Une diffusion inversée pour une portée efficace

Ressource | juin 11, 2018

Comment informer les gens des activités qui ont lieu dans votre parc ou espace vert? Au lieu de parler de « diffusion » ou de « portée » (de l’intérieur vers l’extérieur), notre spécialiste des parcs, Nawal Ateeq, préfère parler de la création d’un « cercle d’initiés ». Voici comment elle chamboule ces concepts.   Les concepts de diffusion ou de […]

Comment informer les gens des activités qui ont lieu dans votre parc ou espace vert? Au lieu de parler de « diffusion » ou de « portée » (de l’intérieur vers l’extérieur), notre spécialiste des parcs, Nawal Ateeq, préfère parler de la création d’un « cercle d’initiés ». Voici comment elle chamboule ces concepts.

 

Les concepts de diffusion ou de portée peuvent être trompeurs. Ils supposent qu’un groupe d’initiés (« nous ») tente de toucher des gens à l’extérieur du groupe (« eux »). Nawal Ateeq, présidente de Flemingdon Community Support Services, estime qu’il est préférable de considérer tous les membres de la collectivité (et même au-delà de celle-ci) comme des « initiés ».

Le groupe de Nawal fait partie de l’ensemble des organismes communautaires qui répondent aux besoins des communautés de nouveaux arrivants de Toronto qui ont élu domicile à Flemingdon Park. Flemingdon est un quartier très diversifié de North York à Toronto, où l’on retrouve plusieurs communautés vivant dans des gratte-ciels. Voici comment Nawal a changé la donne et amené les gens à partager les espaces verts du quartier.

  1. Recadrer le paradigme interne-externe

    Nawal croit que lorsqu’on vit dans un quartier, chaque personneest un initié. Ainsi, le but de votre groupe n’est pas d’augmenter le nombre de participants aux événements de votre parc, mais plutôt celui des personnes qui se considèrent comme des membres de votre équipe. Il n’y aura personne de plus enthousiaste pour distribuer des dépliants qu’un bénévole qui croit profondément dans le but qui sous-tend l’événement. Pour élaborer un objectif commun, on commence par exprimer la motivation qui sous-tend un événement ou une activité. Posez-vous les questions suivantes : « Pourquoi faisons-nous cet événement? Pourquoi cet événement est-il important pour moi et ma collectivité? » Voici ce que Nawal en pense : « Il y a une raison pour laquelle nous organisons des événements bien précis, par exemple nettoyer un parc. Nous nettoyons un parc parce que nous vivons dans un quartier densément peuplé où se trouvent de nombreux gratte-ciel. Le nettoyage n’est pas la tâche d’une seule personne. Nous sommes tous interreliés et devons en faire la démonstration tous ensemble. » Ce contexte bien précis fait rayonner l’événement dans le quartier de Nawal : « Je crois que c’est contagieux. Nous sommes comme une famille; nous sommes très investis. L’événement devient le bébé de tout le monde. »
  2. Analyser la situation sur le terrain

    Dans toute collectivité, de nombreux liens formels et informels se tissent entre les gens. Votre première tâche consiste à dresser la cartographie de toutes les personnes et organisations clés qui font partie de cette toile complexe, puis à déterminer quels sont les besoins précis auxquels répond votre groupe. C’est aussi ce que nous a dit Ana, de Friends of Parkview Forest, dans un autre article sur la diffusion. Il est essentiel d’aller régulièrement aux rencontres, d’aider ses partenaires et de bâtir des liens dans la collectivité. Nawal résume très bien cette idée : « On ne peut pas s’attendre à ce que les gens nous fassent confiance sans nous connaître. » C’est une règle que nous connaissons tous dans notre vie sociale, mais que nous oublions souvent dans nos activités bénévoles ou professionnelles. Comme membre de confiance d’une collectivité, vous pouvez aider les gens à accéder à ce dont ils ont besoin, et les autres feront la même chose. Vous formez alors un « cercle vertueux », qui aidera de nouvelles personnes à trouver votre groupe d’« Amis du parc » et à y adhérer. Selon Nawal : « Il faut avoir un esprit tourné vers la collaboration. Nous travaillons toujours en collaboration. Vous avez besoin de l’aide de nombreuses personnes pour que votre parc soit une réussite. Les autres groupes partenaires ont aussi des besoins. Vous pourrez vous fier à vos partenaires lorsque vous serez devenu vous-même un bon partenaire. »
  3. Créer de la valeur

    Voici le conseil de Nawal : « adopter une approche gagnant-gagnant. » Chaque fois que Nawal fait appel à un groupe, elle tient compte de ses besoins et de ce qu’il souhaite retirer de la collaboration. Comme nous l’avons indiqué dans notre rapport Susciter le changement, dans les collectivités qui reçoivent peu de services, on demande souvent aux gens de donner du temps. En offrant un petit honoraire, un repas chaud ou des services de garderie par exemple, vous contribuez à valoriser le temps consacré aux activités de bénévolat. Il y a de nombreuses autres façons de créer de la valeur pour susciter la participation. Nawal sait que de nombreux jeunes et nouveaux arrivés dans sa collectivité souhaitent tirer une expérience de travail de leur bénévolat pour ensuite trouver un emploi. Elle est toujours prête à aider les bénévoles à rédiger leur curriculum vitæ, à bâtir leurs réseaux, à les relier aux programmes communautaires, et accepte toujours avec empressement de fournir des références pour des occasions d’emploi. Lorsqu’elle travaille avec les bénévoles, Nawal établit un plan de bénévolat qui détaille les attentes et les responsabilités afin que la personne comprenne ce qu’elle doit faire pour connaître du succès et quelles réussites elle peut espérer en retirer. Nawal met au point une proposition de valeur unique pour chaque bénévole avec lequel elle travaille. Par exemple, un de ses bénévoles plus âgé avait l’impression que ses aptitudes n’étaient plus utiles aux autres; il ressentait un vif besoin de contribution. « Chacun a sa propre motivation. Il est essentiel de reconnaître ces différences et de les respecter. » Prenez le temps de réfléchir à la valeur que vous pouvez offrir aux différentes personnes avec lesquelles vous désirez collaborer. Vous n’avez pas besoin de jouer aux devinettes; demandez simplement aux gens ce qu’ils veulent retirer de leur expérience de bénévolat : « Les gens ont différents centres d’intérêt, mais habituellement, chaque personne vous dit ce qu’elle veut retirer de son expérience. »
  4. Chercher activement à créer de nouveaux liens

    Flemingdon Community Support Services cherche à établir des liens avec d’autres collectivités. Nawal donne en exemple le lien qu’elle vient de tisser avec Leaside, un quartier plus fortuné qui jouxte le quartier Flemingdon. Elle s’est aperçue que les activités culinaires et culturelles mettant en vedette le riche héritage culturel des nouveaux arrivants à la bibliothèque locale avaient aidé les résidents de Leaside à se rapprocher de Flemingdon et à contribuer plus activement aux activités du parc. Nawal souligne ceci : « Nous voulons que chaque personne soit représentée. Comme groupe, la multiplication des liens avec des gens de divers horizons nous enrichit. »
  5. Gérer les relations

    Nawal possède une base de données de son réseau, qu’elle tient à jour avec grand soin. Sa liste détaillée de bénévoles et des membres de la collectivité lui rappelle que l’engagement envers le parc n’est pas une activité ponctuelle. Nawal approche plutôt la prise de contact auprès des membres de la collectivité comme un processus soutenu et constant qui se construit au fil du temps.
    Par exemple, une étudiante qui rejoint les rangs de Flemingdon Community Support Services pour obtenir des crédits de bénévolat pour son école secondaire pourrait chercher à bâtir son réseau ou évaluer de nouvelles occasions d’emploi. Nawal s’est engagée à rester pertinente envers les gens avec qui elle crée des liens. En fin de compte, la raison d’être du groupe « Amis du parc »  de quartier est de servir la collectivité. Il s’agit là d’une leçon qui redéfinit véritablement l’idée de « portée ».