La Société de la rivière St-Charles
Park People a parlé à Guillaume Auclair, directeur des opérations à la Société de la Rivière Saint-Charles, et à Jacques Grantham, ancien directeur du service de l’Environnement de la Ville de Québec. On voulait en savoir davantage sur cette entente mutuellement bénéfique entre une municipalité et une organisation sans but lucratif pour assurer l’entretien du parc linéaire de la rivière Saint-Charles.
La magnifique rivière Saint-Charles traverse la Ville de Québec. Comme une épine dorsale naturelle, elle divise la ville sur son axe nord-sud. Prenant sa source dans le lac Saint-Charles, la rivière mesure 32 kilomètres et traverse trois arrondissements de Québec, ainsi que le lieu historique national Cartier-Brébeuf et la réserve amérindienne de Wendake. La rivière est aujourd’hui un espace récréatif naturel jouissant d’une grande popularité. Nul ne soupçonnerait qu’il y a moins de cinquante ans, il s’agissait d’un véritable dépotoir aux berges bétonnées.
Les efforts pour ramener la rivière à son état naturel ont été entamés dans les années 1990 et étaient dirigés par un groupe motivé de citoyens en collaboration avec la Ville de Québec. Il y avait une grande volonté parmi tous les acteurs locaux, de l’administration aux citoyens, d’assainir et de nettoyer la rivière et le parc environnant. La Ville de Québec a entrepris des travaux d’infrastructure majeurs, et une fois la gestion de ces travaux initiaux terminée en 2008, elle devait décider comment aller de l’avant pour l’entretien du site et l’animation. Du point de vue de la Ville, mandater une entreprise privée n’était pas l’option idéale du fait qu’il s’agissait d’un environnement naturel, et faire appel à ses cols bleus aurait coûté trop cher. Diverses organisations communautaires et de développement économique se sont rassemblées pour rendre l’espace accessible et le promouvoir, et en novembre 2000, la Société de la Rivière Saint-Charles a vu le jour.
Park People a parlé à Guillaume Auclair, directeur des opérations à la Société de la Rivière Saint-Charles, et à Jacques Grantham, ancien directeur du service de l’Environnement de la Ville de Québec. On voulait en savoir davantage sur cette entente mutuellement bénéfique entre une municipalité et une organisation sans but lucratif pour assurer l’entretien du parc linéaire de la rivière Saint-Charles.
La Société de la Rivière Saint-Charles est une organisation sans but lucratif qui œuvre à faire valoir et à promouvoir la rivière Saint-Charles, son parc linéaire et son caractère patrimonial auprès des résidants et des touristes. Cela se fait par la gestion du parc, l’animation et des activités de sensibilisation, le tout dans le respect des principes de durabilité.
À titre d’organisation sans but lucratif, la Société de la Rivière Saint-Charles a entamé sa relation avec la Ville sur une petite échelle, sans ententes formelles. Dans les premières années après sa fondation, la Ville a offert à la Société de petits contrats pour la réalisation de travaux bien précis. Le premier contrat remonte à 2002 et était lié au programme Chantier urbain. Ce programme mobilisait des jeunes marginalisés en les embauchant pour entretenir les sentiers du parc, avec l’aide d’un technicien. Au fil du temps, la relation entre la Société et la Ville de Québec s’est renforcée et la confiance s’est installée. « Ça a commencé petit parce qu’au début, les travaux de remise à l’état naturel n’étaient pas terminés. La Ville ne pouvait pas leur donner le mandat sur l’ensemble du réseau. On a commencé avec des mandats dont la valeur n’était pas très élevée, affirme M. Grantham. Avec le temps, la confiance s’est installée entre la Société et la Ville de Québec. La Société de la Rivière Saint-Charles n’est pas devenue un groupe de pression. C’est plutôt un groupe d’action autour de la rivière, qui collabore avec la Ville. »
En 2005, la Société de la Rivière Saint-Charles a signé son premier contrat avec la Ville de Québec pour l’entretien des sentiers du parc linéaire. Depuis, elle a étendu ses services dans différentes sphères tel que l’entretien horticole, la sensibilisation, l’entretien hivernal, la gestion des déchets, et elle est maintenant la fournisseuse de services d’entretien principale de la Ville de Québec. Elle organise aussi des événements, gère une patrouille environnementale, et dirige un programme de ski de fond et une brigade nautique qui conseille la population et les entreprises riveraines.
Le Conseil d’administration joue un rôle clé dans le développement des activités de la Société de la Rivière Saint-Charles. Cette équipe est composée de 11 bénévoles, qui donnent de leur temps pour orienter l’organisation, y compris en élaborant des principes directeurs et un plan stratégique. « Le Conseil d’administration de la Société est composé exclusivement de bénévoles. Ceux-ci donnent leur expertise et fournissent des directives à la Société, explique M. Grantham. C’est très avantageux, autant pour la ville que pour la Société. La Société de la Rivière Saint-Charles a toujours réussi à faire avancer les choses en collaboration avec la Ville. »
La Société de la Rivière Saint-Charles signe des contrats avec la Ville de Québec pour la prestation de services d’entretien des parcs et ne reçoit pas de subventions municipales au sens traditionnel. Cette relation de travail permet à la Société de la Rivière Saint-Charles de conclure des contrats privés avec la Ville. Celle-ci peut attribuer des mandats de service à la Société sans avoir à recourir à des entrepreneurs externes. Toutefois, la qualité du service doit demeurer exceptionnelle. « C’est sûr que c’est intéressant d’avoir des ententes comme celle-là, commente M. Auclair, mais on doit quand même rester compétitifs dans ce marché actif, et si la qualité de notre travail n’était pas au rendez-vous, la Ville pourrait facilement changer son fusil d’épaule. »
Fournir à la Ville un service de qualité supérieure est un processus en constante évolution pour la Société de la Rivière Saint-Charles. Elle y arrive en conservant un haut niveau de compétences organisationnelles et d’expertise pour répondre aux besoins de la Ville, et en accordant une grande importante à la rétention des employés. Interrogé sur les conseils qu’il aurait à donner aux organismes sans but lucratif en expansion, M. Auclair répond : « On est un OSBL. On n’est pas capables d’offrir des salaires très avantageux, mais on essaie de compenser ailleurs. Il est très important de réussir à conserver ses employés. » L’assurance-maladie, une offre généreuse de jours de vacances et de maladie ainsi qu’un environnement de travail positif sont autant de facteurs qui favorisent le maintien de l’effectif. Les chefs d’équipe qui reviennent année après année comprennent leur travail et ce qu’il faut faire, et ils savent effectuer leurs tâches de façon efficace et précise.
La Société de la Rivière Saint-Charles compte maintenant 10 employés qui travaillent à l’année et à peu près 35 employés saisonniers, et son budget de fonctionnement s’élève à environ 1 million de dollars. La majeure partie de ce budget découle de contrats municipaux, mais un pourcentage provient également de subventions, d’entente avec Parc Canada, de revenus autonomes.
Afin de maintenir un plus grand groupe d’employés permanents qui travaillent à l’année, la Société cherche des moyens d’accroître ses activités et ses services durant l’hiver. En développant ces nouvelles compétences et ces nouvelles offres, elle espère gagner encore davantage la confiance de la Ville et que leur relation prendra de l’envergure en conséquence.
Le recours à un organisme sans but lucratif pour l’entretien de la rivière et l’animation a de nombreux avantages. « Tout d’abord, nous en recevons plus pour notre argent. Cette relation permet d’aller chercher des subventions extérieures auxquelles la ville n’aurait pas accès », explique M. Grantham. Il y a aussi des avantages sur le plan de l’économie sociale. Sur ses 32 kilomètres, la rivière traverse plusieurs communautés, y compris des quartiers démunis. La participation d’un OSBL dans la gestion aide à mobiliser les gens là où ils vivent. De nouvelles possibilités sur le plan de l’emploi, du bénévolat et de la mobilisation communautaire en découlent.
La majorité des contrats que la Société de la Rivière Saint-Charles a conclus avec la Ville sont pour une durée de trois ans, ce qui lui assure une bonne stabilité financière à moyen terme. Elle a également développé des relations de travail avec Parcs Canada pour la gestion du lieu historique national Cartier-Brébeuf et avec la réserve amérindienne de Wendake.
« La Ville travaille directement avec la Société », explique M. Grantham. Les deux parties harmonisent leurs points de vue lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes concernant la rivière. Communiquer quotidiennement est essentiel, car de nombreux facteurs environnementaux peuvent influer sur le système naturel fragile, comme l’érosion et la pollution. La Société de la Rivière Saint-Charles et la Ville s’entendent sur l’importance de ces questions. Toutefois, cette vision commune nécessite des efforts et ne doit pas être tenue pour acquise. M. Grantham insiste : « Il faut avoir une volonté politique pour poursuivre cette relation, et un gouvernement qui comprend l’importance et le rôle de l’OSBL et du milieu naturel. »
MM. Auclair et Grantham s’entendent pour dire que les compétences acquises au cours des 16 dernières années ont permis à la Société de la Rivière Saint-Charles d’accomplir des travaux que la Ville de Québec ne serait pas en mesure de faire elle-même. Le travail de la Société de la Rivière Saint-Charles a aidé à transformer le parc en un endroit attrayant où les résidants de la Ville de Québec aiment travailler et vivre, et dont ils peuvent profiter.
- Grâce à leur vision commune pour la rivière, la Ville et la Société de la Rivière Saint-Charles peuvent continuer de travailler à l’entretien de cette entité naturelle magnifique.
- Un Conseil d’administration bénévole et dévoué, constitué de membres de la communauté, fournit à la Société de la Rivière Saint-Charles une vision à long terme et des objectifs.
- Les premières années, la valeur de l’entente était modeste et la Ville de Québec offrait de petits contrats à la Société de la Rivière Saint-Charles pour la réalisation de travaux bien précis.
- Mobiliser la communauté locale sur les rives de la Saint-Charles est important à la réussite du projet. La participation continue de diverses communautés qui habitent le long de la rivière crée des occasions d’engagement civique et permet aux communautés d’être en contact avec leur environnement naturel.
- La Société de la Rivière Saint-Charles a à cœur de fournir un service exceptionnel — et de conserver des employés de confiance — afin de poursuivre sa relation de travail avec la Ville de Québec.
- Le maintien de l’effectif est la clé du service exceptionnel fourni par la Société de la Rivière Saint-Charles. Offrir des avantages sociaux et d’autres incitatifs à ses employés, ainsi qu’un milieu de travail positif et des heures de travail régulières, permet à la Société de la Rivière Saint-Charles de conserver des employés de qualité.