Alors que Dave Harvey prend sa retraite de son poste de co-dirigeant chez Ami·es des parcs, il revient sur le chemin parcouru depuis la fondation de l'organisation en 2011.
Pourquoi les événements dans les parcs sont-ils importants ? Comment les subventions s'intègrent-elles dans les objectifs plus larges des Ami·es des parcs pour susciter des changements dans les parcs urbains ?
Quelques conseils utiles pour vous y aider a créer un environnement accueillant, sûr et respectueux pour tou·tes les participant·es, quelle que soit leur capacité physique ou mentale, leur origine, leur âge ou leur identité de genre.
L’hiver peut être éprouvant : il fait sombre, froid, et la neige s'accumule. Explorez des moyens concrets pour redécouvrir la joie de l'hiver.
Visionnez le webinaire de lancement du rapport avec les auteures pour en savoir plus sur les résultats de notre recherche.
L'expérience de la Ville de Charlottetown avec l'ouragan Fiona souligne l'importance des partenariats interservices et des infrastructures résilientes.
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Les groupes citoyens qui s’impliquent dans les parcs urbains manquent souvent de balises pour définir le partage des rôles et responsabilités avec leur administration municipale. Cela complique beaucoup leurs relations et limite les synergies. Qui sont les partenaires clés à réunir pour se coordonner ? Quelle est l’étendue des champs d’actions de chacun ? Lisez comment un processus d’accompagnement du Réseau des ami·es des parcs de Montréal a permis de clarifier les rôles et responsabilités autour du projet de Corridor écologique Darlington !
Les citadins et citadines ont une appréciation grandissante des parcs et désirent s’impliquer de plus en plus, c’est ce que révèle le rapport sur les parcs urbains du Canada de 2022. Notamment, les gens perçoivent que les parcs ont des effets positifs sur leur santé mentale, physique et sociale. Cette affection pour les parcs s’est traduite par leur fréquentation accrue au cours des dernières années. Mais, malgré l’envie de s’impliquer, la plupart ne pensent pas avoir d’influence sur les décisions liées à leurs parcs ; moins du quart de la population a le sentiment d’avoir voix au chapitre ou la capacité d’influencer les décisions liées à leurs parcs. Plus préoccupant encore, parmi les groupes citoyens mobilisés pour les parcs, moins de la moitié disent entretenir des liens solides avec leur municipalité. Or, ceux-ci disent vouloir approfondir les relations, ce qui montre leur intérêt pour une plus forte collaboration.
C’est dans ce contexte que le Réseau des ami·es des parcs de Montréal a souhaité soutenir un groupe impliqué dans les parcs de la métropole du Québec pour favoriser l’émergence de mécanismes de cogestion de ces espaces publics avec l’administration municipale. Ami·es des parcs et le Centre d’écologie urbaine (CEU) ont donc élaboré une démarche d’accompagnement pouvant mener à la formulation d’une entente de cogestion entre l’organisme Éco-pivot et l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce pour la coordination des actions dans le Corridor écologique Darlington, un projet qui visait à recréer des liens entre les espaces naturels, mais aussi entre les gens et entre les humains et la nature.
Éco-pivot, fondé en 2021, est un organisme à but non lucratif (OBNL) qui s’appuie sur une approche socioécologique pour la création de connectivités urbaines pour répondre aux enjeux de fragmentation d’habitats et qui offre des services pour faciliter l’intégration des enjeux de biodiversité. Éco-pivot promeut par exemple la création de corridors écologiques utiles autant pour la biodiversité que pour les communautés locales (services écosystémiques et agriculture urbaine).
Un corridor écologique est un lien pour la biodiversité locale, constitué d’arbres, unissant des espaces verts existants dans la trame urbaine par une approche interdisciplinaire et visant l’atteinte d’une grande diversité d’objectifs propres à chaque milieu. Ces objectifs sont souvent associés aux défis que rencontreront les villes face aux changements climatiques.1
Éco-pivot est fiduciaire du projet du Corridor écologique Darlington, mais ce projet a pris forme en 2012 grâce au rêve et à l’implication d’Alexandre Beaudoin, conseiller en biodiversité à l’Université de Montréal et de l’architecte du paysage Marie Le Mélédo qui conçoivent un projet de corridor écologique vivrier entre des lieux d’importances :
Le but est de faciliter le déplacement de la faune, de la flore, mais aussi l’amélioration du cadre de vie des résidents et résidentes du quartier de Côte-des-Neiges, car le projet a aussi pour cible l’éducation à l’environnement, la gestion des eaux pluviales, la diminution des îlots de chaleur et bien d’autres choses encore.2 Dès ses débuts, c’est la collaboration de l’Université de Montréal et de l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce qui permet la réalisation du projet.3
L’axe nord-sud du Corridor écologique Darlington, tel que rêvé, et ses principaux sites d’intervention :
Principaux sites d’intervention du Corridor écologique Darlington :
Le Corridor écologique Darlington se situe dans l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. C’est l’arrondissement de Montréal le plus populeux, avec près de 170 000 personnes qui y résident. C’est un arrondissement où 77 % de la population est issue de l’immigration et où plus de 24 % des personnes vivent en situation de pauvreté. La zone desservie par le Corridor est comprise entre le district Côte-des-Neiges et le district Darlington.4 Ces districts sont fort contrastés d’un point de vue socioéconomique ; notamment, le district Darlington compte une population plus défavorisée et moins scolarisée.5
La participation dans la ville n’est pas comprise par tous de la même manière, car plusieurs niveaux de participation et d’influence peuvent s’exercer. L’échelle de la participation décrit cinq paliers d’implication croissante qui commence par le partage d’information et se termine par la codécision (voir illustration6). C’est à ce dernier stade que se greffe le principe de cogestion.
La cogestion émane d’abord du monde entrepreneurial dans l’Allemagne d’après la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion des syndicats.7 Elle consiste en la « gestion en commun d’un organisme, d’une institution, etc., par les différents membres qui les composent ou par leurs représentants, notamment par le patronat et les travailleurs dans une entreprise ».8
Au Québec, comme ailleurs, les modes de gouvernance des parcs peuvent suivre plusieurs modèles. On y trouve le plus souvent un modèle qui implique uniquement les institutions publiques, lorsque les municipalités sont seules gestionnaires des lieux, par exemple. À l’inverse, on voit parfois un modèle pour lequel une ville conclut un accord afin qu’une organisation gère un espace public de manière assez indépendante. Mais on voit de plus en plus apparaître des modèles hybrides qui impliquent des partenariats formels, par exemple entre une ville et un OBNL, pour gérer ensemble des lieux publics, comme c’est le cas avec les Amis du champ des possibles ou avec les Amis de la montagne. Dans ce contexte, des ententes de gestion sont formulées pour préciser les rôles et responsabilités des différents partenaires.
Afin de favoriser l’établissement d’une entente de cogestion entre Éco-pivot et l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, un accompagnement a été proposé par le Réseau des ami·es des parcs de Montréal entre juillet et novembre 2022.
Les objectifs généraux de l’accompagnement étaient :
L’implication du Réseau des ami·es des parcs de Montréal a surtout consisté à organiser et à animer 3 ateliers collaboratifs au cours de l’automne 2022 pour inciter les parties prenantes à s’engager plus loin dans la collaboration. Éco-pivot s’est occupé des relations avec d’autres partenaires et de certains aspects logistiques associés aux rencontres. L’Arrondissement a coordonné la participation de son personnel, a fourni la salle de réunion pour tenir les ateliers et a imprimé des cartes en grand format.
Atelier 1 : Mieux connaître le corridor écologique Darlington ; enjeux avec les parties prenantes
Objectifs :
Atelier 2 : Rêver le corridor écologique Darlington ; identification d’orientations communes (Marche exploratoire de 5 arrêts et atelier en salle)
Atelier 3 : Un corridor écologique Darlington pour tous et toutes ; définition du type de gouvernance partagé
Alexandre Beaudoin, conseiller en biodiversité, Université de Montréal et initiateur du projet de corridor écologique, a partagé quant à lui la vision de son équipe pour la suite de la collaboration. Il croit qu’une table de coordination entre les parties prenantes serait la voie pour garder le dialogue et avancer de concert vers la mise en œuvre d’un Corridor écologique Darlington, tant pour son aménagement que pour son animation.
Le premier atelier a permis de brosser le portrait du Corridor écologique Darlington en révélant ses enjeux particuliers et d’extraire les thèmes principaux sur lesquels travailler lors de l’atelier suivant. par exemple, les participantes et les participants ont constaté le manque de clarté des rôles des parties prenantes et la déficience de leur coordination; la méconnaissance du Corridor écologique Darlington par la population du quartier et son manque de mobilisation ainsi que le déficit d’aménagements inclusifs et le manque d’employés ou de bénévoles pour le suivi des plantations.
Le second atelier a permis de préciser le portrait du Corridor écologique Darlington, mais surtout de déterminer des orientations pour guider les parties prenantes dans une possible gestion partagée des lieux. Ainsi, on souhaite spécifier les rôles de chacun afin de coordonner les ressources pour mieux répondre aux besoins sur le terrain. On veut également renforcer la communication entre les partenaires, ainsi qu’avec les résidents et résidentes, par exemple en partageant l’information sur les projets en développement dans une infolettre, en prévoyant un plan de mobilisation et en tenant des rencontres annuelles.
Thème 1: la concertation des parties prenantes
Thème 2: la cocréation et de la gestion participative du Corridor écologique Darlington
Lors du troisième atelier, l’exercice visant à définir des rôles possibles des parties prenantes impliquées dans le Corridor écologique Darlington a été fructueux. Il a révélé des complémentarités qui laissent voir une meilleure répartition des champs d’action et des responsabilités.
Si l’on attend de la part des organisations partenaires qu’elles consultent, mobilisent et animent l’espace du Corridor écologique Darlington, on s’attend à ce que la municipalité soutienne les organismes et qu’elle définisse un cadre réglementaire qui permette des zones de liberté pour les actions du milieu communautaire (tableau 1). Une interface inattendue a aussi été créée par les participants où l’on trouve des rôles communs et des responsabilités partagées, ce qui démontre une forte volonté de collaboration entre la Ville et ses partenaires. Quant aux citoyens et citoyennes, on souhaite leur implication grandissante ; on voudrait les voir exprimer leurs besoins et leurs rêves et qu’ils et elles participent à donner vie au Corridor écologique Darlington.
Tableau 1 : Pistes de cogestion du Corridor écologique Darlington (concertation, aménagement et animation)
Le dernier élément du processus d’accompagnement a été de faire émerger des éléments pouvant former une base d’entente de gouvernance partagée entre Éco-pivot et l’Arrondissement. C’est une étape très encourageante, mais les détails n’ont été partagés qu’entre les partenaires pour l’instant.
Le processus d’accompagnement nous apparaît comme un succès et les suites sont très prometteuses. L’ensemble des partenaires participants semble très satisfait du processus et enthousiaste à poursuivre des démarches de coopération pouvant mener à la formation d’une entente de cogestion. Voici quelques éléments que nous retenons de cette expérience.
Bons coups
Défis
Recommandations
Dans le cadre du Réseau des ami·es des parcs de Montréal, Ami·es des parcs et le Centre d’écologie urbaine ont organisé une série d’ateliers collaboratifs pour favoriser le rapprochement des parties prenantes du Corridor écologique Darlington et pour formuler ensemble l’ébauche d’une entente de cogestion pour l’aménagement et l’animation de certains espaces publics.
Au-delà des ateliers, une série de réunions a eu lieu pour organiser et coordonner toutes les étapes du processus et décider des suivis à réaliser par chaque partie prenante. Ces rencontres ont aidé à formuler une stratégie, à planifier les actions, mais surtout à renforcer les liens de confiance entre le Réseau des ami·es des parcs de Montréal, Éco-pivot et les personnes représentant l’arrondissement Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce. Grâce aux liens approfondis et aux habitudes de collaboration amplifiées au fil de cette démarche d’accompagnement, nous pressentons que la poursuite des efforts pourrait mener à l’établissement d’une entente de cogestion.
De manière générale, ce projet pilote fut un succès aux yeux des organisations participantes autant que pour le Réseau des ami·es des parcs de Montréal. Cette réussite nous encourage à améliorer la démarche d’accompagnement et à la proposer dans d’autres quartiers pour favoriser le rapprochement entre les organisations amies de parcs et les instances municipales. Ainsi, si les conditions s’y prêtaient à l’avenir, une telle démarche pourrait susciter la multiplication de la cogestion dans les parcs montréalais pour mieux servir les intérêts de la communauté tout en révélant le pouvoir des parcs.
1. Beaudoin, A., Bissonnette, J. F., Messier, C., Dupras, J. (soumis) Les corridors écologiques urbains : défis de gouvernance pour passer de la théorie à la pratique. Vertigo.
2. Sampson, X. (2022, 31 mai). Le corridor écologique Darlington, un rêve qui devient réalité. Société Radio‑Canada.
3. Corridor écologique Darlington. (s.d.).
4. Ville de Montréal (2017). Profil de district électoral : Darlington, Arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grace et Profil de district électoral : Côte-des-Neiges, Arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.
5. Ville de Montréal (2018). Atlas sociodémographique : Recensement 2016, Arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.
6. Santé Canada. (2000). Cité dans Centre d’écologie urbaine. (2015). L’urbanisme participatif : Aménager la ville avec et pour ses citoyens.
7. Sandoz, G. (1980). Principes et pratiques de la cogestion. Dans Autogestions, NS N° 2-3. Mouvements alternatifs et cogestions en Allemagne fédérale.
8. Université de Sherbrooke. (2022). Cogestion. Dans Usito : le dictionnaire.
Ce travail de recherche a été rédigé par le Réseau des ami·es des parcs de Montréal en collaboration avec le Corridor écologique Darlington et Éco-pivot.
Le Réseau des Ami·es des parcs de Montréal
Nous n’avons jamais autant profité des parcs urbains qu’au cours des deux dernières années. Voici maintenant l’occasion de montrer un peu d’amour aux espaces verts qui nous ont tant apporté.
À l’occasion de la Journée de la Terre, ce webinaire dépoussiére l’idée des corvées de nettoyage du printemps. Des expert·es vous proposent des idées pour rendre ces journées attractives, dynamiques et bénéfiques à long terme. Cette présentation incite à participer à une activité de nettoyage dans votre parc local, à lancer votre propre initiative, ou même à redonner vie à un événement existant dans votre quartier. Elle est destinée à toute personne souhaitant renouveler son approche pour mobiliser le public à contribuer aux parcs qui nous apportent tant.
Ce webinaire se déroule en anglais mais les sous-titres français sont disponibles.
Harpreet est le président de l’Association du quartier County Court dans la ville de Brampton en Ontario. Son travail illustre…
Marica travaille depuis plus de 20 ans dans le domaine communautaire et environnemental au Québec et à l’étranger. Elle est…
Depuis 2015, les Amis du parc d’Oakridge, dans le quartier du même nom à Toronto, organisent des événements pour mobiliser…
Plus vos espaces verts sont nombreux et en bonne santé, mieux vous vous portez! Toutefois, les municipalités disposent-elles toujours de leviers réglementaires et juridiques suffisants pour protéger les milieux naturels?
Dans ce webinaire, Jean-François Girard, avocat et biologiste spécialiste du droit de l’environnement, fait état de l’applicabilité de ces leviers. Isabelle Bérubé, directrice du développement pour la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), présente des projets démontrant la contribution importante de la mobilisation citoyenne et du soutien des communautés pour la protection du territoire.
Ce webinaire est disponible en français.
Féministe intersectionnelle, conférencière et intervenante, Lourdenie Jean se perfectionne sur les thématiques touchant de près ou de loin la justice…
Anne Pelletier travaille à la Direction régionale de santé publique du CIUSSS du Centre Sud de Montréal depuis 2008 au…
Michel Lafleur est résident du quartier Villeray depuis presque 30 ans. Convaincu de l’impact positif des espaces verts sur la…
Karel Mayrand est le président-directeur général de la Fondation du Grand Montréal. Auparavant, il a été pendant douze ans directeur…
Comment s’assurer que les montréalaises et montréalais aient un accès équitable aux parcs de leur ville et que ceux-ci répondent à leurs besoins ?
Les expert·es Jérôme Dupras, Lourdenie Jean, Anne Pelletier et Michel Lafleur partagent leurs différentes perspectives sur les défis et opportunités liés aux questions de justice environnementale et d’équité territoriale des parcs urbains de Montréal.
Ce webinaire se déroule en français.
Les arts, les sciences et l’environnement s’entrecroisent dans la vie de Jérôme Dupras. Suite à un doctorat en géographie et…
Bien que l’importance des grandes zones naturelles soit indéniable, des études ont montré que les projets de biodiversité urbaine à petite échelle, comme les jardins de pollinisateurs, contribuaient aussi grandement à la santé des écosystèmes urbains. En milieu urbain, chaque parcelle de terrain compte.
Dans ce webinaire, des expert·es et des militant·es nous parlent des avantages écologiques de ces petits habitats urbains, ainsi que des politiques et initiatives qui soutiennent (ou non) ces projets. Vous apprendrez aussi à créer votre propre petit habitat naturel, directement dans votre jardin ou dans un parc près de chez vous!
Architecte paysagiste membre de l’AAPQ, Caroline a apporté à l’équipe une connaissance approfondie des réseaux professionnels, municipaux et communautaires de…
Mahnaz Ghalib est passionnée par l’environnement et travaille sur des solutions innovantes et durables grâce à la mobilisation citoyenne. Son…
Carmen est une artiste visuelle et performeuse interdisciplinaire. Depuis des années maintenant, elle initie des projets artistiques et des projets…
L’hiver peut nous faire sentir isolé·es, mais il est essentiel de sortir et de se connecter avec nos voisin·es lorsque les températures chutent. La bonne nouvelle, c’est que plusieurs initiatives à travers le Canada nous aident à trouver de la lumière dans l’obscurité, de la chaleur dans le froid, et à redécouvrir le plaisir de jouer dans la neige..
Est-ce que vous vous considérez comme une personne casanière pendant les mois d’hiver ? Le manque de lumière, le froid et la neige peuvent sembler décourageants, mais en abordant chaque défi un à un, vous pouvez trouver des moyens pratiques pour changer votre perception de l’hiver.
Nous savons que sortir et se connecter avec d’autres personnes peut offrir de nombreux bienfaits lorsque l’on se sent isolé·e pendant cette saison. Voici quelques idées pour inspirer votre groupe à animer votre parc pendant l’hiver.
Le jour de l’année avec le moins d’heures de lumière est aussi celui où l’obscurité est la plus présente. Au Canada, les célébrations du solstice embrassent cette obscurité plutôt que de combattre la diminution de la lumière.
Chaque année, Secret Lantern Society* réunit des milliers de personnes pour le Festival du Solstice d’Hiver de Vancouver, un événement qui célèbre la culture et le cycle de la nature.
Le Festival se déroule en une soirée unique dans quatre lieux de Vancouver. Avant l’événement, des quartiers de la ville organisent des ateliers de fabrication de lanternes. Certains ateliers sont gratuits, tandis que d’autres demandent une petite contribution.
Au cœur du festival se trouve la procession de lanternes, qui se déroule par quartier. Les résident·es défilent dans la nuit hivernale avec leurs lanternes, en dansant, en jouant du tambour, et en profitant du feu, des performances artistiques et de la nourriture.
Un labyrinthe lumineux, composé de plus de 600 bougies en cire d’abeille, invite les participant·es à se promener pour un moment de détente.
Les activités hivernales les plus courantes—comme le ski, la raquette et la glissade—nécessitent de l’équipement et une planification, ce qui peut créer davantage d’obstacles à sortir en hiver Mais avez-vous entendu parler du Yukigassen?
Le Yukigassen* est la pratique sportive du combat de boules de neige. Au Japon, le Yukigassen ou “batailles de neige” existe depuis plusieurs décennies. Des organisations comme Play Sask* à Saskatoon organisent depuis des années des combats de boules de neige dans les parcs.
Pendant que les matchs de Yukigassen, les participant·es s’affrontent à coups de boules de neiges pour essayer de récupérer le drapeau de l’équipe adverse. Les joueuses et joueurs doivent avoir au moins 19 ans et porter un casque et des protections oculaires. Certaines villes proposent désormais des versions plus douces du jeu, utilisant des boules en mousse plutôt qu’en neige.
« Lancer des boules de neige est très satisfaisant et permet de revivre un peu de son enfance. »
Ashleigh Mattern, Co-propriétaire de Play Sask
Ce tournoi à Jasper vous donne un aperçu de l’intensité du jeu:
Imaginez un parc urbain transformé en une forêt hivernale enchantée. Au Parc Jarry à Montréal, la Coalition des ami·es du Parc Jarry (CAP Jarry) a lancé une initiative de recyclage créatif en transformant des sapins de Noël usagés en une forêt temporaire qui reflétait les espoirs et les rêves des visiteur·euses du parc. Les résident·es de Montréal ont été invité·es à apporter leurs anciens sapins au Parc Jarry et à les placer dans des supports en bois préfabriqués, créant ainsi une magnifique petite forêt urbaine où les gens pouvaient se promener. Après une exposition de deux semaines dans le parc, une entreprise spécialisée dans la valorisation du bois a collecté les sapins et leur a donné une nouvelle vie.
« Il y a eu beaucoup de curiosité, une sorte d’entraide, surtout une telle synergie… Le projet a eu un impact extrêmement positif. »
Mme. Fumagalli, mairesse de de l’arrondissement Villeray-St-Michel-Parc-Extension
Partie abri, partie installation artistique, les huttes chauffantes sont conçues pour inciter les gens à braver le froid.
Les huttes chauffantes de Winnipeg* sont situées le long du River Mutual Trail, qui se transforme chaque hiver en l’une des plus longues pistes de patinage au Canada. Ces huttes ont acquis une renommée internationale dans le cadre d’un concours architectural mondialement célèbre.
En 2024, plus de 200 propositions de design en provenance du monde entier ont été soumises. Chaque année, les visiteurs peuvent s’attendre à découvrir des créations uniques aux côtés de favoris appréciés.
« Au cours des dix dernières années, le concours des huttes chauffantes a encouragé des millions de personnes à patiner sur le River Trail et à interagir avec l’art. »
Peter Hargraves, Producteur des Huttes chauffantes
Les Stations d’hiver de Toronto se sont inspirées de l’initiative de Winnipeg. Les structures sont construites autour de stations de sauvetage préexistantes sur une plage du lac Ontario, avec des designs chaque année centrés autour d’un thème sélectionné qui inspire des créations fantastiques.
À l’instar du programme de Winnipeg, les Stations d’hiver de Toronto métamorphosent un paysage hivernal habituellement désert en un espace dynamique et engageant.
Les huttes chauffantes et festivals du solstice sont des projets trop importants pour votre groupe? Voici quelques enseignements clés tirés de ces initiatives pour vous aider à imaginer des animations hivernales pour votre parc.
Divisez l’hiver en plusieurs périodes: Rendez la saison hivernale plus festive en organisant des événements autour du solstice, du réveillon du Nouvel An, du Nouvel An chinois et de la Saint-Valentin. Ne percevez pas l’hiver simplement comme « la saison de la neige ». Par exemple, le début de l’hiver est propice aux activités ne dépendant pas de la neige ou de la glace : profitez des longues soirées avec des feux de camp, des bougies, des soirées d’observation des étoiles et des promenades en nature illuminées par des lanternes.
Utilisez la nostalgie de l’enfance: Les souvenirs d’enfance contribuent à rendre des activités comme le Yukigassen plus amusantes. Bien que tout le monde n’ait pas d’expérience avec la neige, il est encore possible de rendre l’expérience joyeuse. De nombreuses cultures ont des traditions hivernales uniques ; en intégrant des perspectives interculturelles, vous pouvez créer de nouvelles opportunités pour que chacun·e construise ses propres souvenirs hivernaux.
Le froid, la neige et la glace se marient à la perfection avec l’art: Collaborez avec des artistes, architectes, urbanistes et designers locaux pour rendre l’hiver plus vibrant. Examinez votre infrastructure existante—un pavillon, un terrain de tennis ou tout espace sous-utilisé—et réfléchissez à comment la transformer en une destination hivernale. Considérez ces escapades hivernales et installations temporaires comme des forts de neige dont la maintenance est limitée.
Établir et cultiver des liens avec votre conseiller·ère municipal·e sera un élément clé pour atteindre les objectifs de votre groupe et pour votre parc. Voici quelques conseils pour vous mettre en relation avec votre conseiller·ère et l’informer des ambitions que votre groupe a formulées pour votre parc et votre quartier.
Pour apporter des améliorations à votre parc, votre conseiller·ère municipal·e peut représenter un·e allié·e de taille. Ces personnes ont souvent une grande influence sur le sort des parcs, c’est pourquoi il est bon de leur présenter votre groupe dès le début de vos démarches. En effet, si vous avez l’idée de créer un jardin communautaire, d’installer une fontaine à eau ou d’organiser un événement, votre conseiller·ère devrait être l’une des premières personnes que vous consultez.
Que ce soit prendre contact pour la première fois avec votre conseiller·ère, en faire un·e allié·e ou lui demander de défendre vos intérêts, voici les cinq étapes à suivre pour le ou la mettre en relation avec votre groupe œuvrant pour ce parc.
Consultez le site de votre municipalité et trouvez la personne responsable de votre quartier, district ou arrondissement. Envoyez-lui un courriel ou une lettre de présentation amicale expliquant qui vous êtes, quelles sont les activités de votre groupe, depuis combien de temps vous êtes actifs et combien de membres vous comptez. Si plusieurs de vos membres habitent dans le quartier ou le district en question, n’oubliez pas de le lui faire savoir. Votre message n’en sera que plus convaincant!Lorsque vous écrivez à votre conseiller·ère, rappelez-lui que des parcs bien conçus favorisent la fréquentation du public et sont donc plus bénéfiques pour la population. Vous pouvez vous référer au Rapport d’Ami·es des parcs, sur les parcs urbains du Canada pour trouver des statistiques utiles, telles que, pour l’édition 2023 :
0 %
des Canadien·nes disent que les parcs contribuent à leur santé mentale
des Canadien·nes disent que les parcs contribuent à leur santé physique
des Canadien·nes disent que les parcs contribuent à leurs liens sociaux et bien-être
L’objectif de votre lettre devrait être de prendre rendez-vous en personne dans les prochains jours. Si vous ne recevez pas de réponse dans la semaine, n’oubliez pas de passer un coup de fil; votre conseiller·ère est probablement une personne très occupée! Lors de votre appel, rappelez-lui la date et le contenu de votre courriel (ne supposez pas qu’il ou elle l’ait lu) et la raison pour laquelle vous souhaitez une rencontre.
Attention : La gouvernance des parcs touche différents paliers gouvernementaux. Il est donc crucial de vous assurer de vous adresser au bon pallier. Pour ce faire, il est possible d’appeler le numéro de soutien municipal (ex. à Montréal, le 3-1-1) ou effectuer une recherche en ligne pour vous renseigner, afin de clarifier si vous intervenez sur un parc de compétence de la municipalité , d’un arrondissement, du gouvernement fédéral, provincial, etc. Le présent outil s’adresse en premier lieu aux personnes qui souhaitent intervenir sur un parc de compétence municipale, mais certaines recommandations peuvent s’appliquer aux autres juridictions.
Pour en savoir plus sur le partage des compétences au niveau des parcs pour la Ville de Montréal, consultez cet article.
Présentez votre groupe et son travail avec des exemples concrets, des chiffres sur la participation à vos activités, et des photos. Puis, expliquez les aspirations de votre groupe pour ce parc. Votre groupe a probablement une longue liste de souhaits, mais lors de votre première réunion, concentrez-vous sur vos deux ou trois « demandes principales ». Cela peut être déconcertant pour votre conseiller·ère d’entendre énumérer une dizaine de changements ou de nouvelles initiatives. Prenez le temps de bien faire comprendre en quoi vos demandes principales sont essentielles et qu’elles justifient votre rencontre.
Une bonne pratique consiste à expliquer en quoi votre demande appuie la mission ou les objectifs de votre interlocuteur et son organisation. Vous vous positionnerez ainsi en allié, dès votre premier contact. Veillez à expliquer tout cela avec le sourire. Expliquez que vous espérez établir une collaboration afin d’apporter des améliorations au parc.
Lors de la réunion, apportez tous les documents dont vous disposez : avis collectifs, documents d’information, photos des événements précédents, etc. Votre conseiller·ère doit gérer simultanément de nombreux dossiers importants et vous devrez donc présenter vos idées de manière convaincante. L’objectif de cette réunion devrait être de l’inciter à visiter votre parc et à rencontrer votre groupe.
Visiter le parc avec votre conseiller·ère peut vous aider à mieux lui communiquer vos ambitions et à voir s’il est possible de faire équipe ensemble. Lors de votre première rencontre, demandez quelles dates lui conviendraient pour se rendre au parc ensemble.Si vous connaissez un·e professionnel·le responsable de la gestion du parc, vous pouvez l’invitez à cette visite, autrement, vous pouvez demander à la personne élue d’en faire autant. Avisez chaque personne de la présence de l’autre et que votre groupe sera là pour les accueillir. Votre message sera plus convaincant si plusieurs personnes sont présentes.
Une fois sur place (avec ou sans le ou la gestionnaire du parc), décrivez vos idées à votre conseiller·ère. Concentrez-vous sur vos deux ou trois demandes principales, mais ne manquez pas aussi de présenter les possibilités, comme les activités que vous aimeriez organiser, par exemple :
Si vous souhaitez en savoir plus sur la manière d’organiser votre propre événement, consultez le guide Organisation d’une activité dans votre parc.
Tenez régulièrement votre conseiller·ère au courant de ce que vous prévoyez dans le parc. Traitez cette personne comme un membre de votre groupe en l’invitant à vos événements. Vous pouvez aussi l’inviter à prendre la parole à certains événements que vous organisez dans le parc. Si elle accepte de prendre la parole, incluez la mention de cette personne dans vos affiches et communications et donnez-lui l’occasion de s’adresser à votre groupe ou aux participant·es de vos activités.
Les conseiller·ères municipaux souhaitent interagir directement avec leur électorat, c’est pourquoi les apparitions publiques, comme les événements organisés dans les parcs, sont des occasions importantes pour eux.
Vous savez maintenant comment procéder pour faire de votre conseiller·ère municipal·e un·e allié·e… à long terme! Pour solidifier véritablement la relation, n’oubliez pas de lui envoyer un récapitulatif de vos événements et accomplissements.
Une fois par an, faites le bilan avec lui ou elle de ce que vous avez réalisé dans le parc. Ajoutez des photos d’activités animées qui se sont déroulées dans le parc. Assurez-vous que votre conseiller·ère figure sur au moins une photo!
Vos conseiller·ères municipaux peuvent également aider votre groupe à obtenir les autorisations nécessaires. Obtenir ces permis prend non seulement du temps, mais peut aussi être coûteux. Ils peuvent souvent se charger des formalités administratives pour vous et, dans certains cas, vous dispenser de payer les frais. Une fois que vous avez établi un lien, n’hésitez pas à lui demander ce qui est possible.
Cette étude de cas fait partie du Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.
Au fil des dernières années, nous avons collectivement pris conscience de la prévalence du racisme systémique dans les parcs et les espaces publics. Historiquement, ces espaces ont été des lieux où les personnes Noires, Autochtones et racisées ont été confrontées à la suspicion, à la surveillance, au harcèlement, à la violence, voire même à la mort.
Année après année, notre sondage a révélé qu’environ un· citadin·e sur 10 évite les parcs et espaces verts par crainte de discrimination ou de surveillance policière.
Cette année, lorsqu’on a demandé si les parcs urbains devraient faire davantage pour traiter l’équité et la justice raciale, plus des deux tiers (67 %) ont répondu par l’affirmative. De même, en 2023, 66 % des Villes ont reconnu le rôle des parcs dans la lutte contre le racisme.
En dépit d’une prise de conscience croissante, les mesures prises demeurent limitées. À peine 17 % des Villes s’estiment suffisamment outillées pour combattre le racisme, laissant les besoins des populations racisées de côté.
Comment les municipalités peuvent-elles passer de la prise de conscience à l’action ? Nous avons discuté avec Jay Pitter* à propos d’ “ÊTRE UNE PERSONNE NOIRE DANS L’ESPACE PUBLIC”, un sondage binational développé par Jay Pitter Placemaking (Chercheuse principale : Jay Pitter, co-chercheur : Professeur L. Anders Sandberg) et administré par l’Institute for Social Research. Le sondage posait la question suivante : « Quelles sont les politiques d’aménagement des espaces publics, les approches de conception et les attitudes sociales tacites qui diminuent ou améliorent l’expérience des personnes Noires dans les villes »?
Cette recherche met en lumière les zones d’ombre autour de l’expérience des personnes Noires dans les parcs et espaces publics au Canada et aux États-Unis. Jay Pitter a relevé un manque de données, en particulier au Canada, sur la perception et l’expérience des communautés Noires dans ces espaces. Beaucoup d’organisations mesurent l’inclusion de manière limitée, en mettant l’accent sur la sécurité ou l’absence de violence à l’égard des personnes Noires, mais Jay Pitter souligne que ce n’est pas suffisant : atténuer la violence ne doit être qu’un point de départ.
Ses recherches explorent également comment les traumatismes historiques et actuels liés au racisme, à la brutalité policière et à la violence dans les espaces publics, ainsi que les inégalités en matière de mobilité et le manque de voies vers la prospérité économique, affectent le bien-être des personnes Noires, leur sentiment d’appartenance sociale et leur droit à l’appropriation des lieux publics.
« Au cœur de ce sondage se trouve la volonté de combler un vide laissé par les autres statistiques, en plaçant les personnes Noires au centre, en tant qu’êtres humains et spirituels à part entière. Les études et témoignages précédents omettent souvent de mentionner les répercussions des incidents liés à l’insécurité et aux restrictions. Que signifient ces chiffres ? Qu’en est-il de la santé mentale des personnes Noires, leur identité, leur sentiment d’appartenance, ainsi que leur imagination et leurs aspirations ? Un de mes principaux objectifs était de réhumaniser les individus et communautés Noires en leur offrant un espace pour une introspection, une guérison intérieure et l’expression libre de leurs rêves. »
Jay Pitter, Experte en aménagement, professeure adjointe en urbanisme et auteure
Le sondage ÊTRE UNE PERSONNE NOIRE DANS L’ESPACE PUBLIC adopte une approche axée sur les ressources tout en prenant en compte les traumatismes, afin de valoriser la joie et le savoir des personnes Noires. Les participant·es ont été invité·es à partager des souvenirs et expériences positives dans les espaces publics. Jay Pitter insiste sur l’importance d’apprendre des succès, et pas seulement des tragédies.
Jay Pitter met également en avant la contribution des communautés Noires aux espaces publics.
« Je ne voulais pas réduire notre présence dans l’espace public à une simple expérience de victimisation. Malgré l’esclavage, des siècles de politiques excluant les personnes noires des espaces publics et des expériences disproportionnées de violence et d’itinérance, le travail, le savoir-faire en création d’espaces publics et la culture des communautés noires ont grandement contribué à façonner et revitaliser ces espaces. Nous y apportons de la vie. »
En mettant l’accent sur la joie et en reconnaissant les contributions des personnes Noires dans la création d’espaces, cette approche illustre comment les villes peuvent collaborer avec les groupes méritant l’équité sans les contraindre à revisiter des récits d’oppression. Jay Pitter a mentionné que plusieurs personnes se sont dites reconnaissantes d’avoir pu partager leurs expériences positives.
Les conclusions de ce sondage seront partagées dans un rapport axé sur l’action en février 2025, offrant aux villes et institutions des pistes pour encourager une véritable inclusion des communautés Noires dans les parcs et autres espaces publics. Jay Pitter a révélé certaines conclusions préliminaires : les parcs figurent parmi les espaces publics les plus fréquentés par les communautés Noires et sont généralement perçus comme des lieux sécuritaires. Toutefois, les parcs peinent à promouvoir l’identité culturelle noire, un profond sentiment d’appartenance et des programmes inclusifs.
Selon Jay Pitter, il existe des opportunités considérables pour progresser, notamment à travers la co-création d’espaces, une représentation accrue des personnes Noires dans la gestion des parcs, le partage du pouvoir, ainsi que des événements qui valorisent les communautés Noires. Pour en savoir plus sur la manière dont votre ville peut favoriser l’inclusion des communautés Noires dans les espaces publics, consultez le site internet jaypitter.com* pour accéder au rapport complet à partir de février 2025.
Dans la région métropolitaine de Vancouver, une entente inédite entre les parcs régionaux du Grand Vancouver et la Première Nation Tsleil-Waututh redéfinit la gestion des parcs. Ce partenariat novateur met en lumière une nouvelle approche, alliant préservation de l’environnement et reconnaissance de l’héritage culturel, passé et présent, des Premières Nations.
S’étendant sur de 2 560 acres, le parc régional təmtəmíxʷtən/Belcarra* est deux fois et demie plus grand que le parc Stanley de Vancouver et accueille 1,2 million de visiteur·euses par an. Autrefois, ce parc abritait le plus grand village ancestral de la nation Tsleil-Waututh.
Gabriel George, membre de la Première Nation Tsleil-Waututh et directeur national du développement des terres et ressources issues des traités, souligne la fracture historique causée par la transformation de ce territoire en parc : « Cela nous a coupé·e·s de notre terre. Ce partenariat est un moyen essentiel pour nous de réaffirmer nos droits. »
Mike Redpath, directeur des parcs régionaux du Grand Vancouver, a précisé que la collaboration avec la Première NationTsleil-Waututh a débuté en 2017, menant à l’élaboration d’un « Accord de coopération et de planification culturelle* » signé en 2020. L’accord établit des principes directeurs clairs pour la gestion conjointe du parc. Ce cadre inclut la préservation des ressources naturelles, la valorisation récréative du site, et une sensibilisation accrue du public à l’héritage de la Nation.
« L’accord reconnaît pleinement qu’il s’agit d’une terre publique. Cependant, il y a eu une utilisation traditionnelle du site, et l’accord vise à trouver un équilibre entre les deux », a déclaré Mike Redpath.
Une bonne gouvernance est la pierre angulaire d’un partenariat réussi. L’accord de coopération prévoit deux mécanismes de gouvernance : un comité de direction et un comité technique, composés à la fois de membres de la Nation et des parcs régionaux du Grand Vancouver.
Le comité technique établit les priorités des projets dans un plan de travail annuel, qui est ensuite approuvé par le comité de direction et soumis durant le processus budgétaire annuel. Chaque projet comprend un « accord d’engagement », qui définit les livrables et garantit que les deux partenaires comprennent bien leurs rôles et responsabilités.
L’accord comprend également des politiques de développement économique, notamment le recours à des entrepreneur·ses approuvé·es par la Première NationTsleil-Waututh pour encourager les entreprises locales à prospérer dans le parc.
« Nous avions une économie solide, mais elle nous a été largement confisquée », a souligné Gabriel George. « Nous avions des devises plus anciennes que le papier. Nous avions des systèmes d’échange. Nous avons perdu tout cela. » Il a rappelé que son peuple récoltait des palourdes depuis des millénaires, mais qu’il a ensuite été contraint de « se faufiler la nuit, après avoir été privé de ce droit ». Rechercher des occasions économiques aujourd’hui est donc, selon lui, « un droit inhérent ».
Bien que l’accord de coopération ait été signé il y a seulement quatre ans, plusieurs projets d’envergure ont déjà été réalisés depuis, et d’autres sont en cours.
L’un des premiers a été le renommage officiel du parc en 2021, désormais connu sous le nom de təmtəmíxʷtən/Belcarra Regional Park. C’était la première fois que les parcs régionaux du Grand Vancouver effectuaient une telle démarche en partenariat avec les communautés des Premières Nations.
Pour Gabriel George, il ne s’agit pas simplement de « renommer » le parc.
« C’est bien plus que cela. C’est reconnaître le véritable nom de cet endroit. C’est important parce que nous avons besoin d’être représenté·es. Nous devons être vu·es et entendu·es sur notre propre territoire. »
Gabriel George, Membre de la Première Nation Tsleil-Waututh et directeur national du développement des terres et ressources issues des traités
Mike Redpath a également souligné que cette initiative créait un précédent en matière de dénomination des parcs du Grand Vancouver, ouvrant la voie à son application dans d’autres lieux. En effet, un autre parc régional a récemment été renommé, abandonnant le nom de Colony Farm Regional Park pour devenir ƛ̓éxətəm (tla-hut-um) Regional Park*, un nom attribué par la Première Nation kʷikʷəƛ̓əm (Kwikwetlem), qui signifie « nous vous accueillons ».
Parmi les autres projets communs, un mât de bienvenue a été érigé sur l’ancien site du village traditionnel de la Nation. D’autres projets incluent des efforts de restauration environnementale, la mise en place de programmes éducatifs, ainsi qu’une étude sur le patrimoine culturel pour approfondir la compréhension de l’histoire du parc.
Malgré le temps nécessaire pour la mise en place de cet accord, Mike Redpath, directeur des parcs régionaux du Grand Vancouver, souligne les bénéfices indéniables. Le personnel peut « décrocher le téléphone et parler à quelqu’un de la Nation qui leur est familier. Cela contribue à faire progresser les projets communs, et parfois même plus rapidement. »
La volonté d’essayer de faire les choses différemment est un facteur de réussite. « C’est un processus de changement », a déclaré Mike Redpath, ajoutant que c’est une manière différente de faire des affaires à bien des égards. Il a mis l’accent sur l’importance d’une communication initiale et soutenue pour bâtir la confiance nécessaire à une collaboration forte.
« L’accord n’est qu’un bout de papier, ce sont les relations humaines et la collaboration qui font la véritable différence. »
Mike Redpath, Directeur des parcs régionaux du Grand Vancouver
Gabriel George appuie ces propos. « Il peut être si facile de ne pas changer les choses », a-t-il déclaré, mais il est important de sortir des zones de confort et de faire les choses différemment. « Vous ne pouvez pas tout résoudre, mais vous pouvez réfléchir à l’héritage que vous souhaitez laisser. »
« Je pense que, pour les Nations Autochtones, les parcs peuvent être des lieux importants à occuper et à reprendre en main », a-t-il déclaré, ajoutant qu’ils ont connu de grands succès dans certaines de leurs initiatives liées aux parcs « C’est notre maison. C’est comme l’extension de notre communauté. »
Ces cinq dernières années, les programmes axés sur l’alimentation dans les parcs, comme les forêts nourricières, les jardins collectifs et les plantes comestibles, ont gagné en ampleur et en popularité dans les villes canadiennes. Il est clair que les municipalités et leur population perçoivent tout le potentiel de l’agriculture urbaine et souhaitent le développer. Ces trois dernières années, 50 % des citadin·es ont déclaré à plusieurs reprises vouloir voir davantage d’agriculture urbaine et de jardins collectifs dans leurs parcs.
Si les villes prévoient d’investir dans des programmes d’agriculture urbaine dans les parcs, comment peuvent-elles s’assurer qu’ils sont utilisés et, surtout, que les fruits de leurs récoltes atteignent avant tout les personnes qui en ont besoin ?
Lancé en 2020, le programme Get Growing Victoria* de la Ville de Victoria adopte une approche de justice alimentaire en fournissant des outils et du matériel de jardinage aux quartiers dont les communautés sont particulièrement vulnérables à l’insécurité alimentaire, notamment les personnes sans logement, les communautés autochtones et racialisées, ainsi que les personnes âgées et les jeunes.
Au lieu de se focaliser uniquement sur l’accès du grand public à des aliments frais, la justice alimentaire donne la priorité aux tranches de la population qui sont confrontées à des obstacles structurels et systémiques pour assurer leur sécurité alimentaire. En prenant en compte les obstacles au jardinage, le programme Get Growing parvient à fournir des aliments durables et sains à celles et ceux qui sont souvent exclu·es des programmes de jardins collectifs.
Le Service des parcs a vite constaté que le meilleur moyen d’atteindre ces groupes à risque était de collaborer avec des associations locales qui connaissent mieux leurs besoins. Cette collaboration a également permis à la municipalité d’apporter une aide efficace en intervenant là où se trouvent ces populations plutôt que d’attendre qu’elles s’identifient elles-mêmes et qu’elles suivent le processus d’inscription mis en place par la Ville.
Ce programme compte désormais 67 partenaires locaux parmi des organismes de santé publique, des prestataires de services en santé mentale, des organisations d’aide aux personnes immigrées et réfugiées, des prestataires de services sociaux ainsi que des organismes œuvrant pour l’accès à des logements abordables. Les organisations partenaires fournissent à leurs bénéficiaires et à leur famille du matériel de jardinage ainsi que des plants de légumes cultivés dans les serres de la Ville. Ils peuvent ainsi les utiliser dans leur propre jardin ou dans un jardin collectif près de chez eux. Get Growing offre à ses partenaires l’autonomie nécessaire dans leur programme pour distribuer le matériel de jardinage de la manière qui répond le mieux aux besoins de leurs publics.
Julia Ford, coordonnatrice des systèmes alimentaires de la Ville de Victoria, nous explique que ce programme ne pourrait fonctionner sans ces associations partenaires. « Ceci nous permet d’augmenter considérablement notre impact et d’aider des groupes à risque au sein de la population qui, autrement, n’auraient pas forcément d’interaction avec la municipalité. »
Appuyant le propos de Julia, notre sondage public de cette année a révélé que plus de 30 % des citadin·es ne savent pas vers qui se tourner s’ils rencontrent des problèmes ou souhaitent faire des commentaires sur leur parc. En collaborant avec des organisations locales qui entretiennent des relations étroites avec les résident·es des quartiers, la Ville de Victoria peut venir en aide à des personnes qui se sentent déconnectées des services municipaux.
Après quatre années d’existence, on estime la production de produits frais à 400 000 livres, soit près de 181 000 kg. Par ailleurs, une évaluation des personnes participant à ce programme a révélé que la grande majorité d’entre elles estimaient qu’il avait amélioré leur bien-être mental, leur consommation d’aliments sains et leur niveau global d’activité physique. Cette initiative démontre ce que l’on peut faire dans les parcs lorsque l’on adopte une perspective de santé publique.
« Je pense que ce programme illustre comment les Services des parcs peuvent exploiter les ressources existantes de manière innovante pour promouvoir activement la santé publique et améliorer la prévention. Selon moi, le secteur des parcs reconnaît l’importance de l’utilisation passive des parcs et de l’accès aux espaces verts pour la santé mentale et le bien-être. Mais comment pouvons-nous soutenir activement les membres de la population qui veulent paver la voie vers des utilisations plus innovantes de l’espace public ? Comment pouvons-nous aider les gens à explorer de nouvelles activités récréatives qui ont du sens et qui sont accessibles et équitables ? »
Julia Ford, Coordonnatrice des systèmes alimentaires de la Ville de Victoria