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Communiqué contre les démantèlements de camps d’itinérants

décembre 10, 2020
Park People

À destination de :

  • John Tory, maire de Toronto
  • Ana Bailao, adjointe au maire de Toronto, conseillère municipale du quartier 9 de Davenport, Groupe de travail sur le droit au logement
  • Mary-Anne Bedard, directrice générale du Service des refuges, du soutien et du logement de la Ville de Toronto
  • Janie Romoff, directrice générale du Service des parcs, des forêts et des loisirs de la Ville de Toronto
Objet: Communiqué contre les démantèlements de camps itinérants

Les Amis des parcs est un organisme de bienfaisance canadien qui aide les gens à activer le pouvoir des parcs dans les villes et les quartiers du Canada.

Pendant la pandémie, Toronto et d’autres villes canadiennes ont vu une augmentation significative du nombre d’itinérants visibles ayant trouvé refuge dans les parcs. Bien que le fait de vivre sous une tente dans un parc ne soit pas une alternative durable pour remédier au manque de logements abordables dans de nombreuses villes canadiennes, cette solution répond cependant à la nécessité actuelle pour certains de vivre dans des conditions sûres. C’est pourquoi, nous appelons la Ville de Toronto – et d’autres villes canadiennes – à adopter un moratoire sur les expulsions, exclusions et évacuations forcées des camps.

Comme l’ont déjà souligné le Encampment Support Network [Réseau de soutien aux campements] et d’autres intervenants dans le secteur du logement, il existe des raisons valables expliquant pourquoi certaines personnes préfèrent rester à l’écart des centres d’accueil pour le moment. Ces raisons peuvent notamment être les conditions de promiscuité, des préoccupations sanitaires liées à la COVID-19, l’incapacité d’obtenir le soutien ou les services requis, l’éloignement de leur quartier et de leurs amis, et le manque d’intimité et de sécurité. Par ailleurs, les parcs se trouvant sur les terres des Premières nations, les expulsions forcées des Autochtones itinérants perpétuent encore une fois une histoire coloniale basée sur la violence.

 

Illustration réalisée par Jake Tobin Garrett, jaketobin.ca

 

D’après l’enquête que nous avons menée auprès de 51 municipalités dans le cadre de notre Rapport sur les parcs urbains du Canada publié en juillet 2020, seulement 16 % des villes ont déclaré avoir suspendu les évacuations des camps d’itinérants pendant la pandémie, malgré les recommandations des Centres for Disease Control and Prevention (CDC) déconseillant les expulsions pour des raisons de santé publique. En plus des recommandations des spécialistes, 40 % des 1 600 Canadiens que nous avons interrogés au cours du même mois nous ont dit qu’ils aimeraient voir la municipalité aider davantage les itinérants utilisant les parcs, en leur fournissant notamment un accès à des toilettes et à l’eau.

Dans notre Rapport sur les parcs urbains du Canada de 2020, nous avons interrogé plusieurs experts, dont des élus, des employés municipaux, des employés d’organismes à but non lucratif et même les gens vivant dans des campements, afin de mieux comprendre les répercussions de ces déplacements et proposer des solutions plus inclusives. Nous estimons que les enseignements de ce rapport sont encore plus pertinents en temps de pandémie. Voici quelques exemples dont les municipalités pourraient s’inspirer :

  • Entamer un réel dialogue avec les usagers itinérants des parcs afin de trouver des solutions adaptées (et s’appuyant sur les directives du National Protocol for Encampments in Canada [Protocole national pour les campements au Canada des Nations Unies].
  • Permettre l’accès à des équipements et services essentiels, comme l’eau potable, les toilettes et les installations sanitaires, dans les parcs.
  • Soutenir les programmes visant à rassembler dans les parcs les personnes qui ont un logement et ceux qui n’en ont pas, afin de lutter contre la stigmatisation et de favoriser une compréhension mutuelle.

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Représentant des espaces communs dans une ville, les parcs nous offrent l’occasion d’apprendre à partager l’espace, un apprentissage parfois difficile, en particulier dans un contexte d’inégalités systémiques. Nous sommes conscients qu’il n’est pas donné à tout le monde de saisir toute la complexité de la situation des itinérants installés dans les parcs, qui dépasse souvent le domaine de compétence et d’expertise des employés des parcs municipaux. Nous sommes également conscients qu’il s’agit là d’un sujet délicat. Toutefois, nous espérons que cette situation pourra être gérée avec compassion et empathie, et d’une manière qui préserve la sécurité et les droits des usagers itinérants des parcs pendant cette crise de santé publique sans précédent et après cela.