en cas de conditions météorologiques extrêmes.

Comme nous l’avons mentionné dans Parcs résilients, ville résiliente le mois dernier, le changement climatique au Canada cause de plus en plus d’épisodes météorologiques extrêmes qui nuisent aux environnements urbains, notamment des sécheresses et des vagues de chaleur, mais aussi des pluies torrentielles pouvant entraîner des crues éclair et des dommages à long terme dans nos villes.

Toronto vient tout juste de faire l’expérience des conséquences du changement climatique de façon très concrète. En effet, les pluies torrentielles du printemps ont causé des inondations qui ont forcé la fermeture des îles de Toronto durant la majeure partie de l’été. Certains quartiers de Montréal ont aussi été confrontés à des inondations provoquées par des pluies diluviennes cette année. De plus, il y a seulement quelques années, les inondations graves à Calgary ont forcé l’évacuation de certains quartiers et causé la mort de plusieurs personnes.

Voilà ce à quoi je pensais quand j’ai assisté à la conférence Greater & Greener de City Parks Alliance à Minneapolis-Saint Paul, au début d’août. J’ai pu voir la présentation Lykke Leonardsen qui travaille en développement durable à la Ville de Copenhague. Leonardsen a présenté le plan d’adaptation au climat de cette ville (une lecture très intéressante) et la stratégie de gestion des averses torrentielles qui repose principalement sur l’investissement dans les infrastructures vertes.

Nous avons abordé les infrastructures vertes et les différents éléments des solutions liées aux parcs exposées dans le billet Resilient Parks, Resilient City, alors je ne les présenterai pas en détail ici. Je souhaite toutefois raconter ce que j’ai entendu à la présentation de Leonardsen et décrire le formidable travail d’avant-garde effectué à Copenhague pour rendre la ville résiliente au changement climatique. Copenhague repense les rues, les parcs et les autres espaces publics afin de transformer les eaux de ruissellement pour les faire passer de fardeau à une ressource précieuse. Le Canada a beaucoup à apprendre de Copenhague.

 Construire des parcs en fonction des inondations

Aujourd’hui, les citoyens sont probablement habitués à l’idée de concevoir les parcs comme des endroits qui peuvent aussi recevoir et absorber l’eau durant les tempêtes ou protéger les villes des inondations. Toronto possède d’excellents exemples de ces parcs, dont le parc Corktown Common qui a est présenté dans notre rapport Resilient Parks, Resilient City.

Copenhague prend des mesures plus poussées en concevant des espaces publics alliant des surfaces dures et des aires vertes non rigides pour retenir l’eau et l’utiliser comme ressource dans le parc. Le square Tasinge Plads récemment construit (voir l’image sous le titre) absorbe l’eau de la pluie qui tombe sur le parc, mais aussi l’eau des quartiers environnants durant les tempêtes. En plus de contribuer à éliminer les inondations, l’aménagement du parc crée un paysage unique formé de structures semblables à des parapluies inversés qui recueillent également de l’eau de pluie et apportent un élément ludique.

Un parc conçu en fonction des inondations n’a pas à être vert. Il peut s’agir d’une surface dure comme une place publique, un terrain de basketball ou une autre surface de jeu conçue pour absorber l’eau durant une tempête et la transformer en une sorte de bassin-miroir qui laisse l’eau s’égoutter – comme dans le Enghave Park, à Copenhague.

 

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Transformer les rues en rivières

Une partie du plan de Copenhague prévoit des boulevards de ruissellement, qui, en plus d’avoir un nom poétique, remplissent une fonction très importante quand il pleut. Dans ces boulevards, on a aménagé des dépressions, comme des rigoles de drainage biologique et d’autres surfaces nivelées, qui se transforment essentiellement en petits cours d’eau durant les pluies diluviennes, en ralentissant, en absorbant et en guidant l’eau de pluie.

Cet aménagement a aussi l’avantage de créer une charmante structure remédiant à la situation que nous voyons généralement quand l’eau coule dans le caniveau en emportant des mégots et des ordures avant de s’accumuler autour des égouts bouchés des rues de la ville. Je vous prie de m’excuser de la faible qualité de l’image ci-dessous; j’ai pris la photo durant la démonstration d’un boulevard de ruissellement en action au cours de la présentation de Leondardsen. Vous pouvez voir plus d’images dans cette présentation.

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Une solution gagnante pour tous

Finalement, toutes les mesures prises permettront à Copenhague d’économiser de l’argent. Vraiment beaucoup d’argent. Pour un instant, oubliez le coût des dommages causés par les tempêtes que ce plan contribuera sûrement à diminuer (même si la facture peut être très salée – les réclamations en dommages matériels causés par la tempête de juillet 2013 à Toronto se sont élevées à un milliard de dollars). Concentrez-vous plutôt sur le coût de l’aménagement d’améliorations de l’infrastructure pour mieux résister aux conditions météorologiques extrêmes et à l’augmentation des précipitations. Fondé sur une combinaison d’éléments d’infrastructure verte et d’infrastructure grise plus traditionnels (comme la canalisation et les plans de traitement), le plan de Copenhague coûtera la moitié du montant qui aurait été nécessaire dans le cas d’un plan basé entièrement sur les infrastructures grises.

En effet, les économies sont phénoménales. Mais ce n’est pas tout. Puisque les infrastructures vertes créent généralement de nouveaux parcs et des espaces publics améliorés, l’investissement dans les infrastructures pour gérer les eaux de ruissellement apporte un aspect esthétique et récréatif dont la population peut profiter.

Économiser, construire des infrastructures, améliorer l’espace public; Copenhague fait d’une pierre trois coups.