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Combler le fossé : comment le secteur des parcs peut relever les défis complexes actuels grâce à la collaboration et aux partenariats

Ami·es des parcs a le plaisir de lancer son Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, notre sixième édition mettant en lumière les tendances, enjeux et pratiques qui façonnent les parcs urbains de nos villes.

Visionnez le webinaire de lancement du rapport avec les auteures pour en savoir plus sur les résultats de notre recherche :

  • 6 enseignements clés provenant des entretiens menés auprès du personnel et des spécialistes des parcs,
  • 9 études de cas présentant des personnes, projets et politiques inspirantes à travers le pays,
  • des données issues de sondages menés auprès de 35 municipalités et de plus de 2 500 citadin·es.

Le webinaire offre une réflexion enrichissante sur l’avenir des parcs urbains, avec des intervenantes de la Ville de Victoria et de la Greenspace Alliance. Nous abordons les possibilités et les défis liés à la collaboration et aux partenariats, notamment entre les services municipaux, les acteurs et actrices communautaires ou encore les organisations à but non lucratif.

Ce webinaire se déroule en anglais avec interprétation simultanée en français. Vous pouvez également visionner la vidéo en anglais avec des sous-titres français automatisés en cliquant ici.

Enregistrement

Panel

Aujourd’hui, Ami·es des parcs a le plaisir de lancer son sixième Rapport sur les parcs urbains du Canada, qui sera la dernière édition de ce rapport dans sa forme actuelle : Combler le fossé : comment le secteur des parcs peut relever les défis complexes actuels grâce à la collaboration et aux partenariats.

L’an dernier, nous avons cherché à comprendre en profondeur ce qui trottait dans la tête des gestionnaires des parcs à travers le pays. Nous avons donc interrogé plus de 44 cadres supérieurs au sein de 30 municipalités sur les tendances et les défis qui caractérisent leur secteur. L’un des enseignements clés qui en est ressorti était la nécessité de trouver un moyen de collaborer plus efficacement en vue d’atteindre les nombreux objectifs fixés pour les parcs. 

Le rapport de cette année approfondit donc cet enseignement en mettant en lumière des exemples de collaboration à l’échelle nationale et en recueillant des données provenant de 35 municipalités canadiennes, de plus de 2 500 citadin·es, ainsi que d’entretiens réalisés avec le personnel et des spécialistes des parcs.

Enseignements clés

Ce processus nous a permis de déterminer six enseignements clés relatifs à la collaboration et aux partenariats :

  • Les budgets des parcs ne sont pas à la hauteur des besoins
    • Bien que les parcs soient reconnus comme des infrastructures essentielles, ils disposent souvent de financements insuffisants pour assurer pleinement leur rôle vital.
    • 78 % des municipalités ont signalé que des budgets insuffisants entraînent un manque de personnel, tandis que 75 % ont indiqué que cela provoque des retards dans la réalisation des projets ou la planification des parcs.
  • Les citoyen·nes se sentent impuissant·es, mais désirent s’investir dans leurs parcs
    • Bien que les citadin·es souhaitent s’impliquer davantage dans les parcs, les services municipaux des parcs n’ont pas suffisamment de ressources pour leur offrir des occasions d’engagement à long terme.
    • 83 % des municipalités ont déclaré qu’en raison des ressources limitées, il peut être difficile de concerter le public de manière régulière et proactive, au-delà des consultations habituelles sur des projets de parcs.
  • Les parcs favorisent la santé mentale et physique, mais manquent de programmes pour les promouvoir
    • L’amélioration de la santé mentale et de la santé physique font partie des principaux avantages cités par les personnes fréquentant des parcs. Il s’agit-là d’une occasion inédite pour les villes de renforcer ces impacts en mettant en place des programmes spécifiques.
    • Respectivement, 95 % et 93 % des personnes interrogées estiment que les parcs ont des effets positifs sur leur santé physique et mentale.
  • La structure des services municipaux peut favoriser la collaboration – ou le travail à huis clos
    • Une minorité de municipalités regroupe les opérations et la conception des parcs dans un seul et même service. Pour les autres, la manière dont leurs services sont structurés engendre des disparités entre les infrastructures construites et la manière dont elles sont entretenues.
    • Près d’un tiers des municipalités ont déclaré que leur structure organisationnelle pouvait compliquer la collaboration entre le personnel chargé des parcs et celui d’autres divisions/services. 
  • Les partenariats sont essentiels, mais les villes ont besoin de politiques et de structures adaptées
    • Les services des parcs municipaux reconnaissent les avantages des partenariats, mais peinent à mettre en place des mesures et procédures pour en faciliter le fonctionnement.
    • 61 % des municipalités ont déclaré que l’un des obstacles à l’établissement de partenariats avec des organisations à but non lucratif était leur incapacité à respecter les normes municipales.
  • Répondre aux enjeux croissants des parcs exige davantage de formation et de collaboration
    • Les parcs font face à des enjeux majeurs et la population attend des actions concrètes de la part des villes. Pour répondre à ces enjeux, le personnel des parcs requiert davantage de formation et plus de collaboration avec d’autres services municipaux.
    • 92 % des municipalités reconnaissent que, depuis ces dernières années, leur service des parcs est soumis à une pression croissante pour traiter des questions allant au-delà des enjeux « traditionnels » des parcs.

Dans ce rapport, vous trouverez :

  • Un récapitulatif et une analyse des données les plus récentes sur les parcs. Ceux-ci présentent les tendances et défis identifiés dans nos sondages menés auprès de plus de 2 500 citadines et citadins et auprès de 35 municipalités à travers le Canada. Il s’agit du sondage le plus important à ce jour.
  • Une bibliothèque de neuf études de cas issues des quatre coins du pays et présentant des projets inspirants qui donnent des recommandations tangibles sur la manière de stimuler l’action dans votre ville. 
  • Une liste de 35 profils de Villes avec les données les plus récentes sur leurs objectifs de création de parcs, leurs équipements dans les parcs et leurs budgets.

Webinaire de lancement

Si vous souhaitez aller plus loin dans l’étude de ce rapport, inscrivez-vous à notre webinaire de lancement. Celui-ci comprendra une discussion animée sur les principales conclusions du rapport ainsi que des orientations pour l’avenir des parcs urbains. Ce webinaire d’une heure se tiendra le mercredi 27 novembre à 15 h (HNE).

Face aux changements climatiques, quelles solutions basées sur la nature les Villes mettent-elles en œuvre pour soutenir leur résilience et leur biodiversité? En décembre dernier, à Montréal, la COP15* (Conférence des Nations Unies sur la biodiversité) s’est achevée sur un accord historique visant à orienter l’action climatique mondiale jusqu’en 2030. Cet accord contient plusieurs objectifs ambitieux, dont un (l’Objectif 12) qui vise à accroître les espaces verts et bleus dans les villes. 

Un an après la COP15, ce webinaire réunit des universitaires, des ONG et d’autres acteurs du changement pour examiner la manière dont leur travail contribue aux objectifs en matière de biodiversité et discuter du rôle important que joue la biodiversité dans la création d’un avenir durable.

Pendant une discussion animée, des spécialistes examinent comment les différents secteurs s’efforcent actuellement d’atteindre des objectifs communs en matière de biodiversité urbaine, et comment nous pouvons travailler différemment – ou de manière plus collaborative – à l’avenir. En étudiant le travail réalisé sur le terrain dans différentes villes du Canada, ces spécialistes démontrent les multiples outils et façons que nous pouvons utiliser pour répondre à cet appel urgent à l’action. 

Ce webinaire permet d’améliorer vos connaissances sur la biodiversité urbaine et comment la renforcer de manière collaborative en repensant le rôle des villes. 

Ce webinaire se déroule en anglais mais les sous-titres français sont disponibles.

Nos panélistes

Ami•es des parcs publie le cinquième rapport annuel sur les parcs urbains du Canada, intitulé  : Faire émerger des solutions : comment la résolution de conflits et la transformation de défis en possibilités peut rendre les parcs plus équitables et plus durables. 

Au cours des cinq dernières années, notre objectif, pour notre Rapport sur les parcs urbains du Canada, a toujours été de raconter une histoire, afin de rendre compte de l’évolution des parcs urbains et de l’orientation qu’il convient de leur donner. 

Cette année, nous avons adopté une approche encore plus approfondie. Nous avons interrogé 44 responsables des parcs dans 30 municipalités qui nous ont fait part, avec beaucoup de générosité, des défis auxquels ils sont confrontés, les projets et les personnes qui les inspirent, ainsi que leurs ambitions pour les parcs urbains.

Ce rapport regroupe donc les thèmes abordés lors de ces conversations en se basant sur les données recueillies via nos sondages auprès de 35 municipalités et plus de 2 000 citadin·es au Canada. 

Indicateurs clés

Explorez nos indicateurs clés sur les tendances et les défis des parcs urbains cette année :

  1. Anticiper une plus grander fréquentation des parcs  –  Comment faire face à la nouvelle réaliter d’une utilisation accrue des parcs 
  2. Remettre la qualité des parcs au coeur des priorités  –  Comment s’assurer que nos parcs atteignent leur plein potentiel
  3. Explorer de nouvelles typologies de parcs et de nouvelles modalités de financement  –  Définir de nouveaux types de parcs pour les villes qui se développent et s’urbanisent
  4. Priorité à la sensibilisation du public et à la naturalisation des parcs  –  Renforcer l’engouement en faveur de la naturalisation grâce à l’éducation du public
  5. Des améliorations systématiques pour favoriser la résilience climatique des parcs  –  Intégrer la résilience climatique dans la conception des parcs pour préserver l’avenir
  6. Porter une plus grande attention à l’équité dans les parcs  –  Aller au-delà de la répartition des aménagements pour examiner l’aspect social de l’équité dans les parcs
  7. Adopter des stratégies axées sur les droits de la personne pourles campements  –  Travailler en partenariat avec les personnes en situation d’itinérance pour trouver des solutions dignes
  8. Tester des conceptions et des politiques plus souples pour répondre aux usages contradictoires des parcs  –  Résoudre les conflits liés à l’utilisation des parcs afin de les rendre plus inclusifs
  9. Accroître le financement et le soutien pour favoriser la participation citoyenne  –  Favoriser l’implication citoyenne au-delà des projets d’investissement à court terme
  10. Trouver le juste équilibre dans la collaboration interne  – Optimiser les collaborations interdépartementales pour atteindre des objectifs multiples et convergents

Webinaire de lancement : Visionnez l’enregistrement

Ce webinaire se déroule en anglais mais les sous-titres français sont disponibles.

Comment la Ville de Victoria mise sur les parcs pour favoriser la justice alimentaire 

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • La municipalité de Victoria cultive des plants de légumes qu’elle distribue ensuite à des associations locales dans toute la ville pour les planter dans des jardins publics ou les offrir à des particuliers et leur famille. 
  • Les programmes alimentaires mis en place dans les parcs peuvent avoir des répercussions considérables sur la santé des habitantes et habitants. Ceux-ci reposent sur des partenariats avec des organisations axées sur la santé publique et la santé mentale ainsi que des organisations œuvrant auprès des personnes potentiellement exposées à l’insécurité alimentaire.
  • En tirant parti de leurs ressources existantes de manière innovante, les services des parcs ont le pouvoir de favoriser activement la santé collective.

Ces cinq dernières années, les programmes axés sur l’alimentation dans les parcs, comme les forêts nourricières, les jardins collectifs et les plantes comestibles, ont gagné en ampleur et en popularité dans les villes canadiennes. Il est clair que les municipalités et leur population perçoivent tout le potentiel de l’agriculture urbaine et souhaitent le développer. Ces trois dernières années, 50 % des citadin·es ont déclaré à plusieurs reprises vouloir voir davantage d’agriculture urbaine et de jardins collectifs dans leurs parcs. 

Si les villes prévoient d’investir dans des programmes d’agriculture urbaine dans les parcs, comment peuvent-elles s’assurer qu’ils sont utilisés et, surtout, que les fruits de leurs récoltes atteignent avant tout les personnes qui en ont besoin ?

Lancé en 2020, le programme Get Growing Victoria* de la Ville de Victoria adopte une approche de justice alimentaire en fournissant des outils et du matériel de jardinage aux quartiers dont les communautés sont particulièrement vulnérables à l’insécurité alimentaire, notamment les personnes sans logement, les communautés autochtones et racialisées, ainsi que les personnes âgées et les jeunes.

Au lieu de se focaliser uniquement sur l’accès du grand public à des aliments frais, la justice alimentaire donne la priorité aux tranches de la population qui sont confrontées à des obstacles structurels et systémiques pour assurer leur sécurité alimentaire. En prenant en compte les obstacles au jardinage, le programme Get Growing parvient à fournir des aliments durables et sains à celles et ceux qui sont souvent exclu·es des programmes de jardins collectifs.

Participants au programme Get Growing Victoria à Fernwood. Crédit : Ville de Victoria, Kingtide Films.

Le Service des parcs a vite constaté que le meilleur moyen d’atteindre ces groupes à risque était de collaborer avec des associations locales qui connaissent mieux leurs besoins. Cette collaboration a également permis à la municipalité d’apporter une aide efficace en intervenant là où se trouvent ces populations plutôt que d’attendre qu’elles s’identifient elles-mêmes et qu’elles suivent le processus d’inscription mis en place par la Ville. 

Ce programme compte désormais 67 partenaires locaux parmi des organismes de santé publique, des prestataires de services en santé mentale, des organisations d’aide aux personnes immigrées et réfugiées, des prestataires de services sociaux ainsi que des organismes œuvrant pour l’accès à des logements abordables. Les organisations partenaires fournissent à leurs bénéficiaires et à leur famille du matériel de jardinage ainsi que des plants de légumes cultivés dans les serres de la Ville. Ils peuvent ainsi les utiliser dans leur propre jardin ou dans un jardin collectif près de chez eux. Get Growing offre à ses partenaires l’autonomie nécessaire dans leur programme pour distribuer le matériel de jardinage de la manière qui répond le mieux aux besoins de leurs publics.

Julia Ford, coordonnatrice des systèmes alimentaires de la Ville de Victoria, nous explique que ce programme ne pourrait fonctionner sans ces associations partenaires. « Ceci nous permet d’augmenter considérablement notre impact et d’aider des groupes à risque au sein de la population qui, autrement, n’auraient pas forcément d’interaction avec la municipalité. » 

Appuyant le propos de Julia, notre sondage public de cette année a révélé que plus de 30 % des citadin·es ne savent pas vers qui se tourner s’ils rencontrent des problèmes ou souhaitent faire des commentaires sur leur parc. En collaborant avec des organisations locales qui entretiennent des relations étroites avec les résident·es des quartiers, la Ville de Victoria peut venir en aide à des personnes qui se sentent déconnectées des services municipaux. 

Après quatre années d’existence, on estime la production de produits frais à 400 000 livres, soit près de 181 000 kg. Par ailleurs, une évaluation des personnes participant à ce programme a révélé que la grande majorité d’entre elles estimaient qu’il avait amélioré leur bien-être mental, leur consommation d’aliments sains et leur niveau global d’activité physique. Cette initiative démontre ce que l’on peut faire dans les parcs lorsque l’on adopte une perspective de santé publique. 

City-grown seedlings. Credit: City of Victoria, Kingtide Films.

« Je pense que ce programme illustre comment les Services des parcs peuvent exploiter les ressources existantes de manière innovante pour promouvoir activement la santé publique et améliorer la prévention. Selon moi, le secteur des parcs reconnaît l’importance de l’utilisation passive des parcs et de l’accès aux espaces verts pour la santé mentale et le bien-être. Mais comment pouvons-nous soutenir activement les membres de la population qui veulent paver la voie vers des utilisations plus innovantes de l’espace public ? Comment pouvons-nous aider les gens à explorer de nouvelles activités récréatives qui ont du sens et qui sont accessibles et équitables ? »

Julia Ford, Coordonnatrice des systèmes alimentaires de la Ville de Victoria

Recommandations 

  • S’ouvrir à l’idée d’établir des programmes d’agriculture urbaine dans les parcs. Reconnaître qu’il ne s’agit pas uniquement d’une occasion de cultiver des fruits et légumes, mais aussi d’un levier puissant pour renforcer la cohésion sociale, les partenariats et la santé mentale des citadin·es.
  • Collaborer avec les associations locales qui œuvrent auprès des personnes confrontées à l’insécurité alimentaire pour veiller à ce que celles-ci aient accès aux programmes d’agriculture urbaine dans les parcs. 
  • Donner aux associations partenaires l’autonomie nécessaire pour utiliser les ressources de manière innovante afin de répondre au mieux aux besoins spécifiques de leurs publics. 

Leçons tirées de l’ouragan Fiona à Charlottetown

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • L’ouragan Fiona qui a frappé Charlottetown en 2022 a été l’une des tempêtes les plus puissantes au Canada, causant d’énormes dégâts sur les infrastructures et le réseau d’arbres de la ville.
  • Les vents violents ont provoqué des coupures de courant et chutes d’arbres, ce qui a entraîné des problèmes de communication et la fermeture de certains aménagements publics comme des sentiers et des aires de jeux.
  • S’il s’avère compliqué de se protéger des violentes rafales de vent, les municipalités peuvent mieux s’y préparer en renforçant les partenariats entre leurs différents services ainsi qu’avec des groupes citoyens, afin de réagir plus rapidement en période d’incertitude.

Alors que les changements climatiques font augmenter la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes, les villes voient leurs parcs et infrastructures subir des dégâts plus importants. En 2024, 97 % des services des parcs municipaux ont déclaré que répondre aux effets des changements climatiques et des conditions météorologiques extrêmes était devenu un véritable défi. Tandis que les inondations, les sécheresses et les incendies présentent des risques importants, le vent a lui aussi engendré des dégâts considérables ces dernières années.

Les gestionnaires des parcs à qui nous avons parlé en 2023 ont mentionné des tempêtes de plus en plus intenses, caractérisées non seulement par une augmentation de la vitesse des vents, mais aussi des vents qui durent plus longtemps et causent beaucoup plus de dégâts. Bien que les municipalités aient commencé à réaménager leurs parcs et à modifier leurs palettes végétales pour leur permettre de mieux résister aux inondations ou de s’adapter à la sécheresse, il est difficile de se préparer à la survenue de vents violents. 

Frank Quinn, responsable des parcs et des loisirs à la Ville de Charlottetown sur l’Île-du-Prince-Édouard, maîtrise bien la préparation aux tempêtes. Pourtant en septembre 2022, lorsque l’ouragan Fiona s’est abattu sur l’île, l’une des tempêtes les plus violentes à avoir frappé les côtes canadiennes, il a été confronté à un phénomène d’une envergure totalement inédite.

Dégâts causés par l’ouragan Fiona. Crédit : Ville de Charlottetown.

La tempête a été la plus coûteuse de l’Atlantique canadien*, causant 220 millions de dollars de dégâts rien que sur l’Île-du-Prince-Édouard. L’ouragan Fiona a duré plusieurs heures, endommageant sur son passage des infrastructures municipales et dévastant la canopée. Dans l’aire naturelle de Royalty Oaks, de nombreux arbres anciens ont été arrachés, certains âgés de 300 ans.

Frank Quinn a indiqué l’équipe des mesures d’urgence* de la Ville, composée de cadres supérieurs travaillant dans différents services, s’est réunie fréquemment avant et après la tempête. Charlottetown étant une petite municipalité, les membres des différents services ont l’habitude de travailler ensemble et de s’entraider. Ces liens se sont en effet avérés utiles après le passage de cet ouragan. 

« Nous avions déjà de bonnes relations de travail, et tout le monde se connaissait. Nous disposions d’un large éventail d’expériences et d’expertise. » Les membres du personnel municipal ont ainsi pu mettre à profit leurs connaissances mutuelles à l’interne, mais aussi celles de prestataires externes pouvant leur apporter leur soutien. 

Assurer la sécurité publique et les activités de nettoyage était en haut de la liste des priorités. Toutefois, Frank Quinn reconnaît qu’ « après quelques jours passés à l’intérieur, on a envie de sortir. » Durant les premiers jours, son équipe a donc évalué chaque aire de jeux et inspecté les réseaux de sentiers en affichant des avis sur ceux qui étaient fermés ou accessibles au public. 

La communication était compliquée en raison des pannes de courant, ajoute-t-il. Des messages concernant l’avancement du déblaiement des sentiers et la réouverture des aires de jeux ont été publiés sur le site Web de la Ville et communiqués aux médias. Toutefois, c’est en collaborant avec des organisations communautaires, comme les associations religieuses, que la municipalité a pu le mieux relayer ses messages auprès du public.

La Ville intègre actuellement des solutions de secours dans ses systèmes et services. Par ailleurs, Frank Quinn indique que le carburant a été l’un des principaux problèmes rencontrés suite à la tempête. Bien que le personnel municipal ait rempli les réservoirs et les véhicules avant l’arrivée de la tempête, refaire le plein a été plus difficile, car le principal dépôt de carburant ne disposait d’aucun générateur de secours sur place.

« Auparavant, nous avions affaire à des tempêtes de moindre ampleur, avec des coupures de courant pendant un jour ou deux seulement. Mais lorsqu’une partie de la ville est privée d’électricité pendant deux semaines suite à une tempête, cela engendre de nombreux problèmes et défis », comme par exemple les sources d’approvisionnement en carburant.

Frank Quinn, Responsable des parcs et des loisirs à la Ville de Charlottetown sur l’Île-du-Prince-Édouard

Frank Quinn explique que la municipalité a tiré des leçons de son expérience après le passage de l’ouragan Fiona et a déjà commencé à se préparer à la prochaine tempête. « Nous construisons de nouvelles infrastructures et faisons en sorte qu’elles résistent mieux à des vents plus forts », dit-il. La Ville a également acheté de nouveaux équipements permettant de déblayer les arbres, mais pouvant aussi être utilisés pour d’autres usages quotidiens comme le nivellement des sentiers.

Recommandations 

  • Établir des protocoles d’entente avec des organisations et groupes locaux sur les ressources et l’assistance qu’ils peuvent fournir pendant et après le passage d’une tempête (comme un soutien en matière de communication). Ces protocoles doivent toutefois être mis à jour chaque année pour qu’ils soient toujours d’actualité.
  • Créer des stratégies de communication pour relayer à la population des messages importants sur la sécurité ainsi que sur la fermeture ou l’ouverture des aménagements des parcs, comme les sentiers et les terrains de jeux, et ce, même en cas de panne d’électricité. Prévoir notamment d’afficher des messages sur des supports physiques et de tirer parti du réseau de contacts des organisations communautaires.
  • Intégrer des solutions de repli (comme des générateurs) dans les divers systèmes. S’assurer d’avoir suffisamment de carburant pour faire fonctionner les machines nécessaires pour enlever les arbres tombés et nettoyer les sentiers, même si les pompes à carburant ne fonctionnent pas en raison de coupures de courant prolongées.

Comment une collaboration entre services à Toronto redonne vie à des lieux vacants

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • Des problèmes de financement, de propriété, d’accords historiques et de contamination environnementale peuvent laisser des espaces que la municipalité prévoit de convertir en parcs vacants pendant des années.
  • Entre-temps, la Ville de Toronto fait équipe avec des organismes externes de développement culturel et économique pour animer ces espaces. Ces utilisations provisoires permettent au public d’en profiter avant même qu’ils ne soient entièrement aménagés.
  • Grâce à ces utilisations provisoires, la Ville est en mesure de comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Elles permettent de mieux éclairer ses futures décisions en matière de conception, de programmes et gestion de ces espaces.

Les municipalités ont un besoin urgent de trouver des terrains pour créer de nouveaux parcs. Malgré cette nécessité, il arrive que des problèmes de financement, de contamination environnementale et de propriété repoussent de plusieurs années la conception et les travaux définitifs dans ces sites destinés à devenir des parcs. 

Pour relever ce défi, le service des Parcs, forêts et loisirs de la Ville de Toronto collabore avec le service du Développement économique et de la culture de la Ville ainsi qu’avec des organisations externes de développement culturel et économique afin de mettre en place et d’animer des espaces publics faisant cruellement défaut à l’heure actuelle. 

Paul Farish, directeur de la planification des parcs à Toronto, explique qu’au lieu d’attendre parfois des années pour achever le processus officiel, qui comprend la conception et l’acquisition de terrain, – et de laisser le site vacant pendant ce temps – la Ville « le rend accessible au public afin qu’il puisse en profiter et même le façonner à leur image dès le départ. » 

Selon lui, le service du Développement économique et de la culture de la Ville de Toronto représente un « partenaire très utile ». Il permet d’introduire « des idées et des personnes tierces capables de mettre en œuvre des programmes et d’organiser des événements », jusqu’à ce que le service des Parcs, forêts et loisirs de la Ville soit prêt à en faire un parc pleinement opérationnel. 

Citons l’exemple d’un futur parc situé à l’angle des rues Front et Bathurst. Des problèmes de contamination environnementale signifient qu’il faudra plusieurs années avant que la Ville puisse transformer le terrain en parc public. En attendant, la Ville collabore avec Stackt Market* qui a mis en place depuis 2019 un marché abrité dans des conteneurs d’expédition – le plus grand d’Amérique du Nord – ainsi qu’un espace événementiel en plein air sur le site. Grâce à ce partenariat, le lieu accueille des milliers de personnes pour des événements gratuits ou payants*. Il permet aussi à des entreprises locales de vendre leurs produits dans des boutiques éphémères, offre un espace pour se restaurer et donne la priorité aux programmes destinés au grand public. 

« Il s’agit d’un lieu quasi public », déclare Paul Farish, en ajoutant qu’il  « il est important de faire preuve de flexibilité et de reconnaître les différentes manières de concrétiser la vocation d’un site, comme celle d’être un lieu public. »

Les stationnements représentent eux aussi une opportunité. Selon Paul Farish, la Ville prévoit au cours des prochaines années de convertir un certain nombre de zones de stationnement en parcs. Toutefois, en raison d’un manque de financement ou d’autres facteurs, « leur conversion en parc ne sera pas pour demain.

« En attendant, nous devons faire preuve d’un peu de créativité et faire appel à des partenaires pour les animer et les rendre aussi attrayants que possible. »

Paul Farish, Directeur de la planification des parcs à Toronto

Mais l’une des difficultés est que les usager·ère·s risquent de s’attacher à l’utilisation actuelle du site et de se montrer réticent·e·s lorsque viendra le moment de la phase de conception du parc lui-même. « Nous en avons conscience », explique Paul Farish. Dans certains endroits, la Ville émet l’idée d’installer un terrain de pickleball ou de basketball sur une zone de stationnement, une utilisation qui pourrait s’ancrer dans les esprits, même si elle est censée être provisoire. « Mais il faut s’en accommoder », dit-il. « C’est moins préoccupant parce que la finalité de ce lieu public reste la même, en offrant des avantages récréatifs ou environnementaux à la population. »

Phase 1 du nouveau parc dans le quartier Yonge-Eglinton. Crédit : Ville de Toronto.

Dans le quartier de Yonge et Eglinton à Toronto, une zone de stationnement municipal est sur le point de devenir le plus grand parc dans cette partie de la ville depuis des décennies. Il comblerait une forte demande en espaces publics dans ce quartier qui se densifie rapidement. Dans le cadre de la « phase 1 », la Ville y installe des terrains de pickleball et de basketball ainsi que des tables, des bancs et d’autres équipements avant la conception et les travaux définitifs du parc.

Dans le centre-ville de Toronto, qui est lui aussi confronté à un manque criant de parcs, la Ville a fait l’acquisition d’une des dernières zones de stationnement encore non aménagées. Pendant que les travaux environnementaux et les processus de conception du parc sont en cours, le site a été temporairement converti en terrasse de restaurant, devenue très populaire. Reconnu comme un lieu emblématique dans la ville, le site a fait l’objet d’un concours d’architecture* a abouti à un projet innovant doté d’un budget de 10 millions de dollars.

Sur un autre site, au bord du lac Ontario, une zone de stationnement récemment fermée sur la jetée Spadina devrait être réaménagée à court terme pour accueillir des événements culturels et divers, en vue de mettre en valeur son potentiel en tant que futur parc permanent. Paul Farish mentionne un certain nombre d’organisations locales pouvant servir de partenaires pour la mise en œuvre de ces programmes. 

La première est l’organisme de conservation du site The Bentway, qui a créé un espace public sous une partie de la voie express surélevée de la Gardiner, afin d’animer le site pendant l’événement Nuit Blanche de 2023 à Toronto. L’installation de The Bentway (réalisée en partenariat avec la Ville) a permis de tester et de faire connaître ce projet à proximité du lac Ontario, en organisant notamment des projections artistiques sur les silos centenaires récemment restaurés de Canada Malting.

« Cette approche progressive aide le personnel municipal, le public et les partenaires à réfléchir à l’objectif à long terme de ce parc en créant des animations temporaires, des programmes innovants et des expérimentations sur le terrain. »

Paul Farish, Directeur de la planification des parcs à Toronto

Ce processus permet aussi de tirer des enseignements sur ce qui fonctionne sur un site spécifique afin d’orienter la future conception et les besoins opérationnels du parc. 

Cette approche offre également « une certaine souplesse en termes de partenariats et de modèles de gestion », déclare-t-il. « Elle favorise aussi la créativité et l’expérimentation tout en soulignant les avantages de ce lieu public et des terrains municipaux. »

Recommandations 

  • Établir des partenariats entre différents services, ainsi qu’avec les associations des zones d’amélioration commerciale, les organisations de résidentes et résidents, les groupes culturels et les entreprises sociales afin d’animer provisoirement ces sites.
  • Collaborer avec les partenaires locaux ainsi que les habitantes et habitants pour faire en sorte que les utilisations provisoires soient pertinentes et reflètent les points forts du quartier concerné.
  • Communiquer clairement au public la ou les manières dont le site sera utilisé provisoirement. Présenter aussi le potentiel en matière d’expérimentation et comment cette initiative pourrait contribuer à la conception du futur site permanent.

Comment la Ville de Mississauga accroît la superficie des parcs dans un quartier en plein développement pour répondre à la demande future

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • À Mississauga, les normes municipales indiquent déjà un manque criant de parcs dans le quartier de Cooksville en plein développement. Aussi, la mise en place de nouvelles infrastructures et de nouveaux transports en commun ne fera qu’accroître sa densité.
  • La Ville a lancé un plan à long terme qui a été élaboré pour acquérir des propriétés unifamiliales, dont certaines se situent en zones inondables, afin d’augmenter la superficie des parcs dans le quartier sans réduire le nombre de logements.
  • Bien que certaines personnes habitant le quartier contestent cette décision, la municipalité est parvenue à acquérir plusieurs propriétés via un consentement mutuel entre acheteur et vendeur, et n’a donc pas eu recours à ses pouvoirs d’expropriation.

L’un des principaux défis que rencontrent les villes en pleine croissance est d’acquérir de nouvelles parcelles pour l’implantation de parcs dans des quartiers en cours de densification, dans un contexte marqué par une pénurie de terrains encore non construits. En 2023, 69 % des municipalités ont déclaré que l’acquisition de nouveaux terrains destinés à l’implantation d’un parc constituait un défi majeur pour elles. Le plan à long terme de Mississauga montre qu’une approche cohérente et transparente pour l’acquisition de logements existants peut générer des bénéfices durables en matière d’espaces verts pour une population en pleine croissance.

Le quartier de Cooksville, une zone désignée comme centre de croissance urbaine, est déjà confronté à une pénurie de parcs, comme le montre le plan de développement des parcs de la Ville. Alors que la municipalité a pour objectif de dédier 12 % de sa superficie foncière aux parcs dans les centres de croissance urbaine, Cooksville se situe bien en deçà de cet objectif. Selon Sharon Chapman, gestionnaire de la planification des parcs et de la culture de la Ville de Mississauga, l’arrivée du futur système léger sur rail et la construction de tours d’habitation dans le quartier ne feront qu’accroître la démographie.

Pour répondre à la situation, la Ville doit donc prévoir l’acquisition de terrains dans le quartier de Cooksville afin d’accroître la superficie actuelle des parcs pour qu’ils puissent accueillir plus de monde et d’activités différentes. Le conseil municipal a approuvé cette mesure en 2017*. L’identification de 31 propriétés permettant d’acquérir 10 hectares de terrain au total vise à « créer de grandes superficies homogènes de parcs avec des réseaux de sentiers continus ».

Carte d’extension du parc Cooksville et du parc Iggy Kaneff, Mississauga. Crédit : Ville de Mississauga.

Si l’extension des parcs est l’objectif premier, elle présente aussi un deuxième avantage : la résilience climatique. Certaines propriétés identifiées se trouvent actuellement sur des terrains inondables qui n’auraient pas pu être construits de nos jours. Cette situation pourrait donc inciter davantage de propriétaires à vendre leur bien à la Ville, sachant que les maisons ayant été inondées sont plus difficiles à vendre, indique Sharon Chapman. 

Cependant, ce projet n’est pas sans controverse. Les projets de démolition de ces habitations ont provoqué le mécontentement de certain·es propriétaires dans le quartier qui affirment ne pas avoir l’intention de vendre leur bien à la Ville*. Sharon Chapman explique que la résistance initiale des propriétaires était liée à une mésinformation et à des inquiétudes concernant ces changements. La Ville s’est donc attachée à clarifier son intention en précisant que l’acquisition de ces propriétés suivait le principe d’un consentement mutuel entre acheteur et vendeur et que l’expropriation n’était donc pas à l’ordre du jour. Les négociations avec les propriétaires désireux de vendre se basent sur des rapports préparés par des agences d’évaluation indépendantes et accréditées estimant la juste valeur marchande du bien.

Panneau du cours d’eau de Cooksville, Mississauga. Crédit : Ville de Mississauga.

« Notre approche a été de coopérer réellement avec chaque propriétaire. Nous avons respecté les propriétaires qui ne souhaitaient plus en parler. »

Sharon Chapman, Gestionnaire de la planification des parcs et de la culture de la Ville de Mississauga

Comme c’est souvent le cas, la situation a mis en opposition les activistes en faveur des parcs et les activistes défendant le logement, comme s’il fallait choisir entre l’un ou l’autre. Reconnaissant cette situation, Sharon Chapman explique que la Ville était consciente que « le projet pourrait être perçu comme contribuant à réduire le nombre de logements ». Toutefois, elle précise qu’il ne s’agissait que de quelques maisons individuelles et que les 31 propriétés ne comportaient pas toutes des habitations. « Il est vrai que nous perdrons un petit nombre de maisons individuelles, mais la zone va connaître une croissance démographique considérable avec la construction de nouveaux logements. Nous devons donc garder une vue d’ensemble pour faire en sorte de créer suffisamment de parcs dans ce quartier. »

À ce jour, la Ville a acquis 19 propriétés. Cela représente déjà plus de 8 hectares de terrains sur les 10 hectares qu’elle s’est fixée comme objectif. La démolition des habitations se fait au fur et à mesure afin que celles-ci ne demeurent pas vacantes et que le terrain puisse être converti immédiatement en parc.

« Les propriétés que nous avons acquises sont presque suffisantes pour commencer à planifier l’aménagement d’un parc »

Sharon Chapman, Gestionnaire de la planification des parcs et de la culture de la Ville de Mississauga

La municipalité s’apprête désormais à entamer le processus de concertation publique* pour décider des aménagements naturels et construits du parc.

Recommandations 

  • Veiller à communiquer clairement et en termes simples les projets et les mesures d’acquisition de terrains quand ceux-ci impliquent l’achat de propriétés privées, en expliquant les projets d’expansion immobilière à venir dans le quartier où le parc doit être implanté. 
  • Démolir rapidement les bâtiments et transformer les terrains en parcs temporaires en attendant que les plans du parc permanent soient finalisés. Ceci permettra aux résident·es de voir rapidement les résultats et de dissiper les inquiétudes liées aux propriétés vacantes. 
  • Collaborer avec les offices de protection de la nature et les agences concernées pour déterminer les zones inondables. Ceci permettra de mettre en évidence les zones riveraines pouvant répondre à la fois à l’objectif d’expansion des parcs et à l’objectif de résilience aux changements climatiques de la Ville.

Comment mieux mobiliser les adolescent·es dans les espaces publics

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • Une placette temporaire a été aménagée dans un parc en réponse à une demande pour plus de lieux de rencontre pour les jeunes.
  • L’organisation de services-conseils Metalude a été engagée pour observer et impliquer les jeunes dans l’utilisation de cet espace, en réalisant des observations comportementales et des entretiens semi-structurés.
  • Observer la manière dont un espace est utilisé est important. Cela permet de voir comment un lieu conçu pour un usage particulier peut être adapté pour un autre usage, ou comment ce lieu est utilisé différemment par divers groupes de personnes.

En général, les parcs de quartier possèdent souvent des toboggans et des balançoires pour les enfants et des bancs pour les adultes, mais qu’en est-il des ados? Comment cette tranche de la population se divertit-elle et quels aménagements pourraient permettre de répondre à ses besoins?

C’est un sujet auquel Stephanie Watt réfléchit beaucoup. Avec Margaret Fraser, elles sont les codirectrices et cofondatrices de Metalude, une entreprise de conseil dédiée à la mobilisation des jeunes (jusqu’à 18 ans) en vue de promouvoir la participation publique, des espaces publics ludiques et des villes accueillantes pour les enfants.

Stephanie Watt et Margaret Fraser de Metalude. Crédit : Metalude.

Selon Stephanie, les jeunes ont bien conscience de leur « statut minoritaire » dans les espaces publics. Leur participation aux discussions sur la conception des parcs est en effet rarement sollicitée. Les lieux publics étant soit conçus pour les enfants avec des aires de jeux, soit pour les adultes avec d’autres types d’aménagements, ces jeunes ont parfois l’impression de nager entre deux eaux. D’après elle, la question n’est pas de concevoir des structures et des éléments de divertissement à proprement parler, mais d’établir une atmosphère ludique dans l’espace lui-même.

Prenons l’exemple de la placette éphémère du parc Marcelin-Wilson dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville de Montréal. Le parc est situé près de deux grandes écoles secondaires. En réalisant un sondage auprès du public et en discutant avec le personnel de ces écoles, nous avons constaté la nécessité d’avoir un « lieu de rencontre pour les jeunes », déclare David Sauvé, agent de développement au Service de la culture, des loisirs, du sport et du développement social à Ahuntsic-Cartierville. L’arrondissement a donc décidé de tester une « placette éphémère » dans le parc, située également à proximité d’un arrêt de bus et vouée à devenir un lieu de rencontre pour les jeunes. La structure a été conçue avec plusieurs endroits pour s’asseoir afin de favoriser les échanges sociaux.

Parc Marcelin-Wilson. Crédit : Ville de Montréal.

Metalude a été embauché pour comprendre comment cette placette était utilisée par le public. Les méthodes retenues pour cette étude étaient l’observation directe des usages de cet espace, des entretiens semi-structurés auprès des jeunes sur le site et dans d’autres zones du parc, et même dans un centre commercial à proximité où les jeunes se rendent parfois pour manger. Ces observations ont permis de recueillir des données auprès de 500 personnes environ, et des entretiens ont été menés auprès d’une cinquantaine d’adolescent·es pour connaître leur expérience. 

Établir un dialogue avec les jeunes demande d’adopter une approche différente, explique Stephanie Watt. Cela demande de changer les méthodes de concertation utilisées habituellement et perçues comme « professionnelles ». Cela veut dire, par exemple, d’écouter de la musique avec les jeunes pendant une séance de concertation, une méthode qui ferait probablement grincer des dents lors d’une réunion de participation publique traditionnelle. Il faut soit garder une ambiance vraiment légère, soit être très bref, dit-elle. Les jeunes doivent souvent jongler entre plusieurs priorités : s’occuper de leurs frères et sœurs, participer à des activités sportives ou faire leurs devoirs. L’important est d’apprendre à « mener des séances de concertation de 10 ou 15 minutes qui soient riches », précise la codirectrice de Metalude. 

Cette participation publique menée auprès de la jeunesse a été riche d’enseignement pour le personnel de l’arrondissement.

« Cela nous a rappelé notre adolescence, quand nous nous rassemblions dans des espaces publics. Ce sont des choses que nous avons tendance à oublier quand nous devenons adultes. »

David Sauvé, Agent de développement au Service de la culture, des loisirs, du sport et du développement social à Ahuntsic-Cartierville

La méthode de l’étude basée sur l’observation a permis de déterminer les usages spontanés de cette placette, qui guideront potentiellement les futures décisions pour la conception d’une structure permanente. Citons, par exemple, la disposition des bancs en cercle afin de permettre à quatre à six personnes de s’y asseoir et de socialiser, au lieu de la disposition habituelle des bancs alignés dans les parcs qui oblige les gens à s’asseoir dans la même direction, formant ainsi « une rangée de personnes qui ne se parlent pas,» précise Stephanie Watt.

« Ce mobilier urbain favorise les [interactions] en face-à-face, tandis que les autres types de mobiliers était principalement utilisé par des personnes seules qui attendant le bus. »

Stephanie Watt, Codirectrice et cofondatrice de Metalude

Structure en filet de la Plaza du parc Marcelin-Wilson. Crédit : Manoucheka Lachérie.

Une autre observation porte sur l’utilisation d’une structure particulière : le filet installé sur la placette, qui est perçu de manière très différente selon le genre des utilisateurs. Les garçons, le qualifiant de trampoline, avaient tendance à sauter dessus, tandis que les filles le considéraient comme un hamac. Stephanie Watt recommande donc de concevoir deux structures distinctes : l’une pour sauter et l’autre pour se détendre.

« Il est possible d’anticiper certaines choses, mais il est très important d’aller sur le terrain et de voir comment le public les utilise. Et il faut ensuite s’adapter à ces usages. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire »

Stephanie Watt, Codirectrice et cofondatrice de Metalude

Recommandations

  • Veiller à ce que le processus de concertation garde un ton léger ou soit très bref afin d’encourager la participation des jeunes qui ont parfois beaucoup d’autres choses à faire.
  • Solliciter la participation directe des jeunes en allant à leur rencontre et en entamant un dialogue, et pas seulement en installant un kiosque dans un parc. 
  • Tester les aménagements et le mobilier urbain dans le parc en installant des structures bien conçues, mais temporaires. Mener en parallèle des observations et des études sur l’usage réel afin d’adapter leur conception dans la phase finale.

Comment Waterfront Toronto rehausse les normes en matière d’inclusivité grâce à ses directives sur l’accessibilité dans la conception des espaces au bord du lac Ontario

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • Bien que de nombreuses municipalités disent donner la priorité à l’amélioration de l’accessibilité dans les parcs, bon nombre de Canadien·nes se sentent encore exclues des parcs urbains. 
  • Créé par Waterfront Toronto, le comité consultatif permanent sur l’accessibilité, composé de personnes en situation de handicap, est désormais en charge d’examiner la conception de tous les projets à venir.
  • Intégrer diverses expériences vécues dans le processus de révision de la conception d’un projet est essentiel pour créer des espaces publics inclusifs.

Concevoir des projets favorisant l’inclusion et l’accessibilité semble faire partie des priorités de nombreuses municipalités. D’après nos sondages, 78 % des municipalités ont indiqué que concevoir des espaces accessibles à toutes et à tous était une priorité dans leur travail. Cependant, bien que beaucoup se réfèrent aux directives provinciales pour répondre aux normes de base, notre sondage publique de 2022 a révélé que 10 % des citadines et citadins estiment que le manque d’aménagements favorisant l’accessibilité les décourageait de fréquenter et de profiter des parcs de la ville. Cela semble indiquer que les parcs ne sont pas encore accessibles à tout le monde. 

L’agence trigouvernementale Waterfront Toronto* a relevé des lacunes dans les directives provinciales et municipales en matière d’accessibilité lors de la conception de nouveaux espaces publics, en particulier les espaces riverains. Certaines de ces lacunes concernent les normes relatives à la conception des rampes de mise à l’eau des embarcations, des passerelles en bois, des plages et des points d’accès au lac.

Pour créer des espaces publics réellement accessibles, l’organisation avait conscience qu’elle devait solliciter, écouter et faire participer les personnes qui comprennent le mieux les défis et les possibilités en matière d’accessibilité : les personnes vivant avec un handicap. 

Waterfront Toronto a créé un comité consultatif composé de membres possédant une expertise professionnelle et technique, dont la plupart sont des personnes en situation de handicap, pour élaborer de nouvelles directives* pour la conception de ses projets. L’objectif de ces directives est d’aller au-delà des exigences existantes et de faire en sorte que les zones au bord de l’eau puissent être appréciées par tout le monde. Parmi les exigences les plus notables, citons les normes selon lesquelles toutes les plages doivent disposer de sentiers accessibles pour accéder à l’eau, et des rampes de mise à l’eau doivent être prévues pour les canoës et les kayaks spécialement adaptés. 

Inclure des résidentes et résidents ayant un vécu particulier dans un comité consultatif ne constitue pas une nouvelle pratique de concertation publique. Ce qui distingue vraiment cette initiative est le fait que ces directives sont dotées d’un mécanisme permanent incluant les personnes ayant une expérience vécue dans tous les projets à venir. 

Le comité consultatif a adopté le principe directeur « rien sur nous sans nous » et l’idée qu’aucune personne ne peut parler au nom de l’ensemble des personnes en situation de handicap. Les membres du comité ont également souligné l’importance de la phase de mise en œuvre. 

Le Comité consultatif sur l’accessibilité de Waterfront Toronto en visite de site avec l’équipe de Waterfront Toronto (de g. à d. : Bruce Drewett, Pina Mallozzi [WT], Kasia Gladki [WT], Chris Stigas, Roman Romanov, Vail Zerr [WT], Dan Euser, Diane Kolin). Crédit : Waterfront Toronto.

L’un des moyens utilisés par Waterfront Toronto pour aborder cet aspect a été de créer un comité permanent sur l’accessibilité. Il examinera tous les projets du domaine public à venir et donnera son avis sur les futures mises à jour de ces directives. Ce comité chargé du suivi, nommé comité consultatif sur l’accessibilité, est composé de personnes ayant une expertise professionnelle, de défenseur des droits des personnes handicapées et de personnes aidantes. La plupart s’identifient comme des personnes en situation de handicap et reçoivent des honoraires pour le temps qu’elles y consacrent. Lors de la constitution du comité, Waterfront Toronto a recherché des personnes avec différents types de handicaps et expériences pour mieux refléter la diversité des besoins en matière d’accessibilité.

Pour tout nouveau projet de parc ou d’espace public, le comité consultatif sur l’accessibilité est sollicité au moins deux fois pendant le processus. Afin de signaler tout problème d’accessibilité, il donne son avis dès les premières étapes de la phase de conception et une fois la phase de construction terminée. D’autres possibilités de contribuer leur sont également proposées si nécessaire. Cet « examen » de l’ensemble des projets permet d’identifier les aspects susceptibles d’être améliorés. Waterfront Toronto reflétera ces commentaires sous forme d’amendements dans les directives et les appliquera aux projets à venir. L’organisation s’est également engagée à tenir compte de ces commentaires dans les sites concernés lorsque des rénovations ou des réparations sont nécessaires. 

Ces directives définissent de nouvelles normes pour les espaces publics inclusifs en comblant les lacunes et en dépassant les exigences actuelles, tout en intégrant proactivement les personnes ayant une expérience vécue pour orienter les projets à long terme.

Améliorer l’accessibilité aux espaces bleus permet à quiconque de profiter des bienfaits réparateurs de la nature. Si la mise en œuvre de ces nouvelles directives garantit que les personnes vivant avec un handicap puissent fréquenter ces lieux publics, les espaces conçus dans une optique d’accessibilité sont aussi bénéfiques pour l’ensemble de la population.

« Nous savons que, pour créer des zones riveraines dynamiques qui appartiennent à tout le monde, nous devons prendre l’engagement ferme de prioriser l’accessibilité dans tout ce que nous concevons et réalisons. Avec le soutien du comité consultatif sur l’accessibilité, nous faisons de l’accessibilité un autre domaine d’excellence en matière de conception. »

Pina Mallozzi, Vice-présidente principale chargée de la conception à Waterfront Toronto

Recommandations 

  • Veiller à ce que les processus de concertation publique tiennent compte d’un large éventail de personnes vivant avec un handicap, car aucune personne ne peut s’exprimer au nom d’un groupe de personnes tout entier.
  • Proposer aux personnes en situation de handicap de visiter les espaces physiques afin qu’elles puissent contribuer à identifier les obstacles en matière d’accessibilité qui peuvent être plus difficiles à déceler pendant la phase de conception.
  • Faire participer le plus tôt possible dans la phase de conception les résident·e·s ayant une expérience vécue pour garantir que leurs commentaires soient intégrés de manière adéquate dans le projet.

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