Skip to content

Les grands parcs urbains constituent des espaces essentiels qui permettent aux citadin·es de créer des liens bénéfiques avec la nature et avec les autres. Nous savons déjà que les personnes participant à des activités manuelles axées sur la nature dans les parcs jouissent de solides liens sociaux, d’un sentiment d’appartenance, d’un sentiment d’accomplissement dans leur vie, d’un meilleur état de santé physique et d’une meilleure satisfaction générale vis-à-vis de leur vie. 

Nous avons besoin d’un plus grand nombre de parcs canadiens qui peuvent montrer l’exemple sur la manière de faire profiter de ces effets positifs aux quartiers méritant l’équité.

Dans le cadre du programme Parcs Cœur vital, les Ami·es des parcs ont le plaisir d’accueillir cet été de tout nouveaux partenaires. Le parc Everett Crowley, le corridor écologique Darlington et l’autorité de la vallée Meewasin* viennent ainsi s’ajouter aux parcs fondateurs de High Park*, Mont-Royal et Stanley Park*. Tous ménagent une place de choix à la nature dans les villes et montrent aux résident·es ce qu’il est possible de faire dans les grands parcs urbains.

Répartir les avantages

Les Rapports sur l’intendance environnementale et l’utilisation des parcs dans les Parcs Cœur vital montrent les bienfaits sur la santé physique et mentale des personnes participant à des activités d’intendance environnementale dans les parcs. Voici un résumé des conclusions :

  • 99 % des bénévoles participant à des activités d’intendance déclarent que celles-ci contribuent à leur bonheur et leur satisfaction
  • 97 % déclarent que ces activités contribuent à leur bien-être mental.
  • 90 % déclarent que ces activités contribuent à leur santé physique.  

Malheureusement, l’ensemble de la population ne jouit pas de ces avantages de manière égale:

  • 68 % des usager·es des grands parcs urbains interrogé·es s’identifient comme des femmes cisgenres.
  • 86 % s’identifient comme valides
  • 76 % s’identifient comme des personnes blanches 

Le Rapport sur les parcs urbains du Canada a également révélé que les personnes Autochtones, Noires et de couleur (PANDC) (70 %) interrogées après la pandémie souhaitaient s’investir davantage dans des activités d’intendance environnementale que les personnes blanches (54 %). 

Quels sont les obstacles que rencontrent actuellement les groupes multiculturels pour participer à l’intendance environnementale des parcs? Et qui tente de les surmonter afin de favoriser le bien-être de ces groupes de population?

3 personnes ayant rammassée des plantes envahissantes
Sourc e: Everett Crowley Park Committee

Dans les quartiers méritant l’équité, comme celui de Champlain Heights dans le sud de Vancouver, les groupes citoyens œuvrant dans un parc jouent un rôle crucial pour améliorer la santé et le bien-être des résident·es. Construit sur une ancienne décharge municipale, Champlain Heights possède aujourd’hui le cinquième plus grand parc de Vancouver : le parc Everett Crowley. S’étalant sur 40 hectares, ce parc abrite l’étang d’Avalon et le ruisseau Kinross qui constituent des habitats essentiels pour les oiseaux, les amphibiens, les poissons et d’autres espèces sauvages. Le parc et le réseau de sentiers qui traverse le quartier font partie des 4 % de forêts indigènes qui subsistent dans la ville. Champlain Heights compte des centaines de logements sociaux, coopératives d’habitation, copropriétés et logements pour personnes âgées, bordés par des arbres comptant parmi les plus vieux de la ville. 

À la suite de pressions exercées par les résident·es du quartier, la Ville de Vancouver a inauguré le parc Everett Crowley en 1987. Ces résidents ont alors créé le Everett Crowley Park Committee* (ECPC), un sous-comité de l’association communautaire de Champlain Heights*. Le comité s’est donné pour mission d’encourager les activités d’intendance dans cette forêt urbaine résiliente en organisant auprès du public des événements d’intendance, des activités éducatives en plein air et un festival annuel de la Journée de la Terre. En 2022, 306 bénévoles ont réalisé collectivement près de 1 000 heures de travail pour entretenir le parc, en éliminant environ 80 mètres cubes de plantes envahissantes. Juste à l’est du parc Everett Crowley, un autre groupe d’intendance environnementale travaille d’arrache-pied sur les sentiers qui serpentent à travers le quartier de Champlain Heights. En 2021, les résident·es ont remarqué que les plantes envahissantes proliféraient sur ces sentiers. Ensemble, ils ont formé l’association Free the Fern*. Tout comme l’ECPC, Free the Fern rassemble les résident•es grâce à des activités d’intendance environnementale, comme l’arrachage de plantes envahissantes et la plantation de plantes indigènes. Depuis 2021, leurs 277 bénévoles ont éliminé 50,33 tonnes de plantes envahissantes. Ils ont également planté plus de 1 300 plantes indigènes.

Catalyser un changement social dans les parcs 

“Les parcs ne sont pas seulement des lieux de détente avec de l’herbe et des arbres. Ils jouent aussi un rôle essentiel dans l’infrastructure sociale de nos villes. Selon nous, ils ont le potentiel de créer des lieux plus inclusifs et équitables, modelés par et pour les personnes qui les utilisent.”

Rapport Susciter le changement.

Notre rapport Susciter le changement propose cinq façons de catalyser un changement social dans les parcs, en particulier dans les quartiers mal desservis :

  1. Susciter un changement et un sentiment de responsabilité collective
  2. Renforcer la confiance personnelle et inspirer les leaders locaux
  3. Réduire l’isolement social et favoriser l’engagement civique
  4. Offrir un lieu de rassemblement aux groupes multiculturels 
  5. Soutenir le développement économique local

Nous nous sommes entretenus avec Grace Nombrado, la directrice générale de Free the Fern, pour voir comment ces cinq facteurs se manifestent à Champlain Heights. 

Femme blonde souriant devant un stand d'information
Source: Free the Fern, avec Grace Nombrado

1. Responsabilité collective

S’impliquer dans un parc près de chez soi peut ouvrir de nouveaux horizons et donner l’impulsion pour faire changer les choses et ainsi motiver les autres.

 L’une des stratégies pour créer un sentiment de responsabilité collective repose sur une approche associant la nécessité d’améliorer un parc et des discussions sur la manière de mobiliser continuellement les résident·es. 

Le centre communautaire de Champlain Heights est géré conjointement par la Commission des parcs de Vancouver et la Champlain Heights Community Association (CHCA). La CHCA s’occupe également de l’intendance du parc Everett Crowley. Le centre communautaire sert de plateforme dans le quartier en offrant aux résident·es des activités de loisirs et représente aussi une porte d’entrée pour s’investir dans le parc et l’entretien des sentiers. L’organisation d’événements, la présence de panneaux d’affichage et la possibilité de stocker des outils permettent au centre de connecter les résident·es avec ces ressources tout en les aidant à utiliser leur potentiel pour améliorer le parc, les sentiers et bien d’autres choses encore. 

2. Des bénévoles remarquables  

Acquérir des compétences et une plus grande confiance en soi en travaillant comme bénévole dans un parc peut avoir des retombées extérieures, notamment en développant un plus grand engagement civique. Et le fait de recruter une personne au sein du quartier pour organiser ces activités peut servir de pilier pour ces bénévoles. Ceci permet aussi de renforcer leurs capacités et de veiller à ce que les résident·es demeurent à la tête de ces groupes.

En tant qu’ancienne fondatrice de Free the Fern et actuellement directrice générale, Grace est aussi une bénévole passionnée qui se charge de recruter, superviser et soutenir ses collègues bénévoles. « Nos 9 membres du Conseil d’administration habitent tous dans le quartier Champlain Heights », explique-t-elle.

“La plupart des bénévoles qui participent chaque mois à l’élimination des espèces envahissantes et à nos activités de plantation à l’automne vivent à une courte distance de marche du sentier. Cette année, dans le cadre de notre projet Native Food Forest, nous avons introduit des événements de sensibilisation de manière à informer le grand public et pour les inviter à partager leurs idées. Nous distribuons des prospectus aux habitations proches du sentier et les diffusons dans les groupes de quartier sur Facebook. Par ailleurs, nous avons placé des panneaux sur le sentier avec notre site web pour que les gens puissent en savoir plus sur nos activités et y participer s’ils le souhaitent. Pour nous, il est important que les personnes qui vivent dans le quartier de Champlain Heights participent à l’entretien du réseau de sentiers.” 

Grace Nombrado, Directrice générale de Free the Fern

Un groupe de personnes lors d'une visite guidée dans un parc
Source : Everett Crowley Park Committee

3. Créer des quartiers inclusifs

Bien que les améliorations apportées à l’infrastructure physique d’un parc contribuent à y faire venir davantage de personnes, en réalité, ce sont les activités et les événements qui permettent de créer des liens bénéfiques entre les gens et qui donnent vie au parc. Pour ce faire, les programmes mis en œuvre dans les parcs doivent être inclusifs et représenter la population locale.

« L’inclusivité est un processus continuel qui cherche à comprendre à qui s’adressent ces services et comment répondre aux besoins des gens », dit Grace. « J’ai beaucoup appris sur la manière d’améliorer l’inclusivité en écoutant les bénévoles. » Elle se rappelle de témoignages des résidents ayant directement orienté leurs pratiques d’inclusion, comme l’achat d’outils de jardin extensibles pour les personnes en fauteuil roulant ou d’outils ergonomiques pour celles souffrant d’arthrite, la mise à disposition de collations et de boissons gratuites pour les bénévoles, et la gratuité de tous les événements. D’autres postes budgétaires à l’étude comprennent d’offrir des services de gardiennage d’enfants pendant les événements, ainsi que des coupons de transport prépayés.

“ Tout le monde doit avoir accès à l’éducation à l’environnement, quels que soient ses moyens financiers.” 

Grace Nombrado

4. Offrir un espace de rassemblement aux groupes multiculturels

Dans l’histoire, les parcs ont souvent servi d’espaces de démocratie en favorisant les échanges entre personnes de différents horizons. C’est pourquoi il est essentiel de reconnaître les obstacles existants et de les supprimer afin que les gens puissent travailler ensemble. Une stratégie intéressante pourrait être pour les municipalités de revoir la surveillance des parcs en adoptant une approche centrée sur l’équité afin de supprimer d’éventuels obstacles, tel un manque de clarté dans la gestion des parcs et dans ce qui est permis.

« Lorsque les gens me demandent si le terrain appartient à la Ville, je leur réponds : “Oui, et NOUS faisons partie de la Ville”. » En tant que citoyen·nes, nous devrions considérer les parcs comme des lieux dédiés à nous tous. Des lieux où nous pouvons nous rassembler, prendre soin de la terre et nous reconnecter avec celle-ci. » 

Grace Nombrado

Grace parle aussi de trouver un équilibre entre la peur initiale d’enfreindre les règles de la municipalité et la volonté de faire preuve de transparence. Free the Fern est née du désir des citoyen·nes issus de diverses communautés ethniques de prendre soin de la terre collectivement. La municipalité ne savait pas comment soutenir ce groupe. Fallait-il instaurer des consignes de sécurité? Quel membre du personnel municipal allait superviser le groupe? Lorsque le projet a commencé à s’enliser dans la paperasse, Free the Fern a décidé d’inviter des employés municipaux à venir parcourir le sentier. Découvrant des centaines de fougères, de mahonias à feuilles de houx, de gaylussacia et de sapins Douglas, le personnel de la Ville a été impressionné par l’ampleur du travail accompli de leur propre chef par les résident·es du quartier. La municipalité a alors décidé d’apporter tout son soutien aux activités d’intendance de Free the Fern.

5. Soutenir le développement économique local

Les répercussions économiques des parcs se mesurent souvent en fonction de l’augmentation de la valeur foncière des propriétés adjacentes. Cette conséquence provoque souvent des inquiétudes concernant l’embourgeoisement de ces quartiers. Toutefois, les parcs peuvent aussi offrir de nombreux avantages aux habitant·es du quartier et servir notamment de levier de pression.

« Champlain Heights est un quartier expérimental à revenu mixte construit dans les années 1970 », explique Grace. « Plutôt que de construire des maisons individuelles, la municipalité a choisi de construire des lotissements avec des maisons en rangée composées de logements sociaux, de coopératives d’habitation, de copropriétés et de logements pour personnes âgées… Et le bail des locataires d’un grand nombre de ces coopératives d’habitation arrive à échéance. Beaucoup s’inquiètent et se demandent si la Ville va renouveler les contrats de location ou décider de réaménager le quartier avec éventuellement des tours d’habitation pour densifier le quartier. »

“Le réseau de sentiers de Champlain Heights, qui ne représente plus qu’une simple bande de la forêt de sapins Douglas d’origine, est aussi un terrain à bail et ne bénéficie d’aucune protection face aux promoteurs immobiliers. L’une des meilleures manières pour les citoyen·nes de protéger le sentier de la prospection immobilière est de l’entretenir. En arrachant les herbes envahissantes et en replantant des espèces indigènes, nous montrons que ce réseau de sentiers possède un écosystème sain et divers au lieu d’être perçu comme une zone dangereuse. En créant des liens entre les résident·es et en donnant de notre temps comme bénévoles, nous augmenterons aussi nos chances pour faire pression sur la municipalité lorsque les baux arriveront à échéance dans le quartier. En créant une communauté épanouie et diversifiée, nous avons démontré que le quartier “expérimental” de Champlain Heights a trouvé son équilibre.” 

Des personnes en train d'enlever des plantes envahissantes
Source : Free the Fern

Les activités d’intendance dans les parcs ont le potentiel d’enrichir la vie et d’améliorer la santé de la population. Cependant, pour faire en sorte que les quartiers méritant l’équité, comme celui de Champlain Heights, puissent profiter de ces avantages, nous devons éliminer les obstacles sur leur chemin. Free the Fern et the Everett Crowley Park Committee apporteront ainsi une contribution essentielle au Réseau des Parcs Cœur vital en démontrant ce qu’il est possible de faire dans leur quartier. 

Les Parcs Cœur vital montrent l’exemple. À travers des activités d’intendance environnementale, ils contribuent à améliorer la santé et la qualité de vie des personnes de tous les horizons*, de tous les âges*, parlant différentes langues* et ayant différentes capacités physiques. Lisez les Rapports des Parcs Cœur vital pour découvrir comment ces activités contribuent à améliorer la santé et la qualité de vie des gens. Et suivez les avancées de nos nouveaux partenaires Free the Fern et ECPC qui démontrent comment mieux soutenir les quartiers méritant l’équité.

Les amis de la montagne, Stanley Park Ecology Society* et High Park Nature Centre*, trois des organisations à but non lucratif œuvrant pour les parcs les plus réputées et les plus anciennes du Canada, faisaient partie des 100 délégués présents lors du lancement du Réseau national des Amis des parcs pendant la conférence « Cœur de la ville » à Calgary en 2017.

Au cours de l’expansion des programmes nationaux des Amis des parcs et du lancement de son premier Rapport sur les parcs urbains du Canada, nous avons constaté les énormes retombées qu’avaient ces groupes. Par exemple, si quatre millions de personnes visitent chaque année le parc national de Banff, plus de huit millions visitent le Mont Royal, soit 30 000 fois plus de visiteurs par acre de parc. Combinés, ces trois grands parcs urbains accueillent plus de 17 millions de visiteurs chaque année.

Pendant la pandémie, Ami·es des parcs a commencé à organiser une série de rencontres virtuelles du type « cinq à sept » avec de grandes organisations de parcs urbains afin de déterminer la meilleure manière de les soutenir. Le but était de les aider à trouver les meilleures solutions pour rendre nos villes plus vertes et plus résilientes face aux changements climatiques. Nous avons ainsi appris que ces grands parcs urbains devaient être reconnus pour leur immense contribution face aux changements climatiques et en termes de résilience communautaire et recevoir les financements adéquats.

Pendant la pandémie, le Mont Royal, Stanley Park et High Park ont vu affluer un nombre de visiteurs sans précédent. L’enquête des Amis des parcs a montré que près des trois quarts (70 %) de la population estimait que leur appréciation des parcs et des espaces verts s’était accrue pendant la pandémie. Même si les vaccins permettent d’envisager la fin de la pandémie, ces parcs avec leurs écosystèmes uniques continueront de subir une pression considérable.

Des enfants qui courent et jouent dans un parc
Les amis de la montagne, Camp de jour, Freddy Arciniegas, 2019

Aujourd’hui, Ami·es des parcs a le plaisir de lancer le programme « Parcs Cœur vital », une collaboration nationale inédite visant à revitaliser l’infrastructure verte des plus grands parcs urbains du pays, tout en démontrant leur valeur incomparable pour le bien-être de la population. Le nom « Parcs Cœur vital » illustre leur importance cruciale dans nos villes. 

Un « Parc Cœur vital » est un large espace vert urbain qui contribue à la biodiversité, aux services écosystémiques et qui permet à la population d’en faire de multiples usages. Dans ces parcs, le personnel municipal, les ONG locales et celles œuvrant dans les parcs, ainsi que les responsables communautaires coordonnent les activités axées sur l’éducation et la gestion environnementales, afin d’inciter des personnes d’origines diverses à établir des liens avec la nature et les autres. Les « Parcs Cœur vital » procurent des avantages environnementaux et sociaux inestimables aux villes en les rendant plus vertes et plus résilientes face aux changements climatiques. 

Durant la première année, Ami·es des parcs collaborera avec ces trois groupes en soutenant leurs activités de revitalisation des écosystèmes. À High Park à Toronto, notre programme de financement permettra d’améliorer l’état des zones humides et de restaurer la savane de chênes noirs, un habitat rare dans le monde, en éliminant les espèces envahissantes. Les activités réalisées au Mont-Royal seront également bénéfiques pour les forêts et les zones humides du parc. Grâce aux travaux de plantation et à la gestion environnementale, le marais restauré sera en mesure de mieux absorber les eaux de pluie, ce qui améliorera la qualité des eaux souterraines et l’habitat des diverses espèces. Cela permettra aussi de réduire l’érosion et le ruissellement des eaux de surface qui dégradent la forêt. À Stanley Park, la plantation de 500 arbres et arbustes indigènes et l’élimination de 10 000 mètres carrés d’espèces envahissantes permettront d’améliorer l’état de cette forêt pluviale tempérée côtière, qui constitue un puits de carbone efficace et un habitat faunique dans le centre-ville de Vancouver. 

« Aujourd’hui, nous comprenons le rôle régénérant que joue la nature dans notre sentiment de bien-être. Nous devons approfondir cette notion et envisager plus largement la manière dont la restauration de la nature contribue à rendre nos villes plus résilientes face aux effets des changements climatiques »

Sara Street, Directrice générale du High Park Nature Centre.

En plus de soutenir les travaux de restauration essentiels, le programme servira de pilier pour ces grandes organisations de parcs urbains qui pourront ainsi échanger leurs connaissances et partager leurs pratiques exemplaires. Le programme « Parcs Cœur vital » s’appuiera sur une évaluation d’impact rigoureuse afin de mesurer et d’amplifier les conclusions liées à l’importance des grands parcs urbains pour le bien-être de la population et celui des écosystèmes.

Deux personnes près d'un lac qui font des activités de conservation de l'environnement
Stanley Park Ecology Society

« En travaillant en groupe, nous pouvons multiplier notre impact, intensifier notre travail et devenir de véritables porte-voix, d’une manière qu’aucun de nous ne peut le faire seul »

Dylan Rawlyk, Directeur général de la Stanley Park Ecology Society.

« Le programme Parcs Cœur vital s’appuie sur le fait que nous avons beaucoup de choses à partager avec les autres ONG œuvrant pour un parc dans le pays, et tant à apprendre d’elles. Ami·es des parcs fait prendre conscience de l’importance de ces espaces verts et nous fournit le cadre nécessaire pour revitaliser les écosystèmes. »

Hélène Panaïoti, Directrice générale des amis de la montagne

L’objectif à long terme du programme est de faire en sorte que chaque citadin au Canada ait facilement accès à un Parc Cœur vital qui présente à la fois des avantages écologiques et sociaux.

“Les grands parcs urbains revêtent une grande importance pour les villes. Ami·es des parcs sert de pilier pour renforcer leur travail et pour obtenir davantage de soutien en leur faveur. Il est clair que nous disposons d’importants milieux naturels à la fois précieux et capables de répondre aux effets des changements climatiques et aux objectifs de nos villes. C’est pourquoi, nous nous réjouissons grandement à l’idée de contribuer à cette réalisation.”

Natalie Brown, Directrice des programmes chez Ami·es des parcs

Grâce à son Réseau national, Ami·es des parcs sélectionnera d’autres grands parcs à travers le Canada afin qu’ils puissent eux aussi bénéficier d’investissements et du réseau de l’organisation pour offrir à leur tour un maximum d’avantages écologiques et sociaux. 

Une conversation avec Michelle Dobbie, responsable de la planification des parcs et du patrimoine naturel à la Ville de Richmond Hill.

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2023 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • Le Projet de loi 23 de l’Ontario a modifié la quantité d’espaces verts et l’indemnisation financière que les municipalités reçoivent, ce qui a suscité des inquiétudes sur la capacité des municipalités à tenir leurs objectifs en matière de parcs.
  • Un groupe de travail intercommunal a été créé pour permettre de décrypter cette loi, partager des informations et élaborer des stratégies de plaidoyer.
  • Bien que cette loi soit restée en grande partie inchangée, le groupe de travail a pu contester certains éléments et créer des relations pour le partage de connaissances à long terme.

Pouvez-vous expliquer ce qu’est le Projet de loi 23 et quelle incidence il a sur l’aménagement des parcs en Ontario?

Il s’agit d’une législation provinciale qui modifie la Loi sur l’aménagement du territoire, qui régit la manière dont les espaces verts sont cédés aux municipalités, ainsi que la Loi sur les redevances d’aménagement, qui régit la manière dont les espaces verts et leurs installations liés à la croissance sont financés. Le projet de loi a réduit la quantité d’espaces verts que les municipalités se verront céder, ainsi que le montant du financement destiné à l’aménagement des parcs. Il aura également une incidence sur les critères de sélection des espaces verts à l’avenir, qui seront soumis aux futures réglementations, y compris les terrains grevés et les espaces publics privés. 

Selon vous, quelle est la raison pour laquelle le gouvernement provincial a décidé de faire ces changements?

Je pense que les promoteurs se sont plaints à la Province des différents frais exigés pour la construction de nouveaux logements. Le secteur du logement s’est largement mobilisé en expliquant à quel point ces frais augmentaient le coût de construction des nouveaux logements. Il a aussi montré que certaines municipalités n’utilisaient pas leurs réserves allouées aux espaces verts. Je pense que ces deux éléments, associés à la volonté du gouvernement provincial de se doter rapidement d’un plus grand nombre de logements, sont à l’origine de ces changements.

Une personne marchant sur un pont au milieu de la végétation.
Rivière Humber Ouest, Programme de connexion des vallées fluviales, Greenbelt

Quelles sont les conséquences à court et à long terme de ces changements?

À court terme, de nombreuses municipalités revoient leur plan d’investissement et tentent de déterminer si elles peuvent encore se permettre ce genre de choses. À long terme, je dirais que les projets immobiliers construits après l’adoption du Projet de loi 23 disposeront de moins d’espaces verts que les projets construits avant son adoption, ce qui risque d’engendrer une certaine inégalité au fil du temps. 

Pourquoi était-il important de réunir différentes municipalités pour discuter des implications de ce projet de loi? Quelles étaient vos attentes?

L’objectif était surtout de partager des connaissances et de se soutenir mutuellement afin de décider d’éventuelles stratégies de plaidoyer. Nous voulions savoir si les municipalités souhaitaient mener ces activités elles-mêmes ou par l’intermédiaire d’autres groupes, comme des associations professionnelles dédiées aux parcs. À l’heure actuelle, nous comptons 12 municipalités participantes, représentées par des responsables ou des spécialistes de l’aménagement des parcs. L’interprétation de ces textes pouvant différer d’une personne à l’autre, il était donc important de savoir comment les gens comprenaient ces informations et quelles informations ils avaient obtenues de leurs sources. 

Quelles sont les stratégies auxquelles vous avez eu recours pour faire passer votre message? 

Nous avons surtout utilisé des notes d’information du conseil et des messages de sensibilisation via l’association des municipalités de l’Ontario (Association of Municipalities in Ontario), de l’association des architectes-paysagistes de l’Ontario (Ontario Landscape Association) et de l’institut des planificateurs professionnels de l’Ontario (Ontario Professional Planners Institute), que le gouvernement semblait écouter davantage. Les municipalités ne semblaient pas vouloir mener une campagne publique, probablement en raison des délais très courts. 

Des personnes marchant sur un pont au milieu de la végétation.
Randonnée Headwater, Greenbelt, Ami·es des parcs

Quelles ont été les répercussions de ce travail de plaidoyer? 

Aucun changement n’a été effectué dans les dispositions réduisant les espaces verts que les municipalités se verront céder ni les indemnisations financières qu’elles recevront. Toutefois, nous avons réussi à soustraire les terrains grevés et les espaces publics privés des mains des promoteurs. Une future réglementation doit désormais officialiser le tout, qui, espérons-le, sera assortie de critères, comme la création d’espaces à distance de marche du site concerné. D’autre part, la possibilité selon laquelle les promoteurs pourraient suggérer de céder des terres situées en dehors du site sera également soumise à une future réglementation. Il s’agit là de changements importants.

Nous continuons également à organiser des discussions mensuelles en ligne pour permettre aux membres de ce groupe de travail de poser leurs questions ou d’exposer leur problème. De plus, nous échangeons des courriels avec les autres membres sur des problématiques que nous rencontrons et dont la résolution peut servir aux autres.

Quels conseils donneriez-vous à d’autres agent·es municipaux au Canada amené·es à s’opposer à des changements préconisés par la Province?

Selon moi, avoir plusieurs groupes dotés d’une certaine crédibilité sur un sujet spécifique et communiquant le même message permet de faire progresser un dossier. Il vous reste donc à déterminer les groupes qui partagent la même position que vous et à veiller à communiquer les mêmes messages et les mêmes préoccupations clés. Si vous pouvez identifier les groupes qui reçoivent l’attention du gouvernement provincial, vous avez alors de meilleures chances de faire entendre votre message que si vous faites cavalier seul. Parfois, vous réussirez, parfois non. Toutefois, chaque petite victoire dans les dossiers sur lesquels vous travaillez – comme les endroits où les gens se divertissent – est utile. 

Recommendations

  • Créer des groupes de travail intercommunaux solides peut aider à coordonner les mesures à prendre à des stades précis des activités de plaidoyer. Ceci peut également servir à établir une tribune à long terme pour partager des connaissances et des stratégies sur d’autres problématiques liées aux parcs.
  • Si les délais le permettent, mener une campagne publique peut contribuer à sensibiliser le public sur les changements proposés par la Province en vulgarisant des textes législatifs souvent opaques, en les replaçant dans un contexte réel en montrant leurs conséquences dans la vie des gens, et en encourageant les résident·es et les associations de la société civile à faire part de leurs préoccupations aux personnes qui les représentent. 
  • Établir une coalition de groupes intersectoriels, composée de municipalités et d’organisations professionnelles ainsi que de groupes et d’organisations à but non lucratif partageant le même objectif, peut permettre de se faire entendre plus efficacement par le gouvernement que de militer individuellement, une municipalité à la fois.

Les travaux de naturalisation de l’embouchure de la rivière Don à Toronto

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2023 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • Dans de nombreuses villes au Canada, des réseaux entiers de cours d’eau ont été enterrés ou canalisés dans le cadre de projets d’aménagement urbain considérant la nature comme un élément à dompter.
  • En raison des changements climatiques, des municipalités ont lancé des projets visant à « exhumer » les cours d’eau enfouis afin de rétablir la biodiversité et l’équilibre des bassins hydrographiques, et gérer les inondations.
  • Le projet de naturalisation de l’embouchure de la rivière Don à Toronto est le plus grand projet de ce type au pays. Il fait appel à des techniques qui s’adaptent au débit de l’eau plutôt que de les contrer.

La rivière Don, qui traverse Toronto du nord au sud et se jette dans le lac Ontario, a une histoire longue et complexe. Comme le souligne un article du Globe and Mail*, la rivière a servi pendant longtemps de moyen de transport et de source d’alimentation aux peuples Autochtones. Elle a été une bénédiction pour les apiculteurs, mais a aussi été utilisée comme décharge industrielle et comme égout à ciel ouvert. Elle a été parfumée à l’occasion d’une visite royale, a pris feu à deux reprises, a finalement été partiellement comblée, tandis que ses méandres ont été redressés à la fin du 19e et au début du 20e siècle.

Selon Jennifer Bonnell, professeure à l’Université York et auteure du livre Reclaiming the Don*, la Don a été la « rivière la plus maltraitée* » du Canada.

Toronto n’est pas la seule à avoir maltraité ses cours d’eau. De nombreuses villes canadiennes se sont lancées dans une croisade similaire en enterrant, canalisant ou comblant les ruisseaux, rivières et marais dans le cadre de leurs plans d’urbanisation. On a souvent considéré la nature comme un élément à dompter, plutôt qu’une force qu’il est possible de comprendre et de respecter.

Lorsque nous avons sondé les Villes, 17 % d’entre elles ont déclaré avoir mis en œuvre des projets (programmés ou achevés) visant à « exhumer » les rivières enfouies en les ramenant à la surface, comme le projet de restauration des cours d’eau des parcs Tatlow et Volunteer* de Vancouver. D’autres projets redonnent vie à des cours d’eau disparus grâce à des œuvres d’art publiques, comme pour le ruisseau Garrison à Toronto, illustré par une fresque murale célébrant l’importance de l’eau pour les peuples Autochtones*.

Actuellement, Toronto mène un projet de plusieurs années et d’un budget d’un milliard de dollars visant à corriger les erreurs du passé pour la rivière Don. Dirigé par l’organisation Waterfront Toronto en collaboration avec la municipalité, le projet appelé Don Mouth Naturalization and Port Lands Flood Protection entend recréer des habitats naturels tout en protégeant des inondations les zones adjacentes de la Don.

Une femme tenant une feuille explicative avec une carte sur un chantier de construction.
Projet de renaturalisation du fleuve Don, Waterfront Toronto, 2023. Crédit : Sean Brathwaite, Ami·es des parcs.

Dans le cadre du projet de naturalisation de l’embouchure de la rivière Don, Waterfront Toronto entend travailler avec les forces de la nature plutôt que d’aller à leur encontre. Recréer les méandres de la rivière avant son embouchure doit permettre de ralentir le débit de l’eau. Quant aux nouvelles berges conçues spécifiquement pour résister aux inondations, elles permettront de protéger les nouveaux quartiers construits à proximité. En cas de forte tempête – dont la fréquence augmente en raison des changements climatiques – la rivière Don pourrait voir son volume atteindre « une quantité d’eau équivalente aux deux tiers des chutes du Niagara* ».

Shannon Baker, directrice de projet pour les parcs et le domaine public de Waterfront Toronto, a déclaré lors d’un entretien avec les Ami·es des parcs en 2021 que l’objectif n’était pas de retenir l’eau ni de l’empêcher de monter et de descendre, mais « de l’accepter et de renforcer notre résilience, comme le ferait tout système naturel ». Pour ce faire, l’équipe a soigneusement choisi des espèces végétales « capables de se plier et de fléchir en permettant à l’eau de passer. » Les berges ont été divisées en différentes sections* : forêt des hautes terres en haut des berges, et marais submergé (aquatique) en bas des berges, chacune possédant sa propre palette de plantes.

Chantier de construction avec des tracteurs.
Projet de renaturalisation du fleuve Don, Waterfront Toronto, 2023. Crédit : Sean Brathwaite, Ami·es des parcs.

La tâche est gargantuesque : il s’agit du plus grand projet d’aménagement urbain du pays. Il a fallu déplacer et nettoyer des tonnes de terre, façonner et stabiliser les berges à l’aide de techniques telles que des ancrages en bois et des roches de schiste, et planter des espèces végétales favorisant de nouveaux habitats et un nouvel écosystème pour le cours d’eau. Enfin, des espaces verts seront aménagés sur les berges avec diverses infrastructures, comme de nouveaux sentiers, des plages et des rampes de mise à l’eau pour permettre au public de mieux profiter du lac.

En remettant l’embouchure de la rivière à son état naturel, l’objectif est de faire en sorte que les stigmates de ces travaux d’ingénierie deviennent invisibles pour celles et ceux qui profiteront de ces nouveaux espaces. Malgré l’ampleur énorme de ce projet, ses responsables espèrent que d’autres Villes cherchant à renaturaliser et à faire renaître leurs cours d’eau autrefois enterrés ou canalisés pourront en tirer des enseignements précieux et ainsi repenser leur relation à l’eau en passant d’un rapport de domination à un rapport de respect mutuel.

Recommendations

  • Sensibiliser le public sur les rivières urbaines enterrées et les cours d’eau canalisés via la publication de cartes, en s’associant à des organisations offrant des promenades guidées et en faisant réaliser des œuvres d’art publiques.
  • Étudier les possibilités, dans les projets de parc ou les parcs existants, d’exhumer certaines parties des cours d’eau urbains enterrés afin de répondre aux objectifs de résilience face aux changements climatiques (protection contre les inondations, infiltration de l’eau, augmentation de la biodiversité, par ex.) et de proposer des activités de loisirs (interaction avec l’eau, détente dans la nature, par ex.).
  • Adopter les enseignements issus des travaux utilisant l’eau comme alliée plutôt que comme ennemie dans les projets de parc de moindre ampleur, en créant des infrastructures vertes comme un jardin pluvial, des fossés végétalisés et le pavage perméable à l’eau là où cela est possible.

Le programme des bourses TD Ami·es des parcs est une initiative nationale qui permet de tisser des liens essentiels entre les citadin·es et les parcs. 

Chaque année, nous soutenons plus de 70 groupes citoyens dans 21 zones urbaines à travers le Canada en les aidant à dynamiser leurs parcs locaux grâce à des événements rassembleurs. Des ateliers sur les plantes médicinales autochtones aux randonnées nature, nous aidons les citoyen·nes engagé·es à organiser des événements qui rassemblent autour de thématiques sur la durabilité, l’éducation et l’intendance environnementale.

Besoin d’inspiration pour votre événement dans les parcs ? Découvrez trois initiatives remarquables rendues possibles grâce aux bourses TD Ami·es des parcs en 2024 ! 

Ancrer la communauté francophone de Vancouver dans la nature

Au cœur du quartier Downtown Eastside de Vancouver, La Boussole est un organisme francophone à but non lucratif qui aide les personnes marginalisées ou en situation de précarité à accéder à des services de santé, au logement et à des emplois en français, tout en sensibilisant le public à ces problématiques.

En 2024, grâce à la bourse TD Ami·es des parcs, La Boussole s’est donné pour mission de lever les obstacles qui privent les résident·es du Downtown Eastside d’un accès à la nature en milieu urbain. Entre coût du transport et stigmatisation des personnes sans-abris dans les espaces verts, les barrières sont nombreuses. L’organisme a ainsi mis en place des expériences immersives et ressourçantes, conçues pour favoriser le bien-être mental et social des participant·es.

L’organisme a organisé deux événements marquants. La première activité, une randonnée guidée sur le sentier Pacific Spirit, a permis aux participant·es d’explorer la forêt tout en approfondissant leurs connaissances sur la préservation de l’environnement, les droits des peuples Autochtones et la justice climatique. Lors de la seconde activité, une séance d’éco-art-thérapie au parc Stanley, les participant·es ont laissé libre cours à leur imagination en concevant des œuvres à partir d’éléments naturels, tout en veillant à préserver l’environnement.

« Ces événements sont essentiels pour notre public, car le Downtown Eastside est un milieu très urbanisé, expliquent les animateur·trices de La Boussole. En été, la chaleur accablante isole encore davantage la population de la nature ».

Leur engagement a permis à 28 participant·es de tisser des liens entre elles/eux et avec leur environnement grâce à des expériences ressourçantes en forêt. 

Des personnes créant un collage de nature avec des arbres tombés et des feuilles.
Événement « Éco art-thérapie » au parc Stanley, Vancouver. Crédit : La Boussole.

J’ai beaucoup apprécié cette sortie en forêt. C’était sympa de retourner dans le Pacific Spirit Parc, ça faisait longtemps que je n’y étais pas allé. J’adore les odeurs de forêt, les odeurs de pin et c’était cool de faire la balade avec Aloïs parce qu’il y a plein de choses qu’on a appris que je ne savais pas. D’être avec tout le groupe, chacun a pu partager un peu ses petites anecdotes, les petites informations qu’il avait de son côté donc c’était une super expérience. »

Participant·e à l’événement

Apprendre ensemble grâce à une « école populaire »

LifeSchoolHouse* est un réseau d’écoles communautaires basées sur le troc qui favorise le partage de compétences en Nouvelle-Écosse. Ces « folkschools », véritables écoles de savoirs partagés, transforment des espaces informels en lieux d’apprentissage où les voisin·es endossent le rôle d’enseignant·es et transmettent leurs connaissances dans une atmosphère conviviale. 

L’objectif ? Briser les barrières financières liées à l’éducation et renforcer les liens de voisinage. En 2024, grâce à la bourse TD Ami·es des parcs, l’équipe de LifeSchoolHouse à Spryfield, en Nouvelle-Écosse, a organisé deux événements extérieurs gratuits axés sur l’éducation environnementale, la durabilité et la gestion des espaces verts.

Ces expériences immersives comprenaient des randonnées guidées, et ont réuni 43 participant·es de tous âges, accompagné·es par 16 enseignant·es bénévoles. Plongées au cœur de la nature, les participant·es ont appris à identifier les espèces locales et adopté des pratiques respectueuses de l’environnement.

Au retour de leur randonnée, les groupes ont savouré un repas préparé avec des produits locaux, avant de conclure la journée par une opération de nettoyage du parc, un geste concret pour préserver leur environnement.

« On passe devant ces parcs sans vraiment les voir, alors qu’ils regorgent de trésors insoupçonnés ! »

Participant·e à l’événement

Des enfants écoutant un guide environnemental près d’un lac.
Spryfield Community Lunch, Learn and Care à Halifax. Crédit : LifeSchoolHouse.

« Merci infiniment pour cet événement ! On savait que ce serait sympa, mais c’était bien au-delà de nos attentes. L’accueil chaleureux de chacun a rendu l’expérience encore plus belle, surtout avec l’énergie débordante des enfants ! » Voir mon enfant accueilli avec tant de bienveillance a été très rassurant et nous avons vraiment eu le sentiment de faire partie d’une communauté. »

Participant·e à l’événement

Renouer avec la terre pour avancer vers la Vérité et la Réconciliation

La Kapabamayak Achaak Healing Forest de Winnipeg* est un mémorial vivant dédié aux enfants Autochtones affecté·es par le système des pensionnats. Deuxième forêt de guérison créée au Canada, elle fait partie d’un réseau grandissant de sites liés à l’Initiative nationale forêts de la guérison*. 

Espace de recueillement et d’enseignement, cette forêt en plein air est un lieu où les Aîné·es transmettent leurs savoirs et animent des cérémonies. Depuis sa création en 2017, ses gardien·nes y ont organisé de nombreuses activités éducatives et spirituelles. 

En 2024, grâce à leur bourse TD Amis des parcs, l’équipe a collaboré avec des écoles locales pour réunir enfants et éducateur·trices afin de réfléchir sur la Vérité et la Réconciliation ainsi qu’à l’importance de la conservation de l’environnement. Cette expérience d’apprentissage en pleine nature intégrait les connaissances autochtones, révélant aux enfants les vertus thérapeutiques du lien avec la terre et les plantes ancestrales comme la sauge qui pousse dans la forêt. 

En 2024, ces deux événements ont rassemblé plus de 300 personnes, incluant des étudiant·es, des enseignant·es et d’autres membres de la communauté, autour d’un repas traditionnel composé de bannock et de confiture. 

Un grand groupe d'enfants rassemblés autour d'un feu sacré, portant un t-shirt orange.
Événement « Land, Learn, Heal : Reflecting on Truth and Reconcilation » au parc St. John, Winnipeg. Crédit : Kapabamayak Achaak Healing Forest Winnipeg

« Les écoles avec lesquelles nous travaillons comptent un grand nombre d’enfants Autochtones », expliquent les organisateur·trices de l’événement. « De nombreux enfants ont des parents qui portent encore les blessures du traumatisme intergénérationnel des pensionnats. Ces événements reconnaissent leurs expériences, tout en offrant un chemin vers la guérison, guidé par les savoirs autochtones. »

Inspiré·e par ces initiatives ? 

Visitez notre page des bourses TD Ami·es des parcs pour en savoir plus sur les critères d’admissibilité et déposer votre candidature. 

La cogestion du Corridor écologique Darlington à Montréal

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2023 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • Le Corridor écologique Darlington a été créé sur une ancienne voie ferrée afin d’établir un lien vital entre espaces urbains et espaces naturels, en donnant la priorité à la restauration écologique et au bien-être des habitant·es.
  • Cette initiative repose sur une structure de cogestion innovante, répartissant les responsabilités entre divers partenaires via des accords de gestion.
  • Initialement destiné à offrir des solutions écologiques, ce projet a vu son champ d’action s’élargir afin de répondre à des problématiques sociales pressantes en établissant des partenariats fructueux fondés sur un modèle de gouvernance partagée efficace.

Alors que de nombreuses Villes s’efforcent d’implanter de « nouveaux » parcs dans des zones urbaines denses, une initiative montréalaise met en évidence le potentiel du partenariat pour tirer parti de ce qui existe déjà.

Situé dans l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce à Montréal, le Corridor écologique Darlington a vu le jour grâce à Alexandre Beaudoin, conseiller en biodiversité à l’Université de Montréal. L’objectif du projet était de créer un bras de verdure entre le Mont-Royal et l’environnement urbain, en fournissant de nouvelles voies de passage pour la faune et les habitant·es de la ville.

En reliant ensemble une mosaïque d’espaces situés le long d’une ancienne voie ferrée, le projet permet de créer un couloir vert cohérent à partir de terrains fragmentés par des propriétés privées, tout en se basant sur la collaboration.

Carte du Corridor écologique Darlington
Carte du corridor, Corridor écologique de Darlington

Le Corridor écologique Darlington utilise un modèle de cogestion innovant impliquant diverses parties prenantes. En réunissant des établissements universitaires, des organisations de la société civile, des organismes sans but lucratif, des expert·es et des habitant·es du quartier, le projet répond à plusieurs priorités au sein d’un même projet qui profitera à la population et à la nature.

Le concept de cogestion repose sur la collaboration avec un réseau de partenaires dont les rôles et les responsabilités ont été définis dans le cadre d’accords de gestion. Selon ce modèle, Éco-pivot joue le rôle de fiduciaire et fournit un soutien administratif et une supervision. L’Université de Montréal apporte son savoir académique, avec actuellement 19 étudiant·es de maîtrise se consacrant au projet et façonnant son évolution. L’arrondissement joue un rôle central en mettant à disposition une personne dédiée pour que le projet s’inscrive dans le cadre institutionnel de l’arrondissement. Cet engagement tangible de la municipalité légitime l’importance du projet auprès des habitant·es et veille à ce qu’il réponde à des objectifs plus larges.

Plusieurs personnes assises et discutant avec une carte du Corridor écologique Darlington sur la table
Atelier de co-gestion, Corridor écologique de Darlington, Ami·es des parcs, Vincent Fréchette, Montréal, 2022

Le modèle de gouvernance du Corridor écologique Darlington se distingue par sa capacité d’adaptation. Au fil du temps, grâce à la participation de la population et des partenaires, le projet a élargi sa mission et assumé un rôle plus important pour répondre aux défis sociaux du quartier. Le partenariat avec Multi-Caf, une organisation locale axée sur la lutte contre l’insécurité alimentaire dans le quartier, illustre cette évolution. L’organisation a créé un potager aménagé en partenariat avec le YMCA afin d’initier les jeunes à l’agriculture urbaine et au jardinage. Cette collaboration met en évidence la manière dont le corridor est passé d’une initiative axée sur des enjeux écologiques à un projet polyvalent répondant aux problématiques sociales urgentes des habitant·es.

Le Corridor écologique de Darlington a inspiré la création d’autres corridors écologiques dans d’autres quartiers de la ville, conduisant à une initiative similaire dans l’arrondissement du Sud-Ouest. À la suite du tout premier budget participatif de l’arrondissement, l’un des projets retenus a été un corridor écologique reliant l’arrondissement du Sud-Ouest à celui de Lasalle.

Le succès du modèle de Darlington montre la corrélation qui existe entre la mise en relation de divers partenaires et la connexion des espaces verts, offrant ainsi aux Villes une nouvelle voie pour créer des parcs sans dépendre uniquement d’une stratégie d’acquisition de terrains.

Recommendations

  • Explorer des structures de cogestion à titre de nouvelle stratégie pour créer des réseaux d’espaces publics cohérents dans les zones où des espaces en plein air adjacents sont détenus/gérés par divers propriétaires fonciers.
  • Inviter les organisations locales à participer à la prise de décision en tant que partenaires clés afin que le projet soit bien accepté au niveau local et réponde aux besoins des habitant·es, même si cela requiert de changer la portée du projet.
  • Maximiser l’effet environnemental et social des corridors écologiques, non seulement en concevant des projets favorisant la biodiversité, mais aussi en créant des possibilités pour la population d’y participer tout en répondant aux besoins sociaux des habitant·es.

Pour en savoir plus sur ce sujet :

Les solutions de la ville de North Vancouver pour combler l’écart en matière d’inclusion dans les programmes de gestion des parcs

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2023 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • La ville de North Vancouver œuvre à une participation accrue des groupes méritant l’équité dans son programme historique de Park Stewards, en incluant les personnes mal logées, les nouveaux arrivants et les jeunes à risque.
  • Les stratégies de sensibilisation comprennent l’établissement de partenariats avec des organisations communautaires locales, l’organisation d’événements de gestion adaptés à des groupes spécifiques et la réalisation d’entretiens de départ avec les participant·es moyennant des honoraires.
  • Les mesures prises pour surmonter les obstacles comprennent la distribution gratuite de billets de bus pour les événements d’intendance, l’organisation de déplacements du personnel avec les participant-es aux événements et la visite régulière d’organisations partenaires pour les sensibiliser.

Lors d’un récent sondage menée par les Ami·es des parcs auprès de participant·es à des programmes d’intendance dans de grands parcs urbains, 97 % des personnes interrogées ont déclaré que l’intendance contribuait à leur bien-être mental et 90 % à leur santé physique. Cependant, notre sondage a également laissé entrevoir d’importantes lacunes dans l’accès à ces avantages, les participant·es s’identifiant de manière disproportionnée comme des femmes cisgenres, des personnes valides et des personnes de race blanche.

Programme d’intendance des parcs, Stanley Park, Vancouver, Stanley Park Ecology Society

À North Vancouver, la ville a constaté des lacunes similaires dans son programme City Park Stewards*, une initiative municipale mise en place en 2001 qui propose des activités mensuelles de bénévolat, au cours desquels les habitant•es peuvent participer, telles que l’arrachage de plantes envahissantes, la plantation d’espèces indigènes et des ateliers éducatifs. Pour aider à attirerles groupes sous-représentés, la municipalité a sollicité une subvention de 5 000 $ à BC Healthy Communities, destinée à à soutenir les avantages préventifs pour la santé de ces communautés.

« Nous avons fait une demande en partant de l’idée que nous pourrions renforcer la cohésion communautaire et le sentiment d’appartenance grâce au programme de gestion des parcs en favorisant l’inclusivité et la diversité. »

Anu Garcha, Assistante de planification à la Ville de North Vancouver.

Lorsque la subvention a été accordée, la municipalité a lancé des initiatives de sensibilisation auprès d’organisations desservant des populations diversifiées, notamment des citoyen·es mal logées, des nouvelles arrivantes et nouveaux arrivants ainsi que des jeunes à risque, et au travers d’autres programmes municipaux, tels que les cours d’anglais à la bibliothèque publique.

« Établir ces relations est nécessaire, car cela nous permet de tisser des liens avec différentes personnes au sein de ces communautés. »

Anu Garcha

Afin de surmonter ces obstacles, la Ville privilégie une approche mettant l’accent sur une facilité de participation et la collecte continue de commentaires pour favoriser les améliorations constantes.

Le processus implique que le personnel municipal se rende dans chaque organisation pour présenter le programme à leurs membres et les avantages d’y participer. La Ville met ensuite en place un événement de gestion sur mesure, conçu spécifiquement pour les membres de cette organisation. Cette première immersion dans le programme sert de brise-glace, encourageant les participant·es à se sentir à l’aise pour s’inscrire à des événements futurs ouverts au grand public.

Une femme qui enlève des plantes envahissantes
Programme d’intendance des parcs, Lost Lagoon in Stanley Park, Vancouver

À la fin des événements, le personnel de la municipalité invite les participant·es à partager leurs impressions lors d’un entretien de départ volontaire.L’entretien aborde des questions sur le ressenti des participant·es en matière d’accueil et d’inclusion, l’effet des événements sur leur sentiment de connexion avec autrui et avec l’environnement ainsi que leurs suggestions pour améliorer la situation. Il convient de souligner que les personnes qui participent à ces entretiens reçoivent des honoraires en guise de reconnaissance pour leur temps et leurs idées.

Les participant·es ont fait part de multiples bénéfices découlant du programme, comme la découverte de nouveaux espaces verts, l’approfondissement de leur compréhension de l’écologie locale et la création de nouvelles amitiés.

Le personnel municipal s’inspire de ces entretiens pour continuer à maximiser ces avantages, a déclaré Angela Negenman, coordonnatrice environnementale à la Ville de North Vancouver.

« Pour les personnes itinérantes, peut-être que cela pourrait leur permettre de décrocher un emploi dans le domaine de l’aménagement paysager? En découvrant ces informations grâce à cette méthode, nous pourrions perfectionner le programme. »

Angela Negenman, Coordonnatrice environnementale à la Ville de North Vancouver

Les discussions ont également mis en lumière des obstacles significatifs. Par exemple, le personnel municipal a découvert que se rendre aux événements peut être un défi, non seulement en termes d’accès aux transports, mais aussi à l’idée de s’aventurer dans de nouvelles zones de la ville. En réponse, la municipalité a mis à la disposition des participant·es des billets de bus gratuits. Dans la mesure du possible, un membre de l’équipe de l’organisation partenaire les accompagne jusqu’au parc.

« Je n’aurais jamais songé [à ces obstacles] s’ils ne nous avaient pas été signalés. C’est vraiment révélateur. »

Angela Negenman

Une autre leçon que nous avons tirée est que la sensibilisation est plus efficace « dans le monde réel », c’est-à-dire grâce à des affiches et des visites en personne et cela doit être fait de manière constante, étant donné que de nombreuses organisations connaissent des changements constants. À titre d’exemple, les personnes venant d’un refuge local ne restent souvent que pour de courtes durées.

Les avantages du programme d’intendance ne sont pas réservés qu’aux participant·es. Pour la Ville, le programme revêt une importance cruciale en matière d’éducation du public, de développement de pratiques de préservation durables et de restauration des zones naturelles dégradées.

Un autre avantage inattendu est l’amélioration du moral au sein du personnel des parcs. Angela a noté que pour le personnel des opérations impliqué dans le programme, s’engager directement avec la communauté et assister à l’éducation publique en pleine action « leur donne une perspective différente sur le travail ».

Ce sont des bénéfices qu’Angela comprend de manière intime : « c’est vraiment inspirant et cela m’épanouit. »

Recommendations

  • Établir un point d’accès convivial pour les personnes novices en matière de préservation en organisant un premier événement personnalisé en partenariat avec une organisation locale au service de la communauté que vous souhaitez attirer.
  • Mener des sondages auprès des participant·es à l’intendance provenant de communautés méritant l’équité afin de nouer des relations et de mieux comprendre les obstacles potentiels, tout en s’assurant d’offrir des honoraires.
  • S’engager à effectuer des visites de sensibilisation en personne auprès des organisations communautaires partenaires, en reconnaissant qu’il y a beaucoup de changement au sein de ces organisations.

Harmoniser la nature avec les loisirs : la stratégie Eco Park de Brampton

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2023 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • Les projets de naturalisation offrent d’importants avantages sociaux et environnementaux. Ils peuvent également susciter des préoccupations pour les communautés en raison de la possible réduction de l’espace pour d’autres activités au sein des parcs ainsi que des inquiétudes quant à l’aspect visuel de ces espaces.
  • La Ville de Brampton mise sur une stratégie urbaine ainsi que sur un système de notation pour repérer des emplacements appropriés dans les parcs pour les projets de naturalisation, en collaboration avec les intendant·es de la communauté pour favoriser des décisions éclairées.
  • Afin de relever les défis inhérents aux projets de naturalisation, il faut mettre l’accent sur l’adhésion précoce du personnel interne, la participation des citoyen·es dans le choix des emplacements, la mise en place de programmes de protection de l’environnement et la communication à l’aide d’une signalisation claire.

De plus en plus de Villes du Canada accordent la priorité à la naturalisation des parcs existants. Transformer des espaces bien entretenus dans les parcs en prairies naturelles offre de nombreux avantages, dont l’augmentation de la résilience climatique, de la biodiversité et de la connexion avec la nature pour les citadin·es.

Champ avec des plantes indigènes en croissance et une pancarte de restauration.
Zone de restauration de prairie, The Meadoway, Toronto

Cependant, ces projets se sont également révélés controversés. Par exemple, le projet pilote « sans tonte [no-mow] »* de Vancouver, qui a permis la naturalisation de certaines sections de parcs, a suscité l’opposition de quelques citadin·es qui considéraient ces espaces comme négligés, un défi auquel de nombreuses autres villes du Canada ont également été confrontées.

Karley Cianchino se passionne pour la naturalisation des parcs. En tant que spécialiste des projets environnementaux pour la Ville de Brampton, Karley a pour mission de concevoir des parcs en étroite collaboration avec les communautés, en mettant l’accent sur la nature.

La Ville de Brampton accorde la priorité aux projets de naturalisation grâce à sa stratégie Eco Park*, unique en son genre. Il s’agit d’une stratégie à l’échelle de la Ville qui intègre des principes visant à préserver et à valoriser à la fois le patrimoine naturel et culturel. La stratégie intègre un outil pratique pour comprendre comment planifier des espaces, en les situant sur une échelle allant des systèmes hautement naturalisés aux systèmes sociaux très performants, tout en reconnaissant que la plupart des espaces se situent quelque part entre les deux.

Schéma du système naturalisé et social pour la Stratégie Éco-Parc de Brampton

La Ville utilise également un système de notation qui classe les parcs en fonction de leurs attributs sociaux, culturels et environnementaux. Cette méthode permet ensuite à la Ville de déterminer quelles améliorations sont nécessaires et où.

« Si un parc obtient un faible score environnemental, nous chercherons des opportunités pour faire avancer les travaux de restauration »

Karley Cianchino, Spécialiste des projets environnementaux pour la Ville de Brampton

Même si elles sont excellentes, les stratégies ont tendance à ne pas être mises en application, recueillant la poussière sur une étagère. Pour éviter que cela ne se produise, Karley a révélé qu’elle était fortement impliquée dans la coordination de son équipe interne, notamment lors des réunions Eco Park bimestrielles, ainsi que lors de « conversations informelles » avec ses collègues au sujet de nouveaux projets et de la façon de mettre en œuvre les objectifs Eco Park. Par exemple, si un parc fait l’objet de rénovations, cela pourrait être l’occasion d’entreprendre des travaux de naturalisation en même temps. Cette stratégie vise à minimiser la mobilisation citoyenne redondante et l’allocation de ressources, tout en favorisant la synergie entre les projets.

Néanmoins, tous ces projets ne se déroulent pas sans encombre. Récemment, la Ville a rendu une grande section du Dearbourne Park plus naturelle, un parc très fréquenté du quartier. Cela constitue une première pour la Ville dans le cadre de son programme de naturalisation. La réaction n’a pas été positive, affirme Karley, les gens faisant remarquer qu’ils avaient perdu de l’espace au sein du parc qu’ils utilisaient auparavant pour d’autres activités.

Des personnes se rassemblant dans un parc près d'une pancarte indiquant « Habitat pour pollinisateurs ».
Consultation citoyenne, habitat des pollinisateurs du parc Dearbourne, ville de Brampton, 2023

La municipalité a organisé une réunion communautaire avec les citadin·es qui ont choisi un espace plus petit de 10 000 pieds carrés dans le parc pour en faire un habitat adapté pour les pollinisateurs et qui serait géré par le groupe communautaire créé par Karley, avec le soutien continu de la Ville. Karley a partagé ses projets pour l’avenir, dont son souhait de mettre en place un système de codes QR dans les endroits identifiés pour une éventuelle naturalisation, incitant les citadin·es à informer la Ville de leur utilisation actuelle de l’espace.

Soutenir les intendant·es communautaires sera un élément clé du succès continu du projet. Avec l’aide de bénévoles, Karley a supervisé le premier « bioblitz » du groupe, au cours de laquelle les citadin·es ont évalué le nombre de pollinisateurs avant la plantation d’espèces indigènes cet automne. Karley collabore également avec le groupe pour discuter des actions que les gens peuvent entreprendre dans leur propre jardin pour soutenir les efforts de naturalisation. Au cœur de la stratégie Eco Park se trouve une série d’habitats interconnectés et de corridors verts,

« Et ce n’est pas quelque chose que l’on peut réaliser uniquement avec des terrains publics. Il est essentiel que nous informions les propriétaires fonciers et les aidions à renforcer leurs compétences afin de naturaliser leurs espaces d’une manière qui leur convienne »

Karley Cianchino, Spécialiste des projets environnementaux pour la Ville de Brampton

Recommendations

  • Assurer une consultation à la fois du personnel interne et des citadin·es concernant les sites des projets de naturalisation afin de réduire au minimum les défis liés aux problèmes opérationnels et rallier la communauté.
  • Fournir aux conseiller·ère·s locaux·cales une formation sur les avantages de la naturalisation ainsi que sur les préoccupations courantes afin qu’iels puissent s’adresser aux citadin·es en toute confiance et répondre à leurs questions.
  • Créer des synergies entre les projets de naturalisation et les occasions d’engagement citoyen pour amener plus de citadin·es à participer au projet à plus long terme et favoriser un sentiment de responsabilité partagée concernant les nouveaux espaces.

Lectures complémentaires :

Les parcs sont des lieux pleins de vie qui nous relient à la nature, à l’écologie et au développement durable, et ce, au cœur même des centres urbains du Canada. 

Les parcs représentent aussi des écosystèmes délicats. Quand nous les visitons, il nous appartient de protéger les plantes et les animaux sauvages qu’ils abritent, mais aussi de n’y laisser aucune trace, notamment des déchets.

Ce guide a pour objectif de vous aider à organiser un événement zéro déchet pour laisser votre parc dans le même état que vous l’avez trouvé.

Tenez compte des besoins de votre public

La capacité à réduire les déchets générés pendant un événement dans un parc dépend grandement des possibilités et des défis existants dans chaque endroit. Par exemple, certains parcs ne disposent que de peu de poubelles et de mesures pour favoriser le recyclage. Dans certains quartiers, les gens peuvent être plus à l’aise d’utiliser des produits avec des emballages à usage unique lorsqu’ils participent à des événements publics. 

Avant de commencer à planifier votre événement, posez-vous ces questions :

  • Quelle est la quantité de déchets dans mon parc actuellement? Trouve-t-on souvent des déchets dans le parc? Si oui, quelle pourrait en être la raison?
  • Y a-t-il des bacs de recyclage adéquats à la disposition des gens? Sont-ils identifiés adéquatement et de manière visible?
  • Ai-je déjà vu des panneaux concernant des activités zéro déchet? Les personnes qui fréquentent le parc ont-elles l’habitude de voir ce genre d’événements dans le quartier ou devrais-je leur expliquer de quoi il s’agit?
  • Y a-t-il des organisations qui sensibilisent le public au recyclage, à l’activisme environnemental ou au ramassage des déchets dans les parcs à qui je pourrais demander conseil?

Après avoir déterminé les renseignements ou ressources dont votre public pourrait avoir besoin pour contribuer à votre événement zéro déchet, vous pouvez passer à la phase de planification !

Planifiez votre événement zéro déchet


La planification de votre événement zéro déchet dépendra des besoins de votre public. Toutefois, les points suivants vous donneront une bonne base pour commencer.

Choisir le lieu de l’événement

  • En vue de limiter les déplacements en voiture, songez à choisir un parc disposant d’un accès en transports en commun et d’un stationnement à vélos.
  • Rendez-vous dans votre parc au préalable et repérez le nombre de poubelles et de fontaines à eau existantes. Si votre parc n’en dispose pas, songez à amener des bacs dédiés au compostage et au recyclage que vous aurez clairement identifiés. Pensez aussi à installer une borne pour remplir les bouteilles d’eau, si possible.

Communiquer avec le public

  • Communiquez clairement vos objectifs d’écoresponsabilité au public visé, aux prestataires de services et aux bénévoles. Expliquez ce que veut dire « zéro déchet » pour votre événement et faites en sorte que les gens puissent facilement suivre vos instructions. Par exemple, si vous demandez aux gens de n’apporter que des articles réutilisables, énumérez-les ! (gourde, tasse, assiette, couverts, serviette en tissu, etc.)
  • Envisagez d’offrir une petite récompense, comme un rabais ou un billet pour un tirage au sort, aux personnes qui amènent des articles réutilisables ou adoptent d’autres gestes écoresponsables.
  • Au lieu d’imprimer des prospectus, diffusez votre événement sur les réseaux sociaux, par courriel ou sur un site Web.

Choisir la décoration

  • Évitez d’acheter des ballons, des paillettes et d’autres articles à usage unique pour la décoration de votre événement. Privilégiez à la place des articles réutilisables, recyclables ou en matière naturelle, comme des guirlandes de fanions en tissu, des plantes en pot ou des tableaux noirs pour vos panneaux. 
  • Évitez les petits cadeaux non recyclables ou à usage unique. Envisagez à la place d’offrir des semis ou d’autres petits cadeaux écoresponsables et tout aussi réjouissants ! 
  • Si vous envisagez de servir de la nourriture, songez à louer ou emprunter de la vaisselle réutilisable, à demander à votre public d’apporter sa propre vaisselle ou à utiliser de la vaisselle compostable. Si vous commandez de la nourriture, choisissez des prestataires utilisant des emballages compostables, qui s’engagent à réduire le gaspillage alimentaire ou qui adoptent d’autres gestes écoresponsables.
  • Assurez vos arrières : peu importe le nombre de rappels que vous aurez envoyés, il y aura certainement des personnes qui oublieront vos consignes zéro déchet. Alors, pensez à amener des assiettes, tasses ou serviettes réutilisables en plus, par exemple.

Réduire le gaspillage alimentaire

  • Bien que la nourriture soit un déchet organique, le gaspillage alimentaire continue d’avoir un impact très néfaste sur notre environnement. Pour réduire le gaspillage alimentaire, demandez aux gens de s’inscrire à votre événement et apportez uniquement la quantité de nourriture requise en fonction du nombre de personnes inscrites. Organisez-vous pour distribuer toute nourriture restante après l’événement.

Activités après l’événement

  • Veillez à ce que le parc soit aussi propre (ou plus propre) que quand vous l’avez trouvé avant l’événement. Envisagez de demander à des bénévoles de faire une dernière vérification avant de quitter les lieux. 
  • Évaluez le nombre et le type de déchets : pour mesurer la réussite de votre événement et prévoir d’éventuelles améliorations, évaluez les déchets générés après votre événement. Donnez un compte rendu à votre public en faisant état des résultats de votre événement zéro déchet. Remerciez les personnes participantes d’avoir contribué à organiser un événement écoresponsable.

Sensibilisez le public à la production de déchets pendant votre événement

Pour aller un peu plus loin, ajoutez à votre événement zéro déchet une activité de sensibilisation engageante sur les déchets.

Par exemple, pendant son repas partagé de fin d’année, notre organisation a invité son personnel à déterminer dans quels bacs de tri les articles ménagers du quotidien devaient être mis : poubelle, recyclage ou compost.

Envisagez d’organiser des ateliers sur des gestes écoresponsables, comme la valorisation des déchets, le jardinage ou le compost. Vous pouvez aussi proposer des activités dans la nature, comme des promenades guidées ou le ramassage des déchets.

Montrez à quel point ces activités peuvent être divertissantes, faciles et accessibles !

Embellir nos parcs demande un effort collectif!

Ramasser des déchets n’est peut-être pas une activité des plus attrayantes, mais elle permet aux personnes concernées de voir les résultats tangibles de leurs efforts et de se sentir plus impliquées dans leur parc de quartier. Comme mentionné dans notre webinaire dédié à la Journée de la terre, la collecte de déchets constitue une excellente manière de mobiliser vos concitoyens et concitoyennes, et de leur faire aimer leur parc. C’est aussi un geste qui aura un impact durable dans votre quartier et sur l’environnement.

Voici cinq étapes pour vous aider à organiser une collecte de déchets réussie dans votre quartier. 

Contactez votre Ville

Votre municipalité peut être une formidable ressource pour vous aider à organiser votre collecte de déchets, mais aussi sur le long terme. Elle peut vous aider à planifier et à promouvoir votre événement, mais aussi à bénéficier de certaines ressources pour vous lancer.

Commencez par contacter la personne responsable de votre parc en lui faisant part de votre projet de ramassage des déchets, surtout s’il s’agit de votre premier événement dans ce parc. Cette personne pourra vous dire de quels permis vous avez besoin, vous expliquer les protocoles pour le traitement des déchets et éventuellement vous mettre en contact avec d’autres personnes engagées dans les parcs pouvant contribuer à votre événement.

De nombreuses municipalités organisent aussi à travers toute la ville des journées dédiées au ramassage des déchets auxquelles les groupes citoyens peuvent participer. Participer à des journées consacrées spécifiquement à la collecte de déchets peut permettre à votre groupe de bénéficier d’équipements qui ne seraient pas disponibles autrement, comme des sacs poubelle et des gants. De plus, la capacité de promotion plus large de la municipalité peut vous permettre de faire passer le message auprès d’un plus grand public. Demandez à la personne responsable de votre parc si des activités de nettoyage sont prévues prochainement par la Ville. 

L’union fait la force

Les municipalités ne sont pas les seules à pouvoir organiser ce genre d’activités. Par exemple, le Grand nettoyage des rivages canadiens est né d’un partenariat entre les organisations de conservation Ocean Wise et WWF-Canada. Celles-ci aident toute personne souhaitant organiser une collecte de déchets sur des rivages (si votre parc est à côté d’un cours d’eau, comme un ruisseau, un torrent, un marais, voire un collecteur d’eaux pluviales).

Faites des recherches pour voir les organisations, réseaux ou événements qui sont pertinents pour votre parc et avec lesquels vous pourriez faire équipe. Il existe certainement une foule d’associations sans but lucratif, d’organisations locales et de personnes qui pourraient être susceptibles de vous prêter main-forte pour votre événement. Elles pourraient aussi faire venir un public nouveau et intéressant aux événements que vous organisez. Par exemple, vous pourriez contacter une association de réparation de vélos pour offrir des services d’entretien et de réglages de vélos. Vous pourriez aussi inviter une organisation environnementale pour sensibiliser le public sur la manière de réduire leur empreinte écologique.

Enfin, envisagez de contacter les petites entreprises locales pour parrainer votre événement. Celles-ci pourraient offrir de petites récompenses, comme des gourdes réutilisables, des cartes-cadeaux ou d’autres prix, aux personnes participant à l’événement.

Planification, promotion et préparation

Commencez votre planification en faisant l’état des lieux de l’endroit ciblé dans votre parc : est-il suffisamment accessible? Y a-t-il des sentiers bitumés pour se déplacer ou est-ce que le terrain est inégal? Y a-t-il des toilettes ou des fontaines à eau à disposition? Quelle est la quantité approximative de déchets actuellement? De combien de bénévoles aurez-vous besoin pour les ramasser? Prenez des notes pendant cet état des lieux et parlez-en avec votre équipe par la suite. Quels renseignements devez-vous communiquer aux personnes participantes?

Ensuite, envisagez d’utiliser une plateforme comme Eventbrite ou Google Forms. Elles vous permettront de faire la promotion de votre événement, gérer vos bénévoles, faire le suivi des réponses et communiquer des instructions avant l’événement (météo, accessibilité, conseils vestimentaires). Avant de lancer votre événement, songez aux réseaux sociaux, aux tableaux d’affichage de quartier, aux bulletins d’information électroniques et au bouche-à-oreille pour en faire la promotion. Demandez aux résidentes et résidents de votre quartier de vous recommander des endroits pour diffuser votre événement, comme des groupes Facebook de quartier. Songez aussi à inviter des journalistes travaillant pour un journal local ou bien des personnes publiant des articles de blogue ou ayant un rôle d’influenceur dans les réseaux sociaux.

Enfin, occupez-vous de la préparation du matériel dont vous aurez besoin. Pensez à fournir :

  • Des sacs poubelle (de préférence compostables ou recyclables)
  • Des bacs de recyclage et de compostage
  • Des gants (réutilisables si possible)
  • Des pinces ramasse-déchet
  • Des gilets fluorescents pour rester visible
  • Des trousses de premiers soins
  • Des collations et des boissons sans déchet (encouragez les personnes à apporter leur propre vaisselle)
  • Des écrans solaires
  • Du désinfectant pour les mains

Faites-en une journée dynamique


Avant l’événement, installez une table d’inscription pour accueillir les bénévoles, distribuer les équipements et fournir les consignes de sécurité en cas de ramassage de matières dangereuses. Profitez aussi de cette occasion pour recueillir des renseignements sur les personnes qui se présentent : proposez-leur de s’inscrire au bulletin d’information de votre groupe et demandez-leur comment elles utilisent le parc et quelles sortes d’améliorations elles aimeraient voir.

En fonction du nombre de personnes et de la taille du parc, songez à diviser vos bénévoles en petits groupes et à les assigner à des zones spécifiques du parc. Si possible, faites en sorte que chaque petit groupe soit composé d’un de vos membres qui pourra ainsi répondre aux questions pendant toute la durée de l’événement. Une fois la collecte de déchets terminée, séparez les articles recyclables, compostables et ceux allant à la poubelle.

Enfin, faites en sorte que cette activité soit divertissante! Passez de la musique, organisez une chasse au trésor ou lancez-leur un défi comme « celui ou celle qui ramassera le plus d’emballages de friandise, de canettes ou d’objets rouges, etc. »!

Poursuivez sur votre lancée

Quand votre activité sera terminée, prenez le temps de célébrer tout ce que vous avez réalisé! Prenez une photo de vos bénévoles, pesez tous les déchets que vous avez ramassés ou mesurez la superficie du parc que vous avez nettoyée pour inciter la participation et promouvoir vos prochains événements.

Les jours suivants, n’oubliez pas de remercier par courriel vos bénévoles, vos partenaires, les organismes de parrainage et la municipalité pour leur participation. Sollicitez un retour d’information de leur part pour améliorer vos événements futurs. Et rappelez-leur de rester en contact avec votre groupe citoyen, surtout s’ils souhaitent vous aider à organiser votre prochaine collecte de déchets!