L’Assiniboine Park Conservancy
En 2008, le parc Assiniboine était dans un triste état. Cet immense parc de 400 acres situé à l’extrémité ouest de Winnipeg avait pourtant un jour été considéré comme le joyau du système de parcs de la ville. Fondé en 1904 par la Ville de Winnipeg et dessiné par Frederick Todd, le parc reflétait les visées de la ville, qui aspirait à devenir la métropole des Prairies et la porte d’entrée de l’Ouest canadien. Grand parc de banlieue comptant de vastes espaces verts et l’un des plus vieux zoos au Canada, il constituait un lieu d’évasion et de loisirs pour les citadins. Toutefois, vu l’immensité du parc, son entretien est devenu problématique pour la Ville, tant et si bien qu’en 2008, elle estimait elle-même que 95 % des installations étaient en piètre état. Outre les problèmes d’infrastructure, le zoo Assiniboine, de moins en moins fréquenté, était sur le point de perdre son accréditation.
En 2008, on a mis sur pied l’Assiniboine Park Conservancy pour sauver le parc. Cette organisation de bienfaisance et sans but lucratif, à la fois publique et privée, est le résultat de la fusion de trois organismes sans but lucratif œuvrant dans le parc : Friends of the Assiniboine Park Conservatory, Partners in the Park et la Zoological Society of Manitoba. L’Assiniboine Park Conservancy s’est vu attribuer le mandat de développer, d’administrer et de gérer le parc dans son ensemble ainsi que ses équipements. Cette nouvelle entité a conclu un bail de 50 ans avec la Ville de Winnipeg, qui est propriétaire du terrain et des éléments d’actif.
Kaaren Pearce, directrice des terrains et de l’horticulture, a expliqué à Park People les mesures prises par l’Assiniboine Park Conservancy pour transformer et revitaliser ce parc urbain qui joue un rôle important dans la vie des Winnipegois et occupe une place de choix dans leur cœur.
L’Assiniboine Park Conservancy (APC) est une organisation sans but lucratif responsable de l’exploitation du parc Assiniboine, à Winnipeg. Le mandat de l’APC consiste à diriger, à gérer, à restaurer et à réaménager le parc Assiniboine et ses équipements en plus de récolter des fonds à ces fins. L’APC mène ses opérations indépendamment de la Ville, et son statut d’OSBL lui permet de recueillir des fonds et de tirer parti de sources de financement qui sont inaccessibles à la Ville de Winnipeg.
En 2009, l’APC a dévoilé un plan de réaménagement visionnaire pour l’ensemble du parc. Imagine a Place (Imaginez un endroit) est une initiative de financement de 200 millions de dollars en trois étapes qui vise à aider l’organisation à atteindre ses objectifs à long terme. « Le défi consistait à réaménager ce parc historique de sorte qu’il continue à être profitable pour des générations à venir, souligne Mme Pearce. Nous nous sommes donc demandé ce que nous devions faire pour le restaurer. » Le parc se dégradait. La vision devait donc tenir compte des besoins immédiats, à savoir faire du parc un lieu que les Winnipegois pourraient visiter sans danger, tout en prévoyant un plan à long terme. Interrogée sur les possibilités et les défis liés à ce plan, Mme Pearce affirme que l’APC « devait saisir cette occasion de transformer en quelque chose de beau un lieu qui était en train de tomber en ruine et soulevait le mécontentement général. Obtenir la confiance des gens était un véritable défi. Nous devions faire nos preuves auprès des parties intéressées et de la Ville. »
La campagne comprenait trois phases, dont deux sont aujourd’hui terminées. La phase 1, appelée Heart of the Park (Le cœur du parc), consistait à améliorer les 30 acres récréatifs, dont le "Streuber Family Children’s Garden and Nature Playground", le vaste "Riley Family Duck Pond" et le "Qualico Family Centre". À la deuxième phase, on a rénové le zoo et converti une section de 14 acres de celui-ci en une attraction majeure appelée Voyage à Churchill. Non seulement ce site héberge-t-il des ours polaires, mais il vise également à sensibiliser l’opinion publique aux changements climatiques. La troisième phase de la campagne, qui est en cours, est le projet appelé Jardins de la diversité canadienne.
Outre son plan de réaménagement initial, l’APC a également dû créer un plan stratégique sur l’utilisation de l’espace et la survie de l’organisation à long terme. Le plan stratégique a évolué avec l’organisation, au fil des ans. Au départ, il portait d’abord et avant tout sur les exigences immédiates en matière d’infrastructure. Aujourd’hui, il se penche sur de plus nombreux aspects, comme les gens qui travaillent dans le parc et ceux qui le fréquentent, ainsi que les soins à apporter aux organismes vivants, comme les animaux et les plantes, les terrains gazonnés et la forêt riveraine. « Au début, la question qui nous préoccupait le plus était celle de la croissance : comment accroître notre capacité, récolter de l’argent et assumer nos responsabilités envers toutes nos parties intéressées, se souvient Mme Pearce. Maintenant, le plan stratégique décrit comment nous pouvons nous assurer de rendre des comptes aux gens : les visiteurs, mais aussi les personnes qui travaillent et font du bénévolat ici. Ce sont les gens qui sont l’atout le plus important de l’APC. »
L’APC est régi par un Conseil d’administration. Le Conseil apporte un leadership, des conseils et des liens essentiels avec les communautés qu’accueille le parc, en plus de veiller à ce que l’OSBL reste concentré sur son mandat. De nombreuses possibilités de financement découlent des relations de divers membres du Conseil.
Pour l’Assiniboine Park Conservancy, le premier pas à accomplir pour assurer une gestion réussie du parc était d’obtenir la confiance du public. Quand la Ville de Winnipeg a d’abord cédé la gestion du parc à l’APC, le public avait de nombreuses questions sur la nature de cet OSBL et ses activités.
C’est grâce à un plan stratégique et à une campagne de financement que le public a été intégré dans la vision du parc. Ainsi, l’APC a pu tenir des consultations publiques à chaque étape du processus. Ces consultations ont favorisé la communication et aidé à améliorer la transparence en ce qui concerne les finances et la prise de décisions. Au fil de ces processus, l’APC a fini par gagner la confiance du public. Les sentiers et les chemins qui traversent le parc sont un exemple d’un domaine où la consultation du public s’est révélée utile. « Lors des consultations publiques, nous avons demandé à la population comment elle voulait se déplacer à l’intérieur du parc », explique Mme Pearce.
Lorsque l’organisation est passée à un modèle d’organisme de protection de la nature, le personnel de la Ville qui travaillait dans le parc a fait face à un choix : se joindre au personnel de l’APC ou rester avec la Ville. Mme Pearce estime qu’environ 95 % du personnel a choisi de changer d’employeur, mais la transition d’une gestion municipale à un modèle d’OSBL a tout de même présenté des défis. Le personnel qui était avec la Ville depuis longtemps a dû s’adapter au nouveau modèle de gestion, et voir aux objectifs de réaménagement à long terme tout en assurant l’entretien quotidien du parc.
Malgré qu’il soit un OSBL, l’APC a une perspective entrepreneuriale, et sa structure de financement est très diversifiée. La Ville fournit régulièrement des fonds pour l’entretien des équipements, ainsi qu’un financement pour des projets d’immobilisations dont on prévoit la réduction progressive à mesure que l’APC chemine vers l’autosuffisance. Parmi les autres sources de revenus, on compte trois restaurants, les frais de location (p. ex., terrains et tenue d’événements), les droits d’entrée pour certaines activités organisées dans le parc et une variété d’initiatives de collecte de fonds continues. Les droits d’entrée sont un sujet délicat et soulèvent parfois la controverse. Quelle est la proportion appropriée d’activités gratuites et d’activités payantes? L’APC a créé un fonds de dotation appelé « Parkshare » pour rendre accessibles la programmation du parc et du zoo, l’admission à ceux-ci ainsi que le transport pour les groupes d’enfants, de jeunes et de personnes âgées qui font face à des barrières financières.
À mesure que l’APC diversifie ses revenus, son objectif financier à long terme est l’autosuffisance, et il espère un jour assumer seul les coûts d’exploitation du parc. « L’APC se distingue d’un parc public par la façon dont nous pouvons obtenir de l’argent et l’utiliser », explique Mme Pearce. Chaque année, l’APC rend des comptes sur ses opérations à toutes ses parties intéressées, y compris de nombreux services de la Ville de Winnipeg.
L’engagement des bénévoles est un autre élément clé du modèle de gouvernance de l’APC. Plus de 300 bénévoles œuvrent dans le parc et leur rôle est essentiel à la vie de celui-ci. « Nous ne pourrions pas faire la moitié de ce que nous faisons sans nos bénévoles, insiste Mme Pearce. Sans eux, nous ne pourrions pas être un véritable organisme de protection de la nature. » Les bénévoles servent d’interprètes des sites naturels, des jardins et de la vie sauvage, et ils fournissent leur aide lors d’événements spéciaux et d’expositions. Le personnel interagit régulièrement avec les bénévoles, et il n’est pas rare que les deux groupes assistent ensemble à des formations et à des séances d’apprentissage, ce qui renforce leurs rapports et améliore l’environnement du parc pour tout le monde.
Depuis la fondation de l’Assiniboine Park Conservancy en 2008, le parc a connu une transformation remarquable et des améliorations importantes. Le parc occupe une place très spéciale dans le cœur des résidents de Winnipeg, et Mme Pearce décrit le travail de l’APC en reprenant les propos de Margaret Redmond, PDG de l’APC. « Combien de fois a-t-on l’occasion de redonner la vie à un vieil ami? »
La campagne Imagine a Place et d’autres initiatives de collecte de fonds ont permis de financer d’importantes améliorations. À titre d’exemple, le pavillon du parc a été revitalisé et héberge des collections d’œuvres d’art rares et jouissant d’une renommée mondiale grâce à un partenariat avec la Winnipeg Art Gallery. L’Assiniboine Park Zoo est géré par l’APC et demeure une destination touristique populaire, titulaire d’une accréditation zoologique nationale et internationale. Les revenus découlant des droits d’entrée sont directement investis dans l’exploitation du parc. D’innombrables autres améliorations ont été apportées au parc, y compris la mise à niveau de l’infrastructure de communication; des barrières, clôtures, sentiers et chemins neufs; et la restauration de forêts et de terrains.
Le modèle d’inclusivité et d’accessibilité de l’APC peut être adapté à des parcs partout au Canada. Les parcs sont essentiels à la vie publique, et il est important que la population puisse y accéder et en profiter. L’APC doit maintenir un juste équilibre en offrant des activités gratuites pour que le parc soit accessible à tout le monde tout en générant des revenus afin de pouvoir maintenir ses opérations.
Respecter les différentes communautés qui sont présentes dans le parc est également essentiel à l’accessibilité. L’APC reconnaît qu’il se situe sur le territoire du Traité no 1, et la présence de personnes autochtones est prévue dans le cycle annuel du parc, y compris lors de séances de bénédiction du parc et de purification par la fumée, ainsi qu’à l’occasion d’une vaste consultation pour le développement des Jardins de la diversité. Pour tendre la main aux communautés qui se butent peut-être contre des barrières financières et ont donc du mal à accéder au parc Assiniboine, l’APC a créé le fonds de dotation Parkshare en 2016.
En bâtissant la confiance et en faisant preuve de transparence, l’APC a pu développer une bonne relation de travail avec la Ville de Winnipeg, ce qui a fait en sorte qu’ils peuvent aujourd’hui travailler ensemble à régler certains problèmes liés à la gestion du parc. Par exemple, lorsque l’agrile du frêne a été découvert à Winnipeg, l’APC a assumé la responsabilité de l’entretien des frênes dans le parc en se basant sur la stratégie de gestion de la Ville. Ainsi, la Ville a pu attribuer plus de ressources aux parcs qu’elle gère elle-même. Au sujet de ce modèle de gouvernance unique, Mme Pearce affirme : « La coopération et la collaboration sont les aspects les plus importants du modèle de l’APC [...] Ça montre ce que les gens peuvent faire lorsqu’ils se mobilisent en vue d’un objectif commun. »
- Le mandat de l’Assiniboine Park Conservancy consiste à diriger, à gérer, à restaurer et à réaménager le parc Assiniboine et ses équipements en plus de récolter des fonds à ces fins.
- L’APC a conclu un bail de 50 ans avec la Ville de Winnipeg, qui est propriétaire du terrain et des éléments d’actif.
- L’APC mène ses opérations indépendamment de la Ville, et son statut d’OSBL lui permet de recueillir des fonds et de tirer parti de sources de financement qui sont inaccessibles à la Ville de Winnipeg.
- Ses sources de revenus comprennent trois restaurants, les frais de location, les droits d’entrée pour certaines activités organisées dans le parc et une variété d’initiatives de collecte de fonds continues.
- Si le modèle de gouvernance de l’APC est un succès, c’est essentiellement grâce à son engagement solide à l’égard de son mandat et de la transparence, et à la participation de bénévoles qui travaillent de concert avec le personnel rémunéré pour réaliser son mandat, en conformité avec son plan stratégique.