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À Vancouver, la réconciliation avec les peuples autochtones commence dans les parcs

février 28, 2019
Park People

Rena Soutar, planificatrice de réconciliation pour le conseil des parcs de Vancouver, sera prochainement conférencière invitée à notre conférence nationale qui se tiendra à Montréal en juin 2019.

Pendant 3 000 ans, des peuples autochtones ont vécu sur une péninsule de forêt dense surplombant la mer des Salish, dans le lieu maintenant appelé parc Stanley. C’était le domicile des peuples Tsleil-Waututh, Squamish et Musqueam, et on y trouvait un village appelé Xwayxway, où des potlatchs se sont tenus aussi tard qu’en 1875. Aujourd’hui, le parc le plus emblématique de Vancouver porte peu de traces de son passé autochtone.

Lorsque le terrain a été officiellement désigné « parc Stanley », en 1886, la plupart des Autochtones qui y habitaient ont été évincés sans compensation. De telles évacuations ont eu lieu dans des parcs de toute la ville. Selon le conseil des parcs de Vancouver :

« L’une des actions principales du colonialisme est de retirer des communautés entières de leurs maisons ancestrales. Cela a été fait par le conseil du parc depuis sa création, en commençant par la déclaration que le conseil avait compétence sur le parc Stanley, ainsi que sur les zones de plage autour de la ville. »

Le conseil des parcs de Vancouver tente de corriger les méfaits du passé. L’objectif est la réconciliation. Ce mot a une signification unique pour chacun, mais en fin de compte, cela implique de bâtir une nouvelle relation entre la société canadienne et les peuples autochtones. Selon le conseil des parcs de Vancouver, la réconciliation implique davantage qu’une cérémonie de reconnaissance de ces territoires. Il s’agit d’une occasion d’apprendre la vraie histoire de Vancouver et de reconnaître les traitements injustes infligés aux peuples autochtones.

« C’est la bonne chose à faire, souligne Rena Soutar, planificatrice de la réconciliation au sein du conseil des parcs de Vancouver. Comme le conseil a compétence en matière d’espaces verts, de plages et de centres communautaires, il sert une population diversifiée. Toutefois, nous apprenons que les communautés autochtones ne sont pas bien servies dans le système actuel. »

Le processus de réconciliation a débuté en janvier 2016, lorsque le conseil des parcs de Vancouver a adopté 11 stratégies en réponse aux 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. Les stratégies comprennent l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, la formation du personnel sur les problématiques autochtones et l’établissement d’un programme pour les artistes visant la création d’œuvres inspirées par la réconciliation, notamment une résidence d’artiste au parc Stanley.

 

Chrystal Sparrow working FB

Crédit photo: Ville de Vancouver

« L’artiste musqueam Chrystal Sparrow est la première à pratiquer son art dans le chalet en A de Second Beach. Une fois par semaine, elle accueille les visiteurs, qui peuvent découvrir son expérience et sa culture », souligne Madame Soutar.

Pour faire avancer encore davantage son programme ambitieux de réconciliation, le conseil des parcs a récemment approuvé un « audit colonial », qui mettra en évidence l’histoire coloniale et visera à offrir des excuses formelles aux Premières nations Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh pour les principales actions du colonialisme. Le conseil des parcs a également engagé Madame Soutar pour mener des consultations avec les leaders autochtones pour faire en sorte que l’histoire, les valeurs et les pratiques de mémoire des Autochtones soient reflétées dans ses politiques et programmes, tant dans les parcs existants que dans de nouveaux parcs.

Le parc Northeast False Creek est l’un des premiers parcs créés en collaboration. Le parc fait partie d’un plan global pour une vaste zone de terrains non développés, autour du viaduc Georgia, au centre-ville de Vancouver (le viaduc sera détruit… disons adieu à la seule autoroute au centre-ville de Vancouver). Le personnel travaille en étroite collaboration avec les Premières nations locales et les communautés autochtones urbaines pour veiller à ce que les principes de pratiques culturelles, de défense de l’environnement et de visibilité des trois nations soient reflétés dans la conception du parc.

« Le parc Northeast False Creek est le premier grand parc à être conçu depuis que le conseil des parcs s’est engagé à décoloniser son approche. Cela a permis d’approfondir et d’élargir le dialogue avec les Premières nations locales et d’autres groupes consultatifs d’Autochtones », affirme Madame Soutar.

Tout en traçant une voie de collaboration pour la conception de futurs parcs, le conseil des parcs de Vancouver et les Premières nations locales ont établi une nouvelle collaboration pour le plus ancien parc de la ville, qui représente une histoire sombre pour les deux parties.

En 2014, le conseil des parcs a reçu une lettre des gouvernements Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh, qui ont réaffirmé d’une seule voix leurs droits à Vancouver, particulièrement au parc Stanley.

Les Nations avaient déjà envoyé des lettres séparément par le passé, mais pour la première fois, le conseil a accepté de les rencontrer, puis de collaborer à un plan global à long terme pour le parc Stanley.

 

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« Le conseil des parcs rencontre dorénavant des représentants des gouvernements des trois Premières nations locales chaque mois pour élaborer un plan global pour le parc Stanley, sur une période de 100 ans, relate Madame Soutar. Il faut bâtir une grande confiance, mais en ce qui concerne le parc, nous réalisons que nos valeurs et nos principes sont bien alignés. »

Une des premières tâches du groupe de travail du parc Stanley consiste à renommer Siwash Rock, un rocher magnifique et emblématique du parc, dont le nom actuel comporte une connotation péjorative pour les peuples autochtones. Dans la culture des Premières nations, ce rocher, dont l’âge est estimé à 32 millions d’années, représente un homme transformé en roche pour honorer sa pureté et son dévouement envers ses enfants.

« Pendant plus de 100 ans, le conseil des parcs s’est occupé de la narration et de la présentation de la culture dans les parcs de Vancouver. Cela a longtemps contribué à l’effacement des Premières nations locales, souligne Madame Soutar. Nous sommes maintenant en bonne posture pour corriger ces situations et montrer à quoi peut ressembler un processus de décolonisation dans un cadre de travail de réconciliation, au sein d’une institution publique. »

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Jillian Glover est une professionnelle des communications, spécialisée dans les questions d’urbanisme et de transport. Elle a été auparavant commissaire à la planification urbaine à Vancouver et est titulaire d’une maîtrise en urbanisme de l’Université Simon-Fraser. Elle est née et a grandi à Vancouver, et parle d’enjeux urbains dans son blogue, This City Life.