Alors que Dave Harvey prend sa retraite de son poste de co-dirigeant chez Ami·es des parcs, il revient sur le chemin parcouru depuis la fondation de l'organisation en 2011.
Pourquoi les événements dans les parcs sont-ils importants ? Comment les subventions s'intègrent-elles dans les objectifs plus larges des Ami·es des parcs pour susciter des changements dans les parcs urbains ?
Quelques conseils utiles pour vous y aider a créer un environnement accueillant, sûr et respectueux pour tou·tes les participant·es, quelle que soit leur capacité physique ou mentale, leur origine, leur âge ou leur identité de genre.
L’hiver peut être éprouvant : il fait sombre, froid, et la neige s'accumule. Explorez des moyens concrets pour redécouvrir la joie de l'hiver.
Visionnez le webinaire de lancement du rapport avec les auteures pour en savoir plus sur les résultats de notre recherche.
L'expérience de la Ville de Charlottetown avec l'ouragan Fiona souligne l'importance des partenariats interservices et des infrastructures résilientes.
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Ami·es des parcs a le plaisir de lancer son Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, notre sixième édition mettant en lumière les tendances, enjeux et pratiques qui façonnent les parcs urbains de nos villes.
Visionnez le webinaire de lancement du rapport avec les auteures pour en savoir plus sur les résultats de notre recherche :
Le webinaire offre une réflexion enrichissante sur l’avenir des parcs urbains, avec des intervenantes de la Ville de Victoria et de la Greenspace Alliance. Nous abordons les possibilités et les défis liés à la collaboration et aux partenariats, notamment entre les services municipaux, les acteurs et actrices communautaires ou encore les organisations à but non lucratif.
Ce webinaire se déroule en anglais avec interprétation simultanée en français. Vous pouvez également visionner la vidéo en anglais avec des sous-titres français automatisés en cliquant ici.
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Aujourd’hui, Ami·es des parcs a le plaisir de lancer son sixième Rapport sur les parcs urbains du Canada, qui sera la dernière édition de ce rapport dans sa forme actuelle : Combler le fossé : comment le secteur des parcs peut relever les défis complexes actuels grâce à la collaboration et aux partenariats.
L’an dernier, nous avons cherché à comprendre en profondeur ce qui trottait dans la tête des gestionnaires des parcs à travers le pays. Nous avons donc interrogé plus de 44 cadres supérieurs au sein de 30 municipalités sur les tendances et les défis qui caractérisent leur secteur. L’un des enseignements clés qui en est ressorti était la nécessité de trouver un moyen de collaborer plus efficacement en vue d’atteindre les nombreux objectifs fixés pour les parcs.
Le rapport de cette année approfondit donc cet enseignement en mettant en lumière des exemples de collaboration à l’échelle nationale et en recueillant des données provenant de 35 municipalités canadiennes, de plus de 2 500 citadin·es, ainsi que d’entretiens réalisés avec le personnel et des spécialistes des parcs.
Ce processus nous a permis de déterminer six enseignements clés relatifs à la collaboration et aux partenariats :
Dans ce rapport, vous trouverez :
Si vous souhaitez aller plus loin dans l’étude de ce rapport, inscrivez-vous à notre webinaire de lancement. Celui-ci comprendra une discussion animée sur les principales conclusions du rapport ainsi que des orientations pour l’avenir des parcs urbains. Ce webinaire d’une heure se tiendra le mercredi 27 novembre à 15 h (HNE).
Marie-Pierre est une visionnaire qui milite pour la création d’oasis de verdure au milieu des jungles de béton. Elle a à cœur de mieux comprendre les défis que pose l’accès aux espaces verts ainsi que son importance. Ces espaces favorisent la création de liens sociaux entre les gens, un sentiment d’appartenance et une appréciation pour les histoires et les pratiques liées à cette terre. C’est ce rêve qui a conduit à la création de la fondation Vancouver Urban Food Forest (VUFFF).
Créée en pleine pandémie, la fondation avait pour objectif de répondre au problème de l’isolement et de l’accès alimentaire dans un quartier comptant 34 000 habitant·es. Après avoir identifié ces besoins, et grâce au soutien d’Ami·es des parcs, la fondation a imaginé de créer une forêt nourricière qui servirait de havre de paix aux personnes Autochtones vivant en milieu urbain et aux résident·es à faible revenu. Son objectif était de démontrer que l’accès aux espaces verts et le droit de cultiver la terre sont des droits fondamentaux.
C’est ainsi que la première forêt nourricière Autochtone appelée Chén̓chenstway Healing Garden a vu le jour dans le parc Oxford, à Vancouver. Hébergée dans le pavillon Burrard Park View Field House, la fondation n’a pas ménagé ses efforts jusqu’à présent, un gage certain de sa résilience.
Avec le soutien d’Ami•es des parcs, la VUFFF a pu organiser des ateliers de jardinage de plantes médicinales et d’autres événements pour soutenir, connecter et outiller les résident·es du quartier. Les personnes auparavant isolées ou réticentes à l’idée de jardiner ont trouvé un groupe de personnes bienveillantes qui valorise leur histoire et leurs expériences. Avec la création de jardins de plantes médicinales, d’activités artistiques et artisanales, et dans le cadre d’un dialogue ouvert, la fondation a déclenché une vague de changements positifs dans son quartier.
Alors que nos villes modernes se caractérisent par des jungles de béton, Ami·es des parcs soutient des initiatives comme celle de la VUFFF – qui sont sources de connexion, d’autonomisation et de transformation pour les habitant·s. Elles nous rappellent que les parcs sont plus que de simples espaces publics : ils contribuent activement à l’épanouissement, au ressourcement et à la prospérité des habitant·es.
Lorsque nous imaginons des villes dynamiques, nous reconnaissons le rôle crucial que jouent des organisations locales comme la VUFFF et tenons à leur apporter notre soutien. Ces organisations ne se contentent pas de semer des graines pour susciter un changement, elles nourrissent aussi les liens qui nous unissent à la nature ainsi que les uns aux autres.
Découvrez d’autres histoires inspirantes avec Nawal à Toronto et Geneviève à Montréal. Ces récits soulignent le travail remarquable accompli par des citoyen·nes engagé·es pour favoriser les liens sociaux et la résilience des habitant·es grâce aux parcs et aux espaces verts à travers le Canada.
Ami•es des parcs publie le cinquième rapport annuel sur les parcs urbains du Canada, intitulé : Faire émerger des solutions : comment la résolution de conflits et la transformation de défis en possibilités peut rendre les parcs plus équitables et plus durables.
Au cours des cinq dernières années, notre objectif, pour notre Rapport sur les parcs urbains du Canada, a toujours été de raconter une histoire, afin de rendre compte de l’évolution des parcs urbains et de l’orientation qu’il convient de leur donner.
Cette année, nous avons adopté une approche encore plus approfondie. Nous avons interrogé 44 responsables des parcs dans 30 municipalités qui nous ont fait part, avec beaucoup de générosité, des défis auxquels ils sont confrontés, les projets et les personnes qui les inspirent, ainsi que leurs ambitions pour les parcs urbains.
Ce rapport regroupe donc les thèmes abordés lors de ces conversations en se basant sur les données recueillies via nos sondages auprès de 35 municipalités et plus de 2 000 citadin·es au Canada.
Explorez nos indicateurs clés sur les tendances et les défis des parcs urbains cette année :
Ce webinaire se déroule en anglais mais les sous-titres français sont disponibles.
À la fin du mois de juin 2024, 13 ans après avoir fondé l’organisation, je quitterai mon poste de codirigeant d’Ami·es des parcs.
À cette occasion, je repense aux nombreux changements positifs qui se sont produits dans les parcs urbains du Canada depuis 2011 et au rôle particulier qu’a joué Ami•es des parcs. Beaucoup de chemin a été parcouru, que ce soit mon parcours personnel, dans l’organisation, et au sein de l’incroyable écosystème des parcs urbains du Canada.
Depuis nos tout débuts, l’objectif d’Ami•es des parcs a toujours été de créer des liens : entre les gens et la nature, entre les personnes d’un même quartier lors de rencontres fortuites dans des lieux publics, et entre leaders et initiatives audacieuses susceptibles d’améliorer nos parcs.
L’origine des Ami•es des parcs reflète d’ailleurs bien ce thème. En 2010, j’ai publié un document pour la Metcalf Foundation intitulé « Fertile Ground for New Thinking* » présentant mes idées pour améliorer le système des parcs de Toronto. Dans mes recommandations finales, je suggérai la création d’une ONG dédiée aux parcs de la ville. À l’époque, je n’avais absolument pas l’intention de créer ou de diriger une telle organisation. Cependant, ma publication a inspiré un groupe de personnes enthousiastes qui m’ont incité à lancer cette ONG. En retour, j’ai réussi à les persuader de faire partie des membres fondateurs de notre Conseil d’administration et de nos bénévoles. Nous nous sommes alors lancés dans un plan audacieux visant à aider le plus grand nombre de personnes possibles à se considérer comme des leaders pour les parcs urbains et à les relier aux outils dont ils ont besoin pour créer de grands parcs pour tout le monde.
Le 12 avril 2011, Ami·es des parcs a officiellement vu le jour lors du Sommet des parcs de Toronto. Cette occasion nous a permis de nouer les premiers contacts avec des spécialistes des parcs et des activistes émergents dans la ville. À partir de ces conversations animées, nous avons commencé à établir une force collective pour soutenir et pérenniser des espaces verts dynamiques dont toutes et tous en ville puissent profiter pleinement.
Depuis lors, le groupe original, constitué de membres du Conseil d’administration et de bénévoles, s’est développé de manière exponentielle : Ami•es des parcs compte aujourd’hui plus de 25 employé•es travaillant dans nos bureaux à Vancouver, Toronto et Montréal. Notre Conseil d’administration national compte des spécialistes de l’aménagement urbain et du développement citoyen. Nous avons également rallié des milliers de personnes à notre cause : notre Réseau national rassemble désormais 1 400 groupes citoyens œuvrant pour des parcs dans 35 villes du pays. Nous octroyons des micro-subventions à des groupes citoyens de 21 zones urbaines du Canada pour animer leurs parcs.
En créant Ami•es des parcs, notre objectif était de susciter un mouvement en faveur des parcs urbains, susceptible de changer radicalement la façon dont notre société perçoit la valeur de ces espaces verts publics. Il s’agissait d’un projet ambitieux. Toutefois, grâce à notre collaboration avec des partenaires et responsables de groupes citoyens fantastiques, je pense que nous avons accompli notre mission.
Les parcs du Canada ont connu beaucoup de changements – principalement positifs – ces 13 dernières années. C’est avec beaucoup de fierté que nous avons modestement contribué à ces transformations. Pour ce faire, nous avons mené des recherches cruciales sur les tendances et les possibilités dans les parcs. Nous avons aussi travaillé avec les autorités et les responsables de parcs pour soutenir des politiques novatrices.
Les résultats :
La hausse importante de la fréquentation des parcs au plus fort de la pandémie n’était pas un phénomène isolé : je n’avais jamais vu autant de gens fréquenter les parcs et les utiliser de manière aussi innovante. Les parcs nous permettent de rester en contact avec notre cercle amical, de célébrer des événements, de gérer un deuil, de goûter de nouveaux plats, d’écouter de la musique et de découvrir des expositions d’art. Ils sont la clé de voute de la diversité, de la richesse et du dynamisme de la vie urbaine.
C’est en nous appuyant sur cette conviction que nous avons conçu nos programmes de bourse, nos formations et nos activités de réseautage. Ces programmes ont aidé des centaines de personnes à transformer leurs parcs en centres communautaires dynamiques. Nous avons constamment défendu la valeur unique des parcs : avec notre plateforme axée sur les parcs pour les élections municipales de 2014 à Toronto, avec nos articles sur I’importance des parcs urbains, avec nos conférences nationales et avec notre Rapport sur les parcs urbains du Canada.
Ils ne sont pas de simples fioritures, mais font partie intégrante de l’essence même de nos quartiers. Grâce à nos recherches, nous avons pu mesurer et démontrer l’impact qu’ils ont sur notre bien-être physique et mental. Nous avons aussi montré qu’ils peuvent servir d’antidotes au fléau actuel de l’isolement social et de la solitude.
Les personnes absentes des parcs sont tout aussi importantes que celles qui y sont présentes. Grâce à des programmes comme Susciter le changement, notre organisation invite les groupes confrontés au manque d’équité à participer à la planification et à la mise en œuvre de nos programmes. Cette collaboration nous permet de tirer parti de leurs connaissances et de leurs expériences pour rendre les parcs plus accessibles. Avec le lancement de nos activités et la diffusion des enseignements que nous en avons tirés, nous avons observé une plus grande intégration des mesures d’équité dans les stratégies de planification et d’acquisition des parcs dans les municipalités du pays.
Comme l’a dit Rena Soutar, de la Commission des parcs de Vancouver : « il n’existe pas d’espace culturellement neutre n’ayant pas été modifié par les êtres humains. » Pendant la Conférence des ami·es des parcs de 2022, trois des principaux spécialistes Autochtones des parcs du Canada, Rena Soutar, Lewis Cardinal et Spencer Lindsay, ont abordé la question du colonialisme dans les pratiques de gestion des parcs. Ils ont aussi expliqué la manière d’intégrer les principes de réconciliation et de décolonisation dans ce que nous appelons les parcs. À cet égard, la Commission des parcs de Vancouver a décidé de lancer des programmes de cogestion et d’intendance avec des groupes Autochtones. Dans le même temps, Edmonton a commencé à travailler étroitement avec des leaders Autochtones pour le projet kihcihkaw askî*, le premier parc culturel urbain Autochtone du pays.
Avec les changements climatiques, les parcs urbains deviennent de plus en plus essentiels pour atténuer les vagues de chaleur, absorber les eaux de ruissellement et protéger la faune et la flore, ainsi que la population. Notre organisation a joué un rôle de pionnier en montrant le potentiel des parcs pour atténuer les changements climatiques et nous permettre de nous y adapter.
La taille des parcs n’est pas la seule caractéristique importante d’un parc. Les petits espaces verts peuvent aussi avoir un impact important sur notre bien-être. Avec l’augmentation de la densification de nos villes et du coût des terrains, des sites autrefois négligés, comme les zones en dessous des autoroutes, la chaussée, les corridors électriques, les lignes de chemin de fer et même d’anciennes décharges, se transforment peu à peu en de magnifiques espaces naturels. Grâce à nos recherches* et à notre soutien financier*, des projets innovants comme le sentier Meadoway et le parc linéaire The Bentway à Toronto ont pu voir le jour, de même que le parc Flyover à Calgary.
Nous en demandons beaucoup aux services des parcs municipaux. Les parcs sont de plus en plus fréquentés. Cependant, le personnel municipal est désormais chargé de traiter les questions relatives aux personnes itinérantes, à l’équité, à la réconciliation avec les groupes Autochtones, à l’atténuation des changements climatiques et aux méthodes d’adaptation. Selon moi, leur travail est toutefois devenu plus intéressant et plus gratifiant, car il a la possibilité d’avoir un impact positif sur nos villes et nos quartiers. Mais ce travail est aussi devenu plus complexe qu’avant. C’est pourquoi l’une des principales priorités de notre organisation est désormais de soutenir les membres du personnel municipal et de les mettre en relation.
La démographie augmente rapidement dans les villes du Canada, mais les budgets alloués à leurs parcs ne suivent pas cette hausse. Si cette tendance se poursuit, je m’inquiète de ce à quoi ressembleront nos parcs dans 13 ans. Sans un financement adapté, il n’y aura pas assez de parcs pour répondre aux besoins de la population. Nous risquons de glisser vers un modèle à l’américaine, où le manque d’aides publiques a engendré une crise pour les parcs que les philanthropes et les conservatoires de parcs privés ont dû résoudre. Bien que les partenariats et la philanthropie représentent d’excellentes ressources, elles ne remplacent en rien la dotation financière adéquate des services des parcs municipaux.
Pour les parcs urbains, faire preuve d’imagination en collaborant avec des partenaires communautaires n’est plus l’exception; c’est presque devenu la règle. Qu’il s’agisse de travailler avec des bénévoles locaux ou de créer des conservatoires de parcs officiels, les services des parcs commencent à collaborer avec des partenaires surprenants afin d’enrichir les ressources des parcs et non de les remplacer. Depuis ses débuts, notre organisation plaide en faveur de ce genre de partenariats*. Nous avons ainsi contribué à établir et à cultiver certains modèles de partenariat pour les parcs* parmi les plus importants au Canada. En parallèle, le gouvernement fédéral a commencé à jouer un rôle de plus en plus actif dans le secteur des parcs urbains. Jusqu’à présent, le Canada faisait partie des rares pays dont le gouvernement fédéral ne régissait pas directement les parcs urbains. Après la création du parc urbain national de la Rouge à Toronto, celui-ci a toutefois entrepris un processus visant à créer six nouveaux parcs urbains nationaux à travers le Canada au cours des prochaines années. Des provinces comme l’Ontario, qui ont historiquement évité de créer des parcs provinciaux dans les villes, se sont également engagées dans ce sens. Ami•es des parcs se réjouit de travailler avec les gouvernements et de soutenir ces initiatives qui changent la donne.
Ami·es des parcs n’a pas inventé la mobilisation citoyenne dans les parcs : certaines personnes le faisaient déjà bien avant 2011 partout au Canada. Cependant, nous avons joué un rôle essentiel en les réunissant, en amplifiant leur voix, en communiquant leurs réussites, et en inspirant les autres. Nous leur avons surtout permis d’avoir plus facilement accès à des ressources et à supprimer les obstacles pour les aider à dynamiser les parcs et améliorer leur quartier.
Ces 13 dernières années, le système des parcs urbains du Canada a connu des changements incroyablement positifs. Je suis fier de dire qu’Ami·es des parcs a joué un rôle important pour parvenir à ces avancées.
En passant le flambeau, je suis convaincu que l’équipe d’Ami·es des parcs – en collaboration étroite avec le gouvernement, le public et les bailleurs de fonds – continuera à susciter des changements positifs dans les décennies à venir. Je sais qu’elle fera tout son possible pour que chaque personne bénéficie de manière égale des avantages des espaces verts publics.
Selon Rena Soutar, décoloniser les pratiques de gestion des parcs doit commencer par reconnaître qu’« aucun lieu touché par la main de l’Homme n’est culturellement neutre ».
Le premier jour de la Conférence 2022 d’Ami·es des parcs, trois des principaux professionnels Autochtones des parcs du Canada, Lewis Cardinal, Rena Soutar et Spencer Lindsay, ont abordé la question du colonialisme dans les pratiques de gestion des parcs et la manière d’intégrer les principes de réconciliation et de décolonisation dans ce que nous appelons les parcs.
Lewis Cardinal a reçu son nom cérémoniel sîpihko geesik, qui veut dire « ciel bleu », afin de refléter sa mission sur Terre qui est de « rapprocher deux mondes qui ne se comprennent pas ».
Et en se consacrant à améliorer les relations entre colons et Autochtones à Edmonton, Lewis Cardinal honore véritablement le nom qui lui a été donné. Et ce travail d’une vie vient d’aboutir dernièrement avec l’ouverture du site kihciy askiy, qui signifie « Terre sacrée » en cri et constitue le premier centre cérémoniel Autochtone urbain du Canada situé dans vallée fluviale d’Edmonton.
Dans sa présentation lors de la Conférence d’Ami·es des parcs, il a expliqué que l’inauguration en 2022 de kihciy askiy* couronnait 18 ans de collaboration entre les groupes Autochtones et la municipalité d’Edmonton, et la création conjointe en 2004 de l’entente de relations Edmonton Urban Aboriginal Accord*. Les principes directeurs énoncés dans cette entente ont établi une nouvelle relation entre les deux parties prenantes, repris dans cette déclaration :
“Nous sommes convaincus que l’ensemble des résident·es d’Edmonton tireront profit de relations positives entre la municipalité et les groupes Autochtones.”
Selon Lewis Cardinal, les méthodes Autochtones, comme la création de relations positives reposant sur des échanges mutuels et le partenariat, l’écoute et le récit, les cérémonies et les célébrations, ont fait partie intégrante du processus de création de kihciy askiy. Entre la conception et la concrétisation du projet, des conflits et des difficultés sont bien entendu survenus durant le long processus. Toutefois, Lewis Cardinal est d’avis que cette entente et les méthodes de travail qu’elle énonce permettent d’« atténuer les forces obscures de l’humanité » qui peuvent miner un projet aussi visionnaire que celui de kihciy askiy à Edmonton.
Il souligne également l’importance de formaliser les principes régissant les relations entre les parties prenantes dans des ententes comme celle-ci. Une fois mis par écrit, ces principes établissent l’intention de ces relations et auxquels il est possible de référer encore et encore. À cet égard, l’un des principes fondamentaux de l’entente de relation de l’Edmonton Urban Aboriginal Accord* repose sur l’idée de renouvellement : « l’entente représente un document évolutif qui peut être réétudié périodiquement afin de garantir la reddition des comptes, la transparence, l’inclusivité et la réactivité des parties prenantes ».
Tout comme Lewis Cardinal, Rena Soutar, responsable de la décolonisation, des arts et de la culture, et Spencer Lindsay, planificateur des activités de réconciliation, travaillant tous les deux pour la Commission des parcs et des loisirs de Vancouver* considèrent que le dialogue, notamment sur des dossiers épineux, représente le meilleur moyen de décoloniser les pratiques de gestion des parcs.
Et c’est l’outil principal sur lequel est axé l’Audit colonial de la Commission qui sera publié en décembre. Pour réaliser cet audit, Rena Soutar et Spencer Lindsay ont d’ailleurs mené 21 entrevues dans sept services de la Commission pendant cinq mois. Selon eux, seules des discussions approfondies à l’interne peuvent faire émerger les idées reçues et croyances bien ancrées ainsi que les approches issus du colonialisme et qui sous-tendent les pratiques coloniales de gestion des parcs. Au cours de cet audit, ils ont mis en évidence 27 cas illustrant les effets actuels du colonialisme.
L’un de ces cas que les deux auteurs de l’audit ont relaté pendant la conférence concerne le plan d’aménagement de Northeast False Creek* à Vancouver. Northeast False Creek est un quartier de premier choix au bord du bras de mer de False Creek que la municipalité souhaitait réaménager. Après plusieurs consultations avec les Nations Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh ainsi qu’avec des groupes Autochtones de la ville, il a été décidé que la priorité numéro un pour le réaménagement du parc de ce quartier serait de permettre un accès à l’eau. Pourtant, lorsque la Ville a publié ses plans préliminaires pour le site, il est apparu clairement que cet élément crucial découlant des consultations avec les Premières Nations s’était perdu en chemin.
La Commission des parcs a donc décidé de mettre le projet sur pause et de prendre le temps de comprendre comment, après tant de consultations avec les Premières Nations, les ébauches du parc avaient pu passer à côté de cet aspect primordial. Le dialogue qui s’est tenu par la suite a permis de souligner l’importance d’intégrer l’interprétation culturelle dans la conception des parcs.
Comme l’ont indiqué Rena Soutar et Spencer Lindsay, incorporer l’« accès à l’eau » dans le projet d’aménagement du parc voulait dire pour les peuples Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh que le grand public aurait un accès direct au rivage, et ce, d’une manière intime et immersive. Or, l’équipe de conception, influencée par un mode de pensée colonialiste, a interprété « avoir accès à l’eau » par profiter, à distance, d’un beau panorama sur l’eau. En d’autres termes, avoir accès à l’eau selon une mentalité colonialiste voulait dire avoir accès à un beau point de vue sur la nature à partir d’un point culminant, comme si on était Dieu. Pour les Premières Nations, avoir accès à l’eau voulait dire pêcher, organiser des cérémonies et pouvoir tremper leurs mains et leurs pieds dans l’eau.
Comme l’ont fait remarquer les deux auteurs de l’audit, le plan d’aménagement de Northeast False Creek a fait émerger les conséquences d’un manque de remise en question des perspectives coloniales. Établir un dialogue centré sur les perspectives Autochtones et non sur le point de vue colonial permet de « renverser les idées reçues pour mettre au jour les perspectives coloniales solidement ancrées », explique Rena Soutar. Ces discussions ont permis de mettre en lumière la perception du monde des colons généralement invisible et de commencer ainsi à « désapprendre » ces pratiques.
Lewis Cardinal, Rena Soutar et Spencer Lindsay insistent sur la nécessité pressante de décoloniser notre rapport à la nature. Comme le dit Lewis Cardinal, « nous vivons dans une ère sacrée ».
Selon lui, décoloniser notre rapport à la nature veut dire « comprendre les liens que nous entretenons avec nos semblables et avec le monde naturel et spirituel qui nous entoure ». Selon lui, pour établir un lien de réciprocité avec la nature, les colons doivent d’abord reconnaître que les êtres humains ne sont pas « au sommet de la chaîne alimentaire » ou « au centre de l’univers », mais qu’ils font plutôt « partie du grand cercle de la vie ». Et d’ajouter : « dans une relation, l’attention n’est plus centrée sur l’individu » et chaque personne peut ainsi voir qu’elle s’inscrit dans les contextes plus larges de la famille, de la société et de la nature ».
Comme l’ont répété nos trois intervenants, décoloniser les mentalités sera l’unique manière de protéger la diversité écologique, essentielle à la survie de l’espèce humaine. Comme leurs présentations l’ont expliqué clairement, l’avenir des êtres humains est intrinsèquement lié aux rapports qu’ils entretiennent avec les autres et le reste du vivant. Et Rena Soutar d’ajouter que « la plénitude et l’abondance existaient déjà » bien avant que les colons n’arrivent et déclarent les « parcs » non cédés de Vancouver comme étant « accessibles à tous ».
Dans leurs présentations sur la décolonisation des parcs et des relations sociales, ces trois intervenants ont indiqué que, pour avancer ensemble dans la bonne direction, nous devons oublier tout ce que nous avons appris sur nos liens avec les autres et le reste du vivant ». Mais avant d’oublier ou de désapprendre, nous devons avant tout mettre en lumière les pratiques colonialistes trop souvent invisibles. C’est grâce à ce nouvel apprentissage – qui est au cœur de l’audit – que nous pourrons avancer dans la bonne direction, en sachant que « la décolonisation n’est qu’une façon d’atteindre notre objectif et non l’objectif lui-même », a rappelé Rena Soutar à l’auditoire de la conférence.