À la rencontre des amis de parc de Montréal : Coalition des amis du Parc Jarry (CAP Jarry)

Étude de cas | juin 11, 2021

La voix citoyenne d’un grand parc urbain : défendre le caractère vert et public d’un haut lieu du sport.

Le Parc Jarry, en bref

  • Arrondissement : Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension.
  • Emplacement : 7920 boulevard Saint-Laurent, quadrilatère: voie ferrée, boulevard Saint- Laurent, rue Gary-Carter et rue Jarry.
  • Format : Grand parc urbain.
  • Superficie : 439 830 m2 (approx).
  • Équipements : Chalet d'accueil (fermé, Aires de pique-nique, Barbecues au charbon de bois, Toilettes (non accessibles), Abreuvoirs, Gloriettes, Parc à chiens (consultez la foire aux questions), Piscine et pataugeoire, Pétanque, Terrains de sports, Tennis, Volleyball de plage, Planche à roulettes, Sentiers pédestres: 10 km, Sentiers de vélo: 10 km, Service de réparation pour vélos (Atelier Culture Vélo).
  • Points d’intérêt : Étang et fontaine, Spécimens uniques de feuillus matures, Anneau central asphalté de 1 kilomètre pour la course à pied, la marche et le patin à roues alignées, Sculpture : Caesura, de Linda Covit, Plusieurs espèces d'oiseaux, dont le canard. Vue sur le Mont-Royal.
  • Faits historiques : Ce parc est connu depuis des décennies pour sa vocation sportive. Il a jadis été l'hôte de l'équipe de baseball des Expos de Montréal. De nos jours, son stade rénové et agrandi accueille chaque été les Internationaux de tennis du Canada, une compétition professionnelle très courue.
  • Accessibilité : Espaces gratuits de stationnement au coin Jarry et De L'Esplanade, Métro Jarry, Métro de Castelnau. 

Mise en contexte

Michel Lafleur, Danièle Lemay et Joanne Proulx, sont tous les trois des résidents de longue date de l’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension et des usagers quotidiens du parc Jarry. En 2004, un regroupement de citoyenEs se forme sous le nom de la Coalition des amis du parc Jarry (CAP Jarry), devant le constat que le développement du parc est fortement influencé par les demandes de groupes établis et organisés, tels que les associations sportives et Tennis Canada. La vocation sportive du parc Jarry ne date pas d’hier et se constate par son large héritage d’infrastructures dédiés au baseball, soccer ou tennis, qui sont parfois même sous-utilisés. À ce moment, confirme Michel, nous avons senti qu’il fallait agir.

“La représentation de la voix citoyenne pour l’avenir du parc Jarry était absente. Il n’y avait pas d’associations des pique-niqueurs ou flâneurs du parc” Michel Lafleur, président actuel et membre de la CAP Jarry depuis 2004

La CAP Jarry, enregistrée comme organisme à but non lucratif, est opérée uniquement par des bénévoles, surtout des citoyens du quartier.

 

 

La mission est la suivante : “mettre en valeur le parc Jarry en tant qu'espace vert ouvert à tous, consacré aux loisirs, aux sports et à la détente. Nous sommes particulièrement sensibles à l'utilisation libre et ludique du parc: nous croyons que ces activités sont centrales dans le rôle du parc et que ces utilisateurs doivent avoir une voix au niveau des décisions qui concernent le parc Jarry, donc qui les concernent.” Le groupe est souvent mobilisé sur des dossiers dont les enjeux pourraient compromettre l'accessibilité des citoyens à un “parc de nature”, comme le développement d’installations événementielles par exemple.

Un Conseil d’administration composé de quatre membres, dont Michel Lafleur et Danièle Lemay font partie, se rencontre ponctuellement et organise un rendez-vous annuel qui accueille une vingtaine de personnes. Les sources minimales de financement pour les opérations reposent en grande partie sur la générosité de donateurs et de commanditaires. Initialement, une structure de membership (5$/année) avait été établie,

“mais d’une certaine façon, affirme le groupe, ça nous privait de rejoindre certaines personnes, donc nous avons décidé d’abandonner cette option”.

Les communications se font principalement par leur page Facebook Coalition des amis du parc Jarry qui a 954 abonnés, mais également par un bulletin Échos de la CAP Jarry qui sert d’outil pour transmettre des nouvelles et de l’information plus détaillée sur les priorités du groupe.

 

Source : https://www.facebook.com/CAPJarry/photos/a.975970922420678/5764391163578606/

Vision et aspirations

Pour la CAP Jarry, l’équilibre entre les vocations sportives et de détente demeure essentiel, mais l’aspiration première est de conserver et de développer le caractère vert et public du parc.

“C’est sûr que c’est un parc très urbain, mais on travaille aussi à trouver quel rôle joue le parc dans la biodiversité montréalaise.”

Comme en témoignent les trois membres, leurs activités misent sur la mobilisation, la sensibilisation environnementale et l’appropriation des citoyens de Villeray, Parc-Extension et Petite-Patrie au parc. Les corvées printanières ou mini bioblitz sont des rendez-vous incontournables pour eux. Le rêve de voir 500 arbres plantés dans le parc, amène le groupe à réfléchir à d’autres actions plus symboliques pour soutenir et renforcer l’idée des bienfaits réels d’augmenter la canopée dans les années à venir. Plus dernièrement grâce au programme Bourses d’hiver TD Amis des parcs, une initiative qui a eu un succès retentissant La forêt éphémère a rassemblé plus de 250 arbres de Noël recyclés appartenant à des citoyens du quartier et des souhaits écrits à la main pour le parc. Cette activité a été un baume en pleine pandémie et a nourri l’espoir de voir naître l’ajout de végétation de manière permanente.

 

Source: https://www.facebook.com/CAPJarry/photos/a.975970922420678/5231092223575172/

“ Tout le monde était souriant”, se rappelle Mme Fumagalli, la mairesse de l’arrondissement Villeray-St-Michel-Parc-Extension. “Il y avait beaucoup de curiosité, une forme d’entraide, surtout une telle synergie… Le projet a eu d’énormes retombées positives”.

Le groupe intervient également au niveau politique, à travers des actions ciblées, comme la rédaction de mémoires, des interventions au conseil de l’arrondissement et le maintien de relations avec les élus, afin de protéger le paysage naturel et culturel du parc, mais aussi les points de vue, par exemple sur le Mont-Royal et les couchers de soleil. La CAP Jarry a été un intervenant clé dans l’établissement du plan directeur et dans la mise à niveau de l’aire de jeux pour enfants.

“ On a un rôle un peu plus d’une vigie, tout en transmettant ce qu’il se passe dans le parc.”

Besoins et défis

Par rapport au parc :

Dans la mire de la CAP Jarry, se trouve la réflexion autour du nouveau plan directeur qui établit la vision d'aménagement du parc. À la question : Quel parc voulons-nous pour 2030?, le groupe affirme qu’il doit répondre aux besoins prioritaires des citoyens. C’est-à-dire être en contact avec la nature, pouvoir s’y détendre, socialiser et bouger en toute saison. Le plan doit répondre à la crise climatique, à la transition écologique et faire la promotion de la biodiversité.

 

Source: Fanfare 90em anniversaire du Parc Jarry, 2015

Le groupe insiste sur l’augmentation significative de la canopée dans le parc, surtout avec les ravages de l'agrile du frêne des dernières années qui a mené à abattre plusieurs arbres du secteur. Ce verdissement doit aussi s’accompagner d’une meilleure façon de sensibiliser les citoyens aux différents écosystèmes.

“Nous pensons que les gens aimeraient en savoir plus sur la biodiversité du parc, en savoir sur les types d’arbres, savoir pourquoi y a tels groupes d’arbres et à quoi ils servent.”

Par rapport au groupe :

Pour la CAP Jarry un des défis est de continuer de se faire connaître et d’élargir la diversité de citoyens qui aimeraient s’impliquer à plus long terme. Que ce soit en termes de groupe d’âge, de communautés culturelles ou de niveau d’engagement et de compétences (ex.: informatique, communication, réseaux sociaux). Ce désir est aussi porté par une volonté d’assurer une représentativité des besoins de toutes les populations qui utilisent le parc.

“On aimerait ça que plus de communautés minoritaires nous rejoignent c’est sûr parce qu’ils habitent aussi ici et on peut-être d’autres besoins que ceux qu’on identifie jusqu’à maintenant.” Michel Lafleur

La relation avec la sphère municipale est positive, mais le groupe avoue que c’est assez variable d’un élu à l’autre et aussi selon la nature des projets. Le groupe est vu de manière générale comme un agent de solution, mais admet qu’il n’y a pas de reconnaissance officielle de l’arrondissement ou de la ville.

À cet égard, le groupe souligne le grand intérêt de rencontre, comme celle organisée l’été dernier, avec un élu responsable des grands parcs, des élus centraux et des arrondissements et des employés des parcs.

“Pour réduire le fossé entre ce que les élus pensent de nous et ce qu’on fait, ce type de rencontre est essentiel pour améliorer les relations entre la ville et les citoyens.”

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