Faire participer les personnes âgées aux activités du parc

Ressource | avril 16, 2018

Votre organisme communautaire a peut-être comme mandat d’attirer de façon significative les personnes âgées. Ou encore, vous êtes un groupe de parcs espérant amener les personnes âgées à participer à vos activités dans les parcs. Quoi qu’il en soit, vous avez raison de penser que les parcs sont une ressource inexploitée pouvant offrir beaucoup d’avantages […]

Votre organisme communautaire a peut-être comme mandat d’attirer de façon significative les personnes âgées. Ou encore, vous êtes un groupe de parcs espérant amener les personnes âgées à participer à vos activités dans les parcs. Quoi qu’il en soit, vous avez raison de penser que les parcs sont une ressource inexploitée pouvant offrir beaucoup d’avantages aux personnes âgées de votre collectivité.

Selon un récent rapport national, « le principal problème émergent auquel les aînés sont confrontés au Canada réside dans le maintien de leurs contacts sociaux et de leurs activités. » Comment les parcs peuvent-ils aider à réduire l’isolement et à augmenter le capital social des personnes âgées dont le nombre est en constante croissance au Canada, et en même temps, promouvoir leur santé physique et mentale? Même si des recherches ont été effectuées pour déterminer comment améliorer la conception et la planification des parcs pour encourager leur utilisation par les personnes âgées, on en sait peu sur la programmation des activités dans les parcs pour cet important groupe de la population.

Nous nous sommes entretenus avec Iffat Malick, directrice des programmes pour les aînés à Northwood Neighbourhood Services, pour comprendre comment établir au mieux la programmation destinée aux personnes âgées dans les parcs locaux.

  1. Convaincre, petit à petit 

    Au début, les participants peuvent être réticents à se rendre dans un parc du quartier. Iffat nous a appris qu’au départ, les personnes âgées de son programme n’étaient pas enclines à se rendre au parc, principalement parce que cette activité bousculait leur routine à laquelle est associé un sentiment de sécurité. C’est vrai. Une visite au parc comporte plusieurs risques et peut soulever des questions chez les personnes âgées : Et s’il se mettait à pleuvoir? Et si le sentier est trop difficile pour moi et que je ne peux pas suivre le groupe? Et si je dois prendre mes médicaments? Iffat a remarqué qu’elle obtenait de meilleurs résultats en demandant simplement aux participants d’essayer de faire une sortie au parc au lieu de s’attendre à ce qu’ils se rallient à cette nouvelle idée à long terme. Selon son expérience, les gens sont attirés par les activités organisées dans les parcs et se réjouissent à l’idée de participer à d’autres activités en plein air une fois qu’ils mettent le nez dehors et profitent de l’air frais et des plaisirs d’être dans la nature.

    Votre première sortie au parc doit procurer un sentiment de sécurité et susciter l’enthousiasme pour les activités futures. Par exemple, n’allez pas trop loin, ne sortez pas trop longtemps et ne surchargez pas la sortie. Préconisez la simplicité et finissez sur une note joyeuse.

    De plus, Iffat considère qu’il est important d’identifier un meneur dans le groupe, qui est enthousiasmé par les activités dans le parc. Cette personne aura bien plus d’influence sur le reste du groupe. C’est également vrai quand votre groupe de parcs planifie une activité. La présence d’un aîné à votre conseil de bénévoles ou au comité de  planification d’une activité s’avérera bien plus efficace que la distribution de prospectus dans une résidence pour personnes âgées. Recensez les meneurs dans les centres communautaires ou les résidences pour personnes âgées qui peuvent inciter les autres à participer à l’activité et vous atteindrez votre public cible plus efficacement et plus rapidement. Il est improbable que les personnes âgées participent aux activités du parc de leur propre initiative, mais un meneur peut aider à organiser un groupe qui viendra à votre activité et profitera des activités intéressantes que vous avez organisées en pensant à eux.

  2. Les laisser prendre les devants

    Iffat a mentionné que trop souvent, les personnes âgées ont l’impression que leurs contributions ne sont plus importantes ou utiles. Elle suggère de leur demander dans quoi elles excellent et ce qu’elles veulent apprendre pendant leurs sorties au parc. Quand les personnes âgées aident à établir la programmation, elles s’investissent davantage et auront probablement plus envie de participer. Par ailleurs, l’établissement du programme devient un processus qui permet aux participants d’apprendre à se connaître et à bâtir du capital social pouvant aller au-delà du programme même.

    Par exemple, les aînés à Northwood ont manifesté un vif intérêt pour le jardinage sur balcon, parce que la plupart vivent dans des immeubles de grande hauteur sans accès à des arrière-cours ou à des jardins plus grands. Un atelier de plantation en pots a donc été organisé dans le parc. Selon Iffat, « presque tout ce qui se fait à l’intérieur peut être fait dans le parc. » À Northwood, les cours d’anglais, les parties de bingo, les séances d’exercice léger et les activités intergénérationnelles se sont donc tous déroulés dans les espaces verts locaux, à la demande des participants. Aucune de ces activités n’exige de ressources financières supplémentaires, et elles permettent en plus d’aider les personnes âgées à connaître leur collectivité.

  3. S’en tenir à l’essentiel

    Plusieurs facteurs contribuent à donner une expérience positive des parcs aux personnes âgées et tous exigent de la planification.
    1. Aller en reconnaissance : Avant d’emmener les participants en promenade dans le parc ou le long des sentiers, allez en reconnaissance et assurez-vous qu’ils sont sécuritaires, dégagés, en terrain relativement plat et pas trop loin pour être à la portée du groupe. Rappelez-vous qu’il est préférable de commencer par de courtes distances et d’allonger le parcours petit à petit. Prévoyez des endroits où les participants peuvent s’arrêter et se reposer au besoin et où certains peuvent s’asseoir et attendre les autres si le parcours ne convient pas à tous. Veillez aussi à ce que l’endroit où vous vous dirigez comprenne des zones d’ombre, des toilettes et des fontaines ainsi que suffisamment de places pour s’asseoir confortablement.
    2. Remettre une liste : La sortie peut être bien plus agréable pour les participants s’ils ont pris avec eux tout ce dont ils ont besoin. Assurez-vous de remettre une liste des articles à emporter, comme un pull, une bouteille d’eau, un chapeau et des vêtements appropriés pour le temps. L’activité les stressera moins et la liste peut servir à des sorties futures.
    3. Prévoir le transport : L’équipe de Northwood a remarqué que la remise de jetons pour les transports publics ou la location d’un autocar pour les voyages plus longs était un facteur de réussite essentiel. Toutefois, elle a insisté sur l’importance de choisir un parc pas trop loin de la rue pour que les participants n’aient pas à marcher longtemps pour arriver à destination.
  4. Prévoir à manger

    Le rapport Susciter le changement de Park People montre que la nourriture est l’une des façons les plus efficaces de rapprocher les gens dans l’espace public. Tout d’abord, la nourriture est un excellent outil de socialisation. On a tous besoin de manger et prendre un repas ensemble aide à nouer des amitiés et peut contribuer à établir un pont entre les cultures ou les différences sociales. Comme l’a fait valoir l’expert en politique alimentaire Wayne Roberts, les gens sont plus détendus lorsqu’ils sont dans la nature, et par conséquent, ils ont tendance à manger plus lentement, à digérer mieux et à profiter des bienfaits des aliments. Mais surtout, il n’y a rien de plus agréable que de s’asseoir ensemble pour partager un repas en plein air. C’est un plaisir simple dont seuls les parcs et les espaces verts ont le secret.
  5. Être actif 

    À un récent Sommet des parcs, Lisa Deitrich, bénévole de programme Newcomers Explore and Appreciate Toronto (NEAT) de CultureLink a déclaré : « Dès que nous nous investissons physiquement dans l’environnement – voire le façonnons – notre relation avec cet espace change. L’engagement actif nous donne un sentiment de contrôle sur notre environnement, auquel se greffe un sentiment de sécurité, de responsabilité et d’appartenance. » L’équipe de Northwood serait tout à fait d’accord. Elle encourage les participants à s’approprier l’espace physique en plantant des fleurs indigènes ou en distribuant des sacs spéciaux pour recueillir de petits articles chemin faisant afin de favoriser la discussion et le partage. Ces expériences aident les participants à nouer une relation avec le parc et les encouragent à le considérer comme « leur » parc.
  6. Encourager les personnes âgées à considérer que les parcs sont « toujours à leur disposition. » 


    Naturellement, une visite au parc ne doit pas s’inscrire uniquement dans un programme officiel. Toutefois, il est important de se rappeler que les participants ne viennent pas tous de cultures où l’accès libre et gratuit aux espaces publics est la norme. Par ailleurs, certains participants peuvent ne pas se sentir entièrement en sécurité dans les parcs, sans l’aide du personnel. Il est utile de situer l’emplacement des parcs locaux et de trouver des façons de les intégrer dans leur routine quotidienne. Au lieu de marcher le long d’une rue achalandée pour se rendre au centre commercial local, il peut être plus pratique d’emprunter les sentiers publics qui nous exposent à la nature et offrent de plus belles vues. Les personnes âgées peuvent aussi se rencontrer au parc en dehors des activités prévues. Toutefois, elles peuvent avoir besoin d’un petit coup de pouce avant de prendre elles-mêmes cette initiative. Aidez-les en fixant des dates de rencontre au parc en dehors des activités courantes.