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La vie est un pique-nique: Les falaises de Scarborough, Toronto

juillet 20, 2020
Park People

Cette réflexion écrite par Wayne Roberts fait partie de notre série en ligne ‘Un jour au parc’, qui explore comment les parcs nous façonnent. N’hésitez pas à découvrir tous les épisodes de notre série estivale


C’est exactement comme je l’avais imaginée, il y a de ça bientôt 60 ans, quand mon professeur de classe de 5em avait demandé à toute la classe de nommer l’une des 7 merveilles du monde. Après avoir levé la main et sans attendre l’approbation de mon enseignant, j’avais répondu haut et fort “les falaises de Scarborough” (Scarborough bluffs).

Il y a une dizaine d’années, mon épouse Lori et ma bonne amie Harriet ont entamé ce qui est maintenant une tradition annuelle: célébrer la fête du Canada en pique-niquant dans le territoire de mes souvenirs et de mon enfance. Ces falaises sont toujours autant magnifiques, les chemins et escarpements secrets surplombant la plage sont toujours autant envahis par la nature sauvage. Les trèfles et les raisins gardent leurs odeurs habituels, et le bleu clair du lac Ontario nous invite à descendre, peu importe le sumac vénéneux, les éraflures et les cicatrices.

 

En contrebas, je pouvais contempler ce que j’avais fait au nom du progrès pendant ma vingtaine, alors étudiant à l’Université et éboueur l’été. Avec une équipe de quatres éboueurs, nous remplissions notre camion à ordures deux fois par jour, et nous le ramenions dans un des dépôts de la vallée en contrebas, pour qu’elle soit vidée et aplanie pour créer une route et une plage, au nom du progrès, avec un quai, une vraie plage, des chemins de randonnées et des terrains de pique-nique.

En y regardant de plus près depuis la falaise encore sauvage, je pouvais voir les places de stationnement, les pelouses bien entretenues, les toilettes publiques, les abris pour la pluie, les barbecues, des tables de pique-nique à profusion, tout comme des bateaux et leurs hangars le long de la marina. Tout cela ne ressemblait pas “au progrès” que nous avions en tête lorsque nous imaginions un parc magnifique facilement accessible en remplissant notre camion à ordures pour nous rendre à la décharge.

Je suis heureux qu’il y ait encore des espaces sauvages et des lieux où nous pouvons profiter de vues superbes assis dans l’herbe en profitant d’un pique-nique entourés de buissons sauvages et d’un grand ciel bleu. Les fleurs et les bougies qui nous servent de décorations pour ce repas si spécial pourraient tant aussi bien faire parties d’un rituel honorant d’anciens souvenirs d’un temps où nous pique-niquions dehors entourés de senteurs de fleurs sauvages dans la journée, et réchauffés par un feu de camp une fois la nuit tombée.

Après notre pique-nique, nous faisions une promenade digestive à travers le parc Bluffers. L’entrée était gratuite, comme c’est le cas des parcs urbains. L’entrée était aussi gratuite du temps de mon enfance, quand nous payions d’entrée de cette plage indisciplinée en éruptions cutanées de sumac vénéneux et des piqûres de moustiques.

La foule de personnes profitant du parc pour de grands pique-niques ne me rendait pas triste. Voir ces familles profiter de leur Nature faisait de moi un heureux vagabond.

C’est maintenant un lieu de bonheur et de rêves pour des milliers de nouveaux arrivants et leurs familles qui pique-niquent ici chaque fin de semaine l’été. Grâce à l’entrée gratuite, les personnes ayant des revenus limités peuvent profiter du soleil, de l’air pur, d’une plage immense avec vue sur des falaises indisciplinées qui empêchent encore et toujours le développement urbain, et de l’eau tonifiante de l’un des lacs les plus grands de la planète. C’est le parfait endroit pour une sortie en famille alliant de la nourriture, des jeux et une imagination d’enfants.

J’adore voir mon ancien terrain de jeux être utilisé de cette façon. Profiter d’un simple pique-nique entouré de l’eau, des falaises, de la plage et des arbres, c’est ce qui se rapproche le plus du paradis.

Maintenant érigé comme un temple du multiculturalisme, le parc est bien l’une des Merveilles du Monde.

 

 

À propos de Wayne Roberts

Le Dr. Wayne Roberts gère le Toronto Food Policy Council depuis une décennie, gagnant ainsi une réputation de champion des approches ‘solutionary’ qui lient la sécurité alimentaire aux bienfaits sanitaires, économiques, environnementaux et de justice. 

Depuis 2010, Wayne travaille comme conférencier, écvrivain et consultant pour aider les villes à établir des conseils de politiques alimentaires qui promeuvent “des politiques alimentaires centrés sur les personnes”. Il rédige une infolettre hebdomadaire gratuite pour renforcer les compétence de tous les partisans du mouvement ‘Good Food for All’. Il est membre du bureau de Farm to Cafeteria Canada, du bureau international de la branche ontarienne de l’UNESCO se concentrant sur l’alimentation, la biodiversité et le développement durable. Il est aussi rédacteur adjoint du magazine Landscape Architecture.

 


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Cette réflexion écrite par Wayne Roberts fait partie de notre série en ligne ‘Un jour au parc’, qui explore comment les parcs nous façonnent. N’hésitez pas à découvrir tous les épisodes de notre série estivale.