Les points clés sur le futur de l’urbanisme
Découvrez les 6 points clés de notre webinaire « Passé, présent, futur : qui va écrire le prochain chapitre de l’urbanisme? ». Ce webinaire fait partie de notre série intitulée « Les 7 Questions : Le futur des parcs et des lieux publics ».
Notre webinaire du 5 octobre intitulé «Passé, présent, futur : qui va écrire le prochain chapitre de l’urbanisme?» (vidéo disponible uniquement en anglais) constitue la base des six points clés ci-dessous. Nous espérons qu’ils permettront d’identifier des politiques et pratiques problématiques auxquelles nous devons nous confronter pour offrir une vision meilleure du futur de l’urbanismes.
Ce webinaire fait partie de notre série intitulée « Les 7 Questions : le futur des parcs et des lieux publics ». Les experts du webinaire étaient Tamika L. Butler, directrice + fondatrice de Tamika L. Butler Consulting, Chúk Odenigbo, Responsable supérieur d’allocution de services à l’ancêtre chez Future Ancestors Services, et Guillermo (Gil) Penalosa, fondateur et président de 8 80 Cities. Ce webinaire était présenté par Zahra Ebrahim, la Directrice du Conseil d’administration des Amis des parcs. Ce webinaire est inspiré par l’urbaniste et créatrice de lieux Jay Pitter.
La nostalgie du passé - pour certains.
Les intervenants ont montré les risques de glorifier le passé. Beaucoup de gens ont la nostalgie du passé et aspire à un « retour à plus de simplicité ». Malheureusement, dans les faits, l’accès aux jeux de plein air, aux parcs et aux lieux publics a souvent été réservé aux populations blanches aisées. Malheureusement ces endroits ont aussi été des lieux de tension raciale et de violence envers les personnes Noires, Autochtones et de couleur. Les intervenants ont expliqué qu’il s’agissait actuellement d’un moment propice pour les personnes Noires, Autochtones et de couleur de se faire entendre. Vouloir revenir en arrière revient à défendre une situation qui favorisait les personnes privilégiées qui ont bénéficié du pouvoir jusqu’à aujourd’hui. Cela revient à minimiser, voire à ignorer, une histoire basée sur l'oppression et la discrimination et qui a illustré les parcs et lieux publics pour les personnes Noires, Autochtones et de couleur.
« Les concepts de sécurité, d’inclusion et d’appartenance ont été déterminés exclusivement par ceux qui ont détenu le pouvoir. » – Tamika L. Butler.
À qui appartiennent ces terres?
Au cours de l’histoire, la création des parcs s’est appuyée sur une approche systémique de dépossession et d’oppression à la fois aux États-Unis et au Canada. Dans le passé, les colons blancs ont introduit l’idée de propriété foncière, de parcs fermés et de conservation, et se sont servis de la création des parcs pour exproprier les peuples Autochtones. Les intervenants ont appelé les urbanistes à agir et ont demandé aux usagers des parcs de s’informer et de réfléchir à l’histoire de la propriété foncière et du système des parcs dans leur pays.
« Les parcs ont très souvent été utilisés pour exproprier les peuples Autochtones. »
– Tamika L. Butler.Choisir une approche intersectionnelle
Les intervenants ont déclaré que les professionnels des parcs devaient adopter une approche intersectionnelle dans la conception et les programmes des parcs et lieux publics, ainsi que dans l’expérience qu’en font les usagers. Ils ont encouragé les urbanistes à dépasser les étiquettes (itinérants, Noirs, Autochtones) et à plutôt tenir compte des identités et expériences multiples et complexes de ceux qui travaillent, vivent et se divertissent dans les lieux publics. Pour ce faire, ils pourraient collaborer avec les citoyens en leur donnant la parole, suivre des formations en matière de justice sociale intersectionnelle et adopter une approche intersectionnelle dans leur conception et leurs programmes.
Un lieu de détente, mais pour qui?
Les intervenants ont expliqué que les parcs et lieux publics n’étaient pas des lieux de détente pour tout le monde. Pendant la pandémie, on a vanté les mérites des parcs et lieux publics pour notre santé mentale et physique. Pour les intervenants, cette affirmation est limitée, et ils ont rappelé que, dans l’histoire et même pendant la pandémie, les parcs et lieux publics ont peut-être été des lieux reposants pour les populations blanches aisées, mais que pour les Noirs et les Autochtones, ils ont été des lieux de protestation, de violence et de crime.
« J'ai des collègues Noirs qui me racontent que leurs patrons leur disent souvent : « Prends 10 minutes pour aller te promener". Leurs chefs ne comprennent pas qu'une promenade n'est pas toujours synonyme de pause, surtout en ce moment où l'on ne se sent pas toujours en sécurité, et ce, pour diverses raisons. Ce n'est pas une pause, même s'il y a un parc de l'autre côté de la rue. Ce n'est pas toujours un endroit reposant. Le fait d'entendre à quel point d'autres personnes peuvent avoir accès aussi facilement à des endroits reposants exacerbe notre ressentiment. Les lieux publics ne sont pas sûrs pour tout le monde, et c’est exaspérant d'entendre : "Allez, prends 10 minutes de pause". » Zahra Ebrahim
Il est grand temps d’agir
Les intervenants ont souligné que les disparités d’accès équitable de parcs et de lieux publics de qualité ne feront qu’augmenter si aucune mesure n’est prise. Alors que la population et la densité continuent d’augmenter, les personnes marginalisées continueront de voir diminuer leur accès aux espaces verts (ainsi qu’à leurs bienfaits sur leur santé mentale et physique), ce qui ne fera qu’élargir le fossé existant, avec toutes les conséquences de santé publique que cela implique.
« À Toronto, les quartiers riches ont trois fois plus d’arbres que les quartiers pauvres. C’est un réel problème. J’aimerais que les choses changent, mais ce n’est pas le cas ou, du moins, cela ne change pas assez vite. » – Guillermo (Gil) Penalosa.
Agir (et ne pas avoir peur de prendre des risques)
Les intervenants ont expliqué que, jamais auparavant, nous n’avions autant parlé des problèmes raciaux. Le climat politique actuel a engendré une vague d’activisme appelant à des changements organisationnels mais aussi dans les systèmes de gouvernance. Les intervenants étaient tous d’accord sur un point : l’activisme peut se présenter sous diverses formes et se faire via diverses méthodes. Ce qui compte c’est la volonté d’agir et de changer les choses.
« Si nous voulons vraiment changer le statu quo et que les choses soient différentes, [...] nous devons agir. [...] Mais ceux d’entre nous qui prennent la parole, qui sont authentiques, nous sommes prêts à prendre des risques, des risques qui peuvent compromettre notre emploi, un entretien d’embauche ou nos finances. C’est pour cela que nous avons besoin de personnes prêtes à prendre des risques, à s’exprimer, [...] nous devons nous battre et arrêter de faire des politesses. – Tamika L. Butler.
Ce que Tamika L. Butler a à dire sur le sujet (sous-titres français et anglais disponibles)
« Si vous êtes du genre à vous exprimer dans la rue, faites-le, et si vous êtes du genre à rester silencieux en salle de réunion, faites-le. Mais engagez-vous chaque jour à contribuer à changer les choses, ayez un intérêt personnel dans la lutte ainsi qu’un sentiment d’urgence [...]. Je pense que nous devons tous jouer un rôle, quelle que soit la manière dont nous le faisons. » – Tamika L. Butler.
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Regarder le webinaire en entier (uniquement disponible en anglais)
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