Le rôle des parcs dans la lutte contre l’exclusion sociale
Pour les personnes marginalisées qui sont pauvres, et souvent isolées, s’impliquer dans les parcs peut s’avérer une expérience très enrichissante. C’est justement la mission que s’est donnée l’organisme montréalais Paroles d’excluEs. Découvrez comment l’organisme s’y est pris pour réinventer et redynamiser les cours communicantes de 16 bâtiments de hauteur moyenne à Montréal-Nord.
Le rôle des parcs dans la lutte contre l’exclusion sociale
De plus en plus de gens se sentent seuls et abandonnés, même dans les centres urbains où la population est très dense. Comment nos parcs et nos espaces publics peuvent-ils contribuer à réduire l’isolement social des personnes marginalisées? L’organisme montréalais Parole d’excluEs nous ouvre grand ses portes pour nous aider à trouver des pistes de solutions.
Personne n’est à l’abri de l’exclusion sociale. Ce sentiment de solitude et d’abandon est de plus en plus fréquent, même dans les centres urbains très densément peuplés. S’il demeure plus répandu dans les secteurs défavorisés, c’est en raison de l’accès limité à l’éducation, de la pauvreté et des problèmes de santé mentale dont souffrent ses habitants. Ces personnes perdent confiance en elles et n’ont plus d’ambition. Ce sont là les barrières psychologiques qui rendent l’engagement extrêmement difficile.
Dans le cadre de ses efforts pour élaborer une programmation qui répond aux besoins de la collectivité, Parole d’excluEsa réinventé et redynamisé les cours communicantes de 16 bâtiments de hauteur moyenne à Montréal-Nord, et planifie en rénover quatre autres. Voici des exemples de ce que l’organisme fait pour réduire l’isolement social des personnes marginalisées, et quelques leçons en prime.
1. Répondez à leurs besoins pour gagner leur appui
Faire participer des personnes souffrant de pauvreté, de maladie mentale ou d’un décalage culturel à des activités extérieures peut représenter tout un défi, car leurs besoins essentiels sont souvent inassouvis. Parole d’excluEs commence par évaluer les besoins des résidents à divers points de service communautaires dans chacun des quartiers où œuvre l’organisme. Les gens peuvent s’arrêter pour un café, pour cuisiner en groupe ou simplement pour discuter. On dirige les gens vers les organismes de services sociaux qui pourraient leur venir en aide, mais surtout, on crée des projets pour améliorer leurs conditions de vie. L’atmosphère conviviale et détendue des points de service communautaires favorise la confiance et les gens qui les fréquentent passent le mot. Les habitués des événements extérieurs qu’organise Parole d’excluEssont plus susceptibles de participer et de parler avec enthousiasme de l’événement à leurs amis et leurs voisins.
Confiez la programmation aux participants
Après 10 années passées à transformer des espaces bétonnés jonchés de déchets en cours verdoyantes, les gens de Parole d’excluEs comprennent l’importance de faire participer les membres de la communauté à la programmation.Ces personnes vivent à proximité de ces espaces. Il est donc normal qu’ils conviennent à leurs goûts et à leurs besoins. Par exemple, en collaboration avec la communauté nord-africaine, l’organisme a créé durant le ramadan une programmation sans nourriture pour tenir compte du jeûne que plusieurs participants observent.
De quoi votre communauté a-t-elle besoin? Pour Parole d’excluEs, la responsabilisation est importante. Si les gens veulent un verger ou une ruche, ils contribuent au projet. S’ils veulent une garderie, ils en créent une. C’est la même chose pour les jardins communautaires. Lorsqu’on leur a demandé ce qu’ils aimeraient avoir dans leur cour, les enfants ont immédiatement répondu un terrain de soccer. Malgré l’espace limité, Paroles d’excluEsest parvenu à un bon compromis en aménageant dans le jardin un sentier sinueux et parsemé d’obstacles où les enfants peuvent courir librement.
Les gens s’impliquent davantage lorsqu’ils ont leur mot à dire dans les projets qui les concernent.
Célébrez, encore et encore
Lorsqu’un projet organisé par Parole d’excluEset les participants finit par se réaliser, il y a de quoi célébrer. Les activités de plantation d’arbres, par exemple, se terminent souvent par un BBQ ou un pique-nique accompagné de festivités, à la plus grande joie des participants. Pour eux, il s’agit d’un grand accomplissement et d’une belle transformation de leur quartier. Pas étonnant que l’ambiance soit à la fête!
Déléguez, déléguez, déléguez
L’entretien de 16 bâtiments n’est pas une mince responsabilité, évidemment. Parole d’excluEs engage de nombreux résidents qui consacrent 10 heures par semaine à l’entretien de la cour. Cela a pour effet d’alléger la tâche et d’améliorer la santé financière et les aptitudes des personnes concernées. Les tâches spéciales sont normalement confiées à qui veut bien s’en charger. Qu’il y ait rétribution ou non, déléguer des responsabilités aux membres de la communauté est un excellent moyen de les rendre responsables de l’endroit.
Réévaluez
Il est important de réévaluer périodiquement votre programme à mesure qu’il gagne en maturité. La composition du quartier a-t-elle changé? Y a-t-il suffisamment de participants pour passer de la simple plantation d’arbres à l’aménagement et à l’entretien d’un jardin potager? Prenez le recul nécessaire pour évaluer votre projet avec objectivité.
Au fur et à mesure que le sentiment d’appartenance à une communauté grandit, la communauté gagne en autonomie. Par exemple, lorsque les résidents se sont aperçus qu’une femme qui venait d’emménager dans l’un des bâtiments n’avait pas les moyens de meubler son appartement, ils se sont cotisés pour l’aider. Maintenant, lorsqu’ils découvrent qu’un des leurs ne réussit pas à se nourrir convenablement, ils lui apportent des légumes frais du jardin ou des plats cuisinés.
Les espaces publics, comme les cours et les parcs, conviennent parfaitement au travail et au jeu de groupe. Les gens se parlent et tissent des liens qui combattent l’exclusion sociale, une personne à la fois.