Des événements pour rallier les groupes de parcs et les groupes autochtones

Ressource | août 2, 2018

Trouver un terrain d’entente avec les communautés autochtones. Comment votre groupe de parcs peut-il interagir avec les groupes autochtones afin d’assurer la coexistence des différentes cultures dans un même espace public?

Comment pouvons-nous prendre en considération le point de vue des groupes autochtones dans l’aménagement des parcs de la ville? Les événements collaboratifs organisés par les membres du groupe d’amitié composé de la communauté Toronto Island et de la Première Nation Mississaugas of the New Credit First Nation (MNCFN) montrent comment entretenir des relations qui inspirent la confiance et l’engagement dans les espaces publics pour assurer la coexistence des différentes cultures.

La communauté Toronto Island est un magnifique lieu de rassemblement qui vaut le détour. Mais l’émotion était palpable lorsque les membres du groupe d’amitié composé de la communauté Toronto Island et de la Première Nation Mississaugas of the New Credit First Nation se sont réunis à l’occasion de la première de trois activités subventionnées par le programme Bourses TD Park People.

  1. Le lien qui unit le groupe aux îles de Toronto

    Contraints de quitter leur territoire traditionnel sur les rives du lac pour l’arrière-pays, les Mississaugas ont été privés d’un élément essentiel à leur subsistance lorsqu’ils ont perdu leur accès immédiat à l’eau. Mais le peuple a su s’adapter par sa résilience, et il se décrit aujourd’hui comme une « communauté prospère et dynamique ». N’ayant aucun désir de déloger ceux qui occupent aujourd’hui leurs terres ancestrales, ils cherchent plutôt à faire la paix avec l’histoire pour en arriver à une réconciliation. Les îles de Toronto font partie des terres cédées aux Mississaugas en vertu d’un traité.

    Les habitants actuels des îles savent qu’ils ne peuvent pas effacer le passé, mais ils souhaiteraient tisser une relation forte avec la Première Nation des Mississaugas. « Lorsqu’on commence à bâtir une amitié, on trouve vite des solutions pour collaborer », affirme l’insulaire David Smiley. Il dit comprendre le lien fort et privilégié qu’entretiennent les Mississaugas avec les îles. Il espère qu’un jour, en plus d’être amis, les deux groupes seront aussi des alliés politiques qui façonneront ensemble l’avenir de ce territoire.

  2. Un esprit de collaboration

    Même s’ils en étaient à leur premier événement conjoint officiel avec le lever du drapeau, les insulaires et les membres de la MNCFN partagent un lien qui les unit depuis longtemps. David Smiley raconte son amitié de longue date avec l’aîné Garry Sault. Les deux se connaissent depuis des années, et David, comme d’autres insulaires, a participé à de nombreux événements organisés par les Mississaugas dans leur réserve de New Credit, près de Brantford, en Ontario.

    C’est par l’entremise de l’aîné Garry Sault que David a rencontré le chef R. Stacey Laforme. Les Mississaugas et les habitants des îles de Toronto se sont échangé des drapeaux l’hiver dernier, en symbole de respect et d’appréciation mutuels. Quelques mois plus tard, lorsque le groupe d’amitié a appris l’existence du programme Bourses TD Park People, il y a vu l’occasion d’approfondir sa relation avec la bande autochtone en organisant avec elle une série d’activités. Quelques conversations plus tard, trois événements étaient planifiés.

    « D’après ce qu’on m’a raconté, les îles étaient un lieu de rassemblement sacré pour toutes les nations, mais elles étaient particulièrement importantes pour les Mississaugas; elles font partie de nos terres reconnues par le traité », relate Caitlin Laforme.

    Elle qui n’avait pas foulé le sol des îles depuis quelques années avant la cérémonie de lever du drapeau, Mme Laforme a ressenti un sentiment de bien-être et d’appartenance : « C’était comme rentrer à la maison ». « Les habitants des îles sont tellement accueillants; on sentait déjà leur hospitalité aussitôt débarqués du traversier. » Cet accueil chaleureux n’aurait pas été le même si les groupes n’avaient pas d’abord développé un respect et une confiance mutuels.

  3. Le partage pour créer des liens

    Le mandat du groupe d’amitié récemment formé entre la communauté Toronto Island et la Première Nation MNCFN, tel qu’il est énoncé dans sa demande de Bourses TD Park People, est d’organiser des activités publiques permettant aux deux communautés d’apprendre à se connaître et de tisser de solides liens sociaux et culturels. L’objectif officiel de ces activités est d’alimenter des discussions enrichissantes entre les deux groupes. Le partage est au cœur de ces efforts. Les deux communautés se sont rassemblées pour partager leurs traditions, leur cuisine, leurs histoires, mais surtout, pour célébrer leur respect et leur amour pour les îles de Toronto.

  4. Partage de nourriture

    La journée a commencé par un repas-partage organisé par les insulaires. « La nourriture est toujours un bon moyen de partager notre culture et de rassembler les gens », affirme David Smiley. Mme Laforme nous raconte qu’elle a rencontré une petite fille de l’âge de ses enfants qui était emballée de lui faire goûter le pain de maïs qu’elle avait elle-même préparé pour le repas-partage. Ce n’est qu’un petit exemple de l’atmosphère de partage et d’amitié qui régnait lors de l’activité.

    La nourriture a toujours fait partie de la culture des Mississaugas, et en offrant le repas-partage, les insulaires ont joué un rôle important dans les cérémonies traditionnelles de la journée, explique Mme Laforme. On y a servi de la truite fumée, un aliment qui accompagne la traditionnelle cérémonie de l’eau qui a suivi. Servir du poisson est une façon de célébrer la richesse des eaux.

  5. Partage des cultures

    Après le repas, tous les participants ont marché ensemble jusqu’à Ward’s Island Beach, où Debbie Denard a animé la cérémonie de l’eau. Tout le monde s’est placé en cercle le long du rivage. Les amateurs de plage plus curieux se sont avancés et ont été invités à se joindre à la cérémonie de purification. Une tresse de foin d’odeur séché et fumant était passée de main en main pour que chaque personne puisse se laisser envelopper par la fumée. « La cérémonie de purification rassemble les gens, dit Mme Laforme. La fumée qui vous enveloppe vous lave de toute négativité pour que vous puissiez continuer la cérémonie avec un esprit clair et un cœur pur. »

    On a distribué les paroles d’un chant traditionnel, que tous ont entonné pour honorer et remercier les eaux. Le chef Laforme a ensuite récité ses poèmes qui soulignent l’importance de l’eau, dont l’un, intitulé « Mother », parle de notre responsabilité commune d’assurer l’intendance de la terre et de l’eau. « Si nous ne changeons rien, a-t-il annoncé, nous allons disparaître. »

    Enfin, les participants ont assisté au clou de la journée, soit la cérémonie de lever du drapeau présidée par l’aîné de la MNCFN Garry Sault. Le drapeau des Mississaugas a été hissé devant le pavillon de la Ward’s Island Association pour symboliser l’appartenance des îles au peuple autochtone en vertu du traité. Après la cérémonie, le chef R. Stacey Laforme a récité d’autres poèmes.

  6. Partage des connaissances

    Les festivités étaient suffisamment structurées pour donner un rythme et un objectif à la journée, mais tout de même décontractées pour laisser les gens discuter et apprendre à se connaître. Certains des membres de la MNCFN ont aperçu de la prêle d’hiver qui poussait le long du sentier, et l’ont cueillie pour la rapporter à New Credit. En voyant cela, certains insulaires leur ont indiqué les endroits où poussent d’autres plantes médicinales dans les îles. Cet échange au sujet des herbes médicinales montre bien comment les groupes ont réussi à trouver des points communs dans leurs connaissances et leurs expériences.

    Caitlin Laforme a trouvé la collaboration très positive, et raconte qu’il arrive parfois que la MNCFN soit invitée à des événements à titre purement symbolique, ce qui n’était pas le cas ici. Elle était heureuse de constater que les Mississaugas pouvaient réellement participer à l’activité et contribuer à son organisation, et de voir les échanges généreux auxquels elle a donné lieu. « Le niveau d’engagement de notre première nation était bien plus important qu’un simple geste symbolique, dit-elle. Ce genre d’implication véritable est essentiel pour tisser des liens durables et unir les deux communautés. »

  7. Un pas vers l’avant

    Le prochain événement prévu est une visite des îles organisée par les Mississaugas et les insulaires plus âgés. La visite présentera divers endroits importants d’un point de vue social et environnemental, et les membres de chaque communauté seront invités à raconter des anecdotes qui illustrent le lien particulier qui unit chacun des groupes aux îles.

    « J’ai bien hâte d’entendre les différentes versions de l’histoire des îles », déclare Mme Laforme. Cet événement utilisera le récit comme moyen de rassembler ces différentes perspectives pour créer un portrait plus complet de l’importance historique et contemporaine des îles. Reconnaître l’existence de ces différentes histoires et expériences dans un cadre accueillant et respectueux est propice aux discussions et aux apprentissages qui permettront aux deux groupes de mieux se comprendre et de solidifier les liens qui les unissent.

    Mme Laforme et M. Smiley se sont dits satisfaits du déroulement de ce premier événement et sont sûrs que les suivants consolideront la relation entre les deux communautés. Caitlin Laforme espère que les prochaines activités attireront encore plus de personnes et que les deux groupes continueront de collaborer au-delà de ce qui est déjà planifié. « Il y a tant de choses que nous pourrions réaliser », conclut-elle.