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1 mars, 2023 National - Canada
Dans la présentation qu’elle a donnée à la Conférence de 2022 d’Ami·es des parcs, Akiima Price s’est qualifiée de « travailleuse sociale axée sur la nature » en ajoutant juste après qu’elle ne possédait pourtant pas de diplôme dans ce domaine.
Akiima compte toutefois 30 années d’expérience dans la gestion de programmes communautaires dans les parcs destinés à des groupes de population éprouvés économiquement. Pendant sa présentation, Akiima a parlé du groupe « Friends of Anacostia Park » qu’elle a créé lorsqu’elle travaillait comme consultante pour la National Park Foundation* aux États-Unis.
Lors de la Conférence de 2023 d’Ami·es des parcs, Akiima parlera, en tant que conférencière principale, de la manière de concevoir des programmes bénéfiques à la fois pour les parcs et pour les groupes de population méritant l’équité.
Akiima a démarré sa carrière en tant que garde-forestière et guide-interprète au service des parcs nationaux du centre de loisirs du lac Mead* près de Las Vegas. Selon les informations publiées par le service des parcs nationaux*, le poste de guide-interprète consiste à « aider les visiteurs à apprendre à se préoccuper des ressources du parc afin de pouvoir contribuer à la préservation des ressources du parc ».
Durant toute sa carrière, Akiima s’est opposée à ce que les « ressources du parc » soient le seul point de mire de son travail dans les parcs nationaux. Dans son travail auprès des groupes de population éprouvés économiquement, Akiima souligne souvent l’importance de la réciprocité. Dans sa présentation de 2022, elle a dit : « Les résident•es ne sont pas seulement des allié·es du parc, mais le parc est aussi un allié des résident•es. »
La grande majorité des gens vivant près du Parc national d’Anacostia sont Afro-américains et font partie de ceux faisant face aux plus grandes disparités de revenus et inégalités en matière de santé aux États-Unis. L’espérance de vie des personnes vivant près de la rivière Anacostia est inférieure de cinq ans à celle du reste de la population de Washington. Les taux de pauvreté, de diabète et d’obésité y sont aussi nettement plus élevés. De plus, le racisme systémique est profondément ancré dans le paysage d’Anacostia : la rivière Anacostia a été largement polluée par les eaux usées et l’accès des quartiers au parc national a été coupé lors de la construction de l’autoroute.
Dans ce contexte, Akiima se demande alors pourquoi le travail mené dans le parc devrait être centré sur les « ressources du parc ».
« En tant qu’êtres humains, nous devons nous demander si c’est important que ces enfants puissent nommer cinq espèces de serpents lorsqu’ils font régulièrement face à la mort et ne sont pas en sécurité. »
Pour Akiima, il est essentiel de revoir les priorités.
Akiima a incité le service des parcs nationaux à adopter une définition plus large du terme « environnement » afin d’inclure des facteurs ayant un profond impact sur la vie des personnes vivant dans des quartiers éprouvés économiquement. La définition de l’environnement élaborée par Akiima est beaucoup plus inclusive. Selon elle, il s’agit : « des êtres vivants et non vivants qui constituent notre environnement immédiat ». Dans le cadre de cette définition, elle indique que : « Le crack est un problème environnemental », tout comme la criminalité, la consommation de drogues et l’incarcération.
Cette approche des « questions environnementales » a aidé Akiima à élaborer un exercice invitant les participant·es à identifier ce qu’elle appelle « les pouvoirs et les défis » en présence à la fois dans le quartier et dans le parc.
L’objectif de cet exercice est de trouver des solutions qui correspondent aux besoins et aux opportunités que présentent le parc et le quartier. Par exemple, cet exercice pourrait nous inciter à nous poser la question suivante : « Comment les activités de loisirs dans le parc pourraient-elles contribuer à lutter contre l’incarcération des gens? » C’est cette question qui a mené à la création d’un programme dans lequel le National Reentry Network for Returning Citizens* a organisé une séance de patinage nocturne dans le parc, pendant laquelle le public a été invité à créer des cartes sur le thème de la nature pour les envoyer à leurs proches incarcérés.
Comme l’a souligné Akiima, les étoiles ne s’alignent pas toujours, mais quand c’est le cas, quelque chose de magique se produit.
« Beaucoup de groupes environnementaux risquent de dire qu’ils ne sont pas des travailleurs sociaux. » Et si Akiima admet que cela est vrai, elle encourage les organisations avec lesquelles elle travaille à reconnaître les atouts qui existent au sein même du quartier. Le fait que le service des parcs n’ait pas forcément la réponse à ces problèmes ne doit pas l’empêcher d’offrir des programmes utiles aux résident•es. Et d’ajouter : « Elles peuvent très bien s’associer avec des personnes qui font ce travail! »
Comme le souligne Akiima, des partenaires de confiance dans le quartier représentent un lien essentiel entre le grand public et le parc. L’un de ces partenaires potentiels, le Office of Victim Services souhaite inviter les victimes de crimes à des promenades au parc destinées à améliorer leur santé mentale et pouvant offrir un peu de répit aux personnes qui préfèrent éviter les thérapies conventionnelles. Comme avantage secondaire, les promenades au parc contribueraient à favoriser la santé mentale des travailleurs sociaux particulièrement exposés à l’épuisement professionnel. C’est le genre de partenariat créatif qu’Akiima aime créer.
Dans la liste de partenaires figurant ci-dessus, elle les a classés par ordre de priorité, selon qu’il s’agisse de partenaires en attente ou futurs, et a identifié les organisations œuvrant à la fois dans le domaine communautaire et le domaine environnemental.
Faisant partie intégrante des Friends of Anacostia Park, le « Friends Corp » est un groupe composé de résident•es à la fois rémunéré·es et qui acquièrent des compétences transférables en travaillant dans le parc. Les membres du groupe sont encouragés à utiliser leurs atouts dans le travail qu’ils mènent dans le parc, et reçoivent le soutien dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs.
Pour ce faire, Akiima a adopté des mesures visant à promouvoir les membres du groupe au sein du parc et dans le quartier. Les membres figurent sur des cartes semblables à des cartes de baseball mettant en évidence leurs expériences pertinentes pour le parc et le quartier. Ces cartes ont ainsi permis aux membres du Friends Corp de reconnaître les compétences et les atouts qu’ils apportent au parc et ont permis aux résident•es d’établir une relation de confiance avec eux. Comme l’a expliqué Akiima dans sa présentation, Phyllis, une des membres du groupe (en photo ci-dessous), qui a rencontré des problèmes de toxicomanie dans le passé, est présentée sur sa carte comme « militante en matière de réhabilitation de la dépendance ».
Phyllis participe actuellement à l’organisation des réunions pour le groupe Narcotiques anonymes dans le parc d’Anacostia, et cette carte lui permet d’asseoir sa crédibilité auprès des personnes auprès desquelles elle œuvre. Et d’ajouter :
« Elle n’a pas besoin d’avoir un doctorat pour que je la respecte. Je ressens le plus grand respect pour ces personnes parce qu’elles ont cette expertise incroyable qui est extrêmement pertinente dans ces quartiers. »
Grâce au travail mené par Akiima au service des parcs nationaux, l’organisation repense actuellement sa manière de concevoir l’inclusion. En plus de son implication dans le quartier, Akiima souhaite faire en sorte que le service des parcs tienne compte des besoins existants dans les quartiers défavorisés lors de la conception de ses programmes. Résumant bien la passion inspirant son approche, voici une citation qu’Akiima affectionne particulièrement : « La personne qui aime le rêve qu’elle se fait de la communauté plus que la communauté elle-même détruit la communauté. Mais la personne qui aime ceux qui l’entourent façonnera la communauté. »
Pour nous, il ne fait aucun doute de quelle personne Akiima se rapproche le plus.
Nous nous réjouissons de compter Akiima parmi les principaux intervenant·es de la Conférence d’Ami·es des parcs qui aura lieu à Toronto en 2023.
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