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Comment la Ville de Mississauga accroît la superficie des parcs dans un quartier en plein développement pour répondre à la demande future

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • À Mississauga, les normes municipales indiquent déjà un manque criant de parcs dans le quartier de Cooksville en plein développement. Aussi, la mise en place de nouvelles infrastructures et de nouveaux transports en commun ne fera qu’accroître sa densité.
  • La Ville a lancé un plan à long terme qui a été élaboré pour acquérir des propriétés unifamiliales, dont certaines se situent en zones inondables, afin d’augmenter la superficie des parcs dans le quartier sans réduire le nombre de logements.
  • Bien que certaines personnes habitant le quartier contestent cette décision, la municipalité est parvenue à acquérir plusieurs propriétés via un consentement mutuel entre acheteur et vendeur, et n’a donc pas eu recours à ses pouvoirs d’expropriation.

L’un des principaux défis que rencontrent les villes en pleine croissance est d’acquérir de nouvelles parcelles pour l’implantation de parcs dans des quartiers en cours de densification, dans un contexte marqué par une pénurie de terrains encore non construits. En 2023, 69 % des municipalités ont déclaré que l’acquisition de nouveaux terrains destinés à l’implantation d’un parc constituait un défi majeur pour elles. Le plan à long terme de Mississauga montre qu’une approche cohérente et transparente pour l’acquisition de logements existants peut générer des bénéfices durables en matière d’espaces verts pour une population en pleine croissance.

Le quartier de Cooksville, une zone désignée comme centre de croissance urbaine, est déjà confronté à une pénurie de parcs, comme le montre le plan de développement des parcs de la Ville. Alors que la municipalité a pour objectif de dédier 12 % de sa superficie foncière aux parcs dans les centres de croissance urbaine, Cooksville se situe bien en deçà de cet objectif. Selon Sharon Chapman, gestionnaire de la planification des parcs et de la culture de la Ville de Mississauga, l’arrivée du futur système léger sur rail et la construction de tours d’habitation dans le quartier ne feront qu’accroître la démographie.

Pour répondre à la situation, la Ville doit donc prévoir l’acquisition de terrains dans le quartier de Cooksville afin d’accroître la superficie actuelle des parcs pour qu’ils puissent accueillir plus de monde et d’activités différentes. Le conseil municipal a approuvé cette mesure en 2017*. L’identification de 31 propriétés permettant d’acquérir 10 hectares de terrain au total vise à « créer de grandes superficies homogènes de parcs avec des réseaux de sentiers continus ».

Carte d’extension du parc Cooksville et du parc Iggy Kaneff, Mississauga. Crédit : Ville de Mississauga.

Si l’extension des parcs est l’objectif premier, elle présente aussi un deuxième avantage : la résilience climatique. Certaines propriétés identifiées se trouvent actuellement sur des terrains inondables qui n’auraient pas pu être construits de nos jours. Cette situation pourrait donc inciter davantage de propriétaires à vendre leur bien à la Ville, sachant que les maisons ayant été inondées sont plus difficiles à vendre, indique Sharon Chapman. 

Cependant, ce projet n’est pas sans controverse. Les projets de démolition de ces habitations ont provoqué le mécontentement de certain·es propriétaires dans le quartier qui affirment ne pas avoir l’intention de vendre leur bien à la Ville*. Sharon Chapman explique que la résistance initiale des propriétaires était liée à une mésinformation et à des inquiétudes concernant ces changements. La Ville s’est donc attachée à clarifier son intention en précisant que l’acquisition de ces propriétés suivait le principe d’un consentement mutuel entre acheteur et vendeur et que l’expropriation n’était donc pas à l’ordre du jour. Les négociations avec les propriétaires désireux de vendre se basent sur des rapports préparés par des agences d’évaluation indépendantes et accréditées estimant la juste valeur marchande du bien.

Panneau du cours d’eau de Cooksville, Mississauga. Crédit : Ville de Mississauga.

« Notre approche a été de coopérer réellement avec chaque propriétaire. Nous avons respecté les propriétaires qui ne souhaitaient plus en parler. »

Sharon Chapman, Gestionnaire de la planification des parcs et de la culture de la Ville de Mississauga

Comme c’est souvent le cas, la situation a mis en opposition les activistes en faveur des parcs et les activistes défendant le logement, comme s’il fallait choisir entre l’un ou l’autre. Reconnaissant cette situation, Sharon Chapman explique que la Ville était consciente que « le projet pourrait être perçu comme contribuant à réduire le nombre de logements ». Toutefois, elle précise qu’il ne s’agissait que de quelques maisons individuelles et que les 31 propriétés ne comportaient pas toutes des habitations. « Il est vrai que nous perdrons un petit nombre de maisons individuelles, mais la zone va connaître une croissance démographique considérable avec la construction de nouveaux logements. Nous devons donc garder une vue d’ensemble pour faire en sorte de créer suffisamment de parcs dans ce quartier. »

À ce jour, la Ville a acquis 19 propriétés. Cela représente déjà plus de 8 hectares de terrains sur les 10 hectares qu’elle s’est fixée comme objectif. La démolition des habitations se fait au fur et à mesure afin que celles-ci ne demeurent pas vacantes et que le terrain puisse être converti immédiatement en parc.

« Les propriétés que nous avons acquises sont presque suffisantes pour commencer à planifier l’aménagement d’un parc »

Sharon Chapman, Gestionnaire de la planification des parcs et de la culture de la Ville de Mississauga

La municipalité s’apprête désormais à entamer le processus de concertation publique* pour décider des aménagements naturels et construits du parc.

Recommandations 

  • Veiller à communiquer clairement et en termes simples les projets et les mesures d’acquisition de terrains quand ceux-ci impliquent l’achat de propriétés privées, en expliquant les projets d’expansion immobilière à venir dans le quartier où le parc doit être implanté. 
  • Démolir rapidement les bâtiments et transformer les terrains en parcs temporaires en attendant que les plans du parc permanent soient finalisés. Ceci permettra aux résident·es de voir rapidement les résultats et de dissiper les inquiétudes liées aux propriétés vacantes. 
  • Collaborer avec les offices de protection de la nature et les agences concernées pour déterminer les zones inondables. Ceci permettra de mettre en évidence les zones riveraines pouvant répondre à la fois à l’objectif d’expansion des parcs et à l’objectif de résilience aux changements climatiques de la Ville.

Comment mieux mobiliser les adolescent·es dans les espaces publics

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • Une placette temporaire a été aménagée dans un parc en réponse à une demande pour plus de lieux de rencontre pour les jeunes.
  • L’organisation de services-conseils Metalude a été engagée pour observer et impliquer les jeunes dans l’utilisation de cet espace, en réalisant des observations comportementales et des entretiens semi-structurés.
  • Observer la manière dont un espace est utilisé est important. Cela permet de voir comment un lieu conçu pour un usage particulier peut être adapté pour un autre usage, ou comment ce lieu est utilisé différemment par divers groupes de personnes.

En général, les parcs de quartier possèdent souvent des toboggans et des balançoires pour les enfants et des bancs pour les adultes, mais qu’en est-il des ados? Comment cette tranche de la population se divertit-elle et quels aménagements pourraient permettre de répondre à ses besoins?

C’est un sujet auquel Stephanie Watt réfléchit beaucoup. Avec Margaret Fraser, elles sont les codirectrices et cofondatrices de Metalude, une entreprise de conseil dédiée à la mobilisation des jeunes (jusqu’à 18 ans) en vue de promouvoir la participation publique, des espaces publics ludiques et des villes accueillantes pour les enfants.

Stephanie Watt et Margaret Fraser de Metalude. Crédit : Metalude.

Selon Stephanie, les jeunes ont bien conscience de leur « statut minoritaire » dans les espaces publics. Leur participation aux discussions sur la conception des parcs est en effet rarement sollicitée. Les lieux publics étant soit conçus pour les enfants avec des aires de jeux, soit pour les adultes avec d’autres types d’aménagements, ces jeunes ont parfois l’impression de nager entre deux eaux. D’après elle, la question n’est pas de concevoir des structures et des éléments de divertissement à proprement parler, mais d’établir une atmosphère ludique dans l’espace lui-même.

Prenons l’exemple de la placette éphémère du parc Marcelin-Wilson dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville de Montréal. Le parc est situé près de deux grandes écoles secondaires. En réalisant un sondage auprès du public et en discutant avec le personnel de ces écoles, nous avons constaté la nécessité d’avoir un « lieu de rencontre pour les jeunes », déclare David Sauvé, agent de développement au Service de la culture, des loisirs, du sport et du développement social à Ahuntsic-Cartierville. L’arrondissement a donc décidé de tester une « placette éphémère » dans le parc, située également à proximité d’un arrêt de bus et vouée à devenir un lieu de rencontre pour les jeunes. La structure a été conçue avec plusieurs endroits pour s’asseoir afin de favoriser les échanges sociaux.

Parc Marcelin-Wilson. Crédit : Ville de Montréal.

Metalude a été embauché pour comprendre comment cette placette était utilisée par le public. Les méthodes retenues pour cette étude étaient l’observation directe des usages de cet espace, des entretiens semi-structurés auprès des jeunes sur le site et dans d’autres zones du parc, et même dans un centre commercial à proximité où les jeunes se rendent parfois pour manger. Ces observations ont permis de recueillir des données auprès de 500 personnes environ, et des entretiens ont été menés auprès d’une cinquantaine d’adolescent·es pour connaître leur expérience. 

Établir un dialogue avec les jeunes demande d’adopter une approche différente, explique Stephanie Watt. Cela demande de changer les méthodes de concertation utilisées habituellement et perçues comme « professionnelles ». Cela veut dire, par exemple, d’écouter de la musique avec les jeunes pendant une séance de concertation, une méthode qui ferait probablement grincer des dents lors d’une réunion de participation publique traditionnelle. Il faut soit garder une ambiance vraiment légère, soit être très bref, dit-elle. Les jeunes doivent souvent jongler entre plusieurs priorités : s’occuper de leurs frères et sœurs, participer à des activités sportives ou faire leurs devoirs. L’important est d’apprendre à « mener des séances de concertation de 10 ou 15 minutes qui soient riches », précise la codirectrice de Metalude. 

Cette participation publique menée auprès de la jeunesse a été riche d’enseignement pour le personnel de l’arrondissement.

« Cela nous a rappelé notre adolescence, quand nous nous rassemblions dans des espaces publics. Ce sont des choses que nous avons tendance à oublier quand nous devenons adultes. »

David Sauvé, Agent de développement au Service de la culture, des loisirs, du sport et du développement social à Ahuntsic-Cartierville

La méthode de l’étude basée sur l’observation a permis de déterminer les usages spontanés de cette placette, qui guideront potentiellement les futures décisions pour la conception d’une structure permanente. Citons, par exemple, la disposition des bancs en cercle afin de permettre à quatre à six personnes de s’y asseoir et de socialiser, au lieu de la disposition habituelle des bancs alignés dans les parcs qui oblige les gens à s’asseoir dans la même direction, formant ainsi « une rangée de personnes qui ne se parlent pas,» précise Stephanie Watt.

« Ce mobilier urbain favorise les [interactions] en face-à-face, tandis que les autres types de mobiliers était principalement utilisé par des personnes seules qui attendant le bus. »

Stephanie Watt, Codirectrice et cofondatrice de Metalude

Structure en filet de la Plaza du parc Marcelin-Wilson. Crédit : Manoucheka Lachérie.

Une autre observation porte sur l’utilisation d’une structure particulière : le filet installé sur la placette, qui est perçu de manière très différente selon le genre des utilisateurs. Les garçons, le qualifiant de trampoline, avaient tendance à sauter dessus, tandis que les filles le considéraient comme un hamac. Stephanie Watt recommande donc de concevoir deux structures distinctes : l’une pour sauter et l’autre pour se détendre.

« Il est possible d’anticiper certaines choses, mais il est très important d’aller sur le terrain et de voir comment le public les utilise. Et il faut ensuite s’adapter à ces usages. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire »

Stephanie Watt, Codirectrice et cofondatrice de Metalude

Recommandations

  • Veiller à ce que le processus de concertation garde un ton léger ou soit très bref afin d’encourager la participation des jeunes qui ont parfois beaucoup d’autres choses à faire.
  • Solliciter la participation directe des jeunes en allant à leur rencontre et en entamant un dialogue, et pas seulement en installant un kiosque dans un parc. 
  • Tester les aménagements et le mobilier urbain dans le parc en installant des structures bien conçues, mais temporaires. Mener en parallèle des observations et des études sur l’usage réel afin d’adapter leur conception dans la phase finale.

Comment Waterfront Toronto rehausse les normes en matière d’inclusivité grâce à ses directives sur l’accessibilité dans la conception des espaces au bord du lac Ontario

Cette étude de cas fait partie du Rapport 2024 sur les parcs urbains du Canada, mettant en lumière des projets, des personnes et des politiques inspirant·es à travers le Canada, qui offrent des solutions concrètes aux défis les plus urgents auxquels font face les parcs urbains.

Résumé

  • Bien que de nombreuses municipalités disent donner la priorité à l’amélioration de l’accessibilité dans les parcs, bon nombre de Canadien·nes se sentent encore exclues des parcs urbains. 
  • Créé par Waterfront Toronto, le comité consultatif permanent sur l’accessibilité, composé de personnes en situation de handicap, est désormais en charge d’examiner la conception de tous les projets à venir.
  • Intégrer diverses expériences vécues dans le processus de révision de la conception d’un projet est essentiel pour créer des espaces publics inclusifs.

Concevoir des projets favorisant l’inclusion et l’accessibilité semble faire partie des priorités de nombreuses municipalités. D’après nos sondages, 78 % des municipalités ont indiqué que concevoir des espaces accessibles à toutes et à tous était une priorité dans leur travail. Cependant, bien que beaucoup se réfèrent aux directives provinciales pour répondre aux normes de base, notre sondage publique de 2022 a révélé que 10 % des citadines et citadins estiment que le manque d’aménagements favorisant l’accessibilité les décourageait de fréquenter et de profiter des parcs de la ville. Cela semble indiquer que les parcs ne sont pas encore accessibles à tout le monde. 

L’agence trigouvernementale Waterfront Toronto* a relevé des lacunes dans les directives provinciales et municipales en matière d’accessibilité lors de la conception de nouveaux espaces publics, en particulier les espaces riverains. Certaines de ces lacunes concernent les normes relatives à la conception des rampes de mise à l’eau des embarcations, des passerelles en bois, des plages et des points d’accès au lac.

Pour créer des espaces publics réellement accessibles, l’organisation avait conscience qu’elle devait solliciter, écouter et faire participer les personnes qui comprennent le mieux les défis et les possibilités en matière d’accessibilité : les personnes vivant avec un handicap. 

Waterfront Toronto a créé un comité consultatif composé de membres possédant une expertise professionnelle et technique, dont la plupart sont des personnes en situation de handicap, pour élaborer de nouvelles directives* pour la conception de ses projets. L’objectif de ces directives est d’aller au-delà des exigences existantes et de faire en sorte que les zones au bord de l’eau puissent être appréciées par tout le monde. Parmi les exigences les plus notables, citons les normes selon lesquelles toutes les plages doivent disposer de sentiers accessibles pour accéder à l’eau, et des rampes de mise à l’eau doivent être prévues pour les canoës et les kayaks spécialement adaptés. 

Inclure des résidentes et résidents ayant un vécu particulier dans un comité consultatif ne constitue pas une nouvelle pratique de concertation publique. Ce qui distingue vraiment cette initiative est le fait que ces directives sont dotées d’un mécanisme permanent incluant les personnes ayant une expérience vécue dans tous les projets à venir. 

Le comité consultatif a adopté le principe directeur « rien sur nous sans nous » et l’idée qu’aucune personne ne peut parler au nom de l’ensemble des personnes en situation de handicap. Les membres du comité ont également souligné l’importance de la phase de mise en œuvre. 

Le Comité consultatif sur l’accessibilité de Waterfront Toronto en visite de site avec l’équipe de Waterfront Toronto (de g. à d. : Bruce Drewett, Pina Mallozzi [WT], Kasia Gladki [WT], Chris Stigas, Roman Romanov, Vail Zerr [WT], Dan Euser, Diane Kolin). Crédit : Waterfront Toronto.

L’un des moyens utilisés par Waterfront Toronto pour aborder cet aspect a été de créer un comité permanent sur l’accessibilité. Il examinera tous les projets du domaine public à venir et donnera son avis sur les futures mises à jour de ces directives. Ce comité chargé du suivi, nommé comité consultatif sur l’accessibilité, est composé de personnes ayant une expertise professionnelle, de défenseur des droits des personnes handicapées et de personnes aidantes. La plupart s’identifient comme des personnes en situation de handicap et reçoivent des honoraires pour le temps qu’elles y consacrent. Lors de la constitution du comité, Waterfront Toronto a recherché des personnes avec différents types de handicaps et expériences pour mieux refléter la diversité des besoins en matière d’accessibilité.

Pour tout nouveau projet de parc ou d’espace public, le comité consultatif sur l’accessibilité est sollicité au moins deux fois pendant le processus. Afin de signaler tout problème d’accessibilité, il donne son avis dès les premières étapes de la phase de conception et une fois la phase de construction terminée. D’autres possibilités de contribuer leur sont également proposées si nécessaire. Cet « examen » de l’ensemble des projets permet d’identifier les aspects susceptibles d’être améliorés. Waterfront Toronto reflétera ces commentaires sous forme d’amendements dans les directives et les appliquera aux projets à venir. L’organisation s’est également engagée à tenir compte de ces commentaires dans les sites concernés lorsque des rénovations ou des réparations sont nécessaires. 

Ces directives définissent de nouvelles normes pour les espaces publics inclusifs en comblant les lacunes et en dépassant les exigences actuelles, tout en intégrant proactivement les personnes ayant une expérience vécue pour orienter les projets à long terme.

Améliorer l’accessibilité aux espaces bleus permet à quiconque de profiter des bienfaits réparateurs de la nature. Si la mise en œuvre de ces nouvelles directives garantit que les personnes vivant avec un handicap puissent fréquenter ces lieux publics, les espaces conçus dans une optique d’accessibilité sont aussi bénéfiques pour l’ensemble de la population.

« Nous savons que, pour créer des zones riveraines dynamiques qui appartiennent à tout le monde, nous devons prendre l’engagement ferme de prioriser l’accessibilité dans tout ce que nous concevons et réalisons. Avec le soutien du comité consultatif sur l’accessibilité, nous faisons de l’accessibilité un autre domaine d’excellence en matière de conception. »

Pina Mallozzi, Vice-présidente principale chargée de la conception à Waterfront Toronto

Recommandations 

  • Veiller à ce que les processus de concertation publique tiennent compte d’un large éventail de personnes vivant avec un handicap, car aucune personne ne peut s’exprimer au nom d’un groupe de personnes tout entier.
  • Proposer aux personnes en situation de handicap de visiter les espaces physiques afin qu’elles puissent contribuer à identifier les obstacles en matière d’accessibilité qui peuvent être plus difficiles à déceler pendant la phase de conception.
  • Faire participer le plus tôt possible dans la phase de conception les résident·e·s ayant une expérience vécue pour garantir que leurs commentaires soient intégrés de manière adéquate dans le projet.

Pour en savoir plus 

À la fin du mois de juin 2024, 13 ans après avoir fondé l’organisation, je quitterai mon poste de codirigeant d’Ami·es des parcs.

À cette occasion, je repense aux nombreux changements positifs qui se sont produits dans les parcs urbains du Canada depuis 2011 et au rôle particulier qu’a joué Ami•es des parcs. Beaucoup de chemin a été parcouru, que ce soit mon parcours personnel, dans l’organisation, et au sein de l’incroyable écosystème des parcs urbains du Canada.

Depuis nos tout débuts, l’objectif d’Ami•es des parcs a toujours été de créer des liens : entre les gens et la nature, entre les personnes d’un même quartier lors de rencontres fortuites dans des lieux publics, et entre leaders et initiatives audacieuses susceptibles d’améliorer nos parcs.

L’origine des Ami•es des parcs reflète d’ailleurs bien ce thème. En 2010, j’ai publié un document pour la Metcalf Foundation intitulé « Fertile Ground for New Thinking* » présentant mes idées pour améliorer le système des parcs de Toronto. Dans mes recommandations finales, je suggérai la création d’une ONG dédiée aux parcs de la ville. À l’époque, je n’avais absolument pas l’intention de créer ou de diriger une telle organisation. Cependant, ma publication a inspiré un groupe de personnes enthousiastes qui m’ont incité à lancer cette ONG. En retour, j’ai réussi à les persuader de faire partie des membres fondateurs de notre Conseil d’administration et de nos bénévoles. Nous nous sommes alors lancés dans un plan audacieux visant à aider le plus grand nombre de personnes possibles à se considérer comme des leaders pour les parcs urbains et à les relier aux outils dont ils ont besoin pour créer de grands parcs pour tout le monde.

Le 12 avril 2011, Ami·es des parcs a officiellement vu le jour lors du Sommet des parcs de Toronto. Cette occasion nous a permis de nouer les premiers contacts avec des spécialistes des parcs et des activistes émergents dans la ville. À partir de ces conversations animées, nous avons commencé à établir une force collective pour soutenir et pérenniser des espaces verts dynamiques dont toutes et tous en ville puissent profiter pleinement.

Source : Forum des parcs de Toronto, Toronto, 2012

Depuis lors, le groupe original, constitué de membres du Conseil d’administration et de bénévoles, s’est développé de manière exponentielle : Ami•es des parcs compte aujourd’hui plus de 25 employé•es travaillant dans nos bureaux à Vancouver, Toronto et Montréal. Notre Conseil d’administration national compte des spécialistes de l’aménagement urbain et du développement citoyen. Nous avons également rallié des milliers de personnes à notre cause : notre Réseau national rassemble désormais 1 400 groupes citoyens œuvrant pour des parcs dans 35 villes du pays. Nous octroyons des micro-subventions à des groupes citoyens de 21 zones urbaines du Canada pour animer leurs parcs.

Source : Première retraite corporative d’Ami·es des parcs, Ontario, 2022

C’est vrai, Ami·es des parcs a connu une forte croissance et une belle réussite, mais quel impact avons-nous eu sur les parcs du Canada ?

En créant Ami•es des parcs, notre objectif était de susciter un mouvement en faveur des parcs urbains, susceptible de changer radicalement la façon dont notre société perçoit la valeur de ces espaces verts publics. Il s’agissait d’un projet ambitieux. Toutefois, grâce à notre collaboration avec des partenaires et responsables de groupes citoyens fantastiques, je pense que nous avons accompli notre mission. 

Les parcs du Canada ont connu beaucoup de changements – principalement positifs – ces 13 dernières années. C’est avec beaucoup de fierté que nous avons modestement contribué à ces transformations. Pour ce faire, nous avons mené des recherches cruciales sur les tendances et les possibilités dans les parcs. Nous avons aussi travaillé avec les autorités et les responsables de parcs pour soutenir des politiques novatrices.

Les résultats :

Les parcs urbains sont devenus nos jardins communs

La hausse importante de la fréquentation des parcs au plus fort de la pandémie n’était pas un phénomène isolé : je n’avais jamais vu autant de gens fréquenter les parcs et les utiliser de manière aussi innovante. Les parcs nous permettent de rester en contact avec notre cercle amical, de célébrer des événements, de gérer un deuil, de goûter de nouveaux plats, d’écouter de la musique et de découvrir des expositions d’art. Ils sont la clé de voute de la diversité, de la richesse et du dynamisme de la vie urbaine.

Source : Clean Toronto Together et Trees Across Toronto, Toronto, 2013

C’est en nous appuyant sur cette conviction que nous avons conçu nos programmes de bourse, nos formations et nos activités de réseautage. Ces programmes ont aidé des centaines de personnes à transformer leurs parcs en centres communautaires dynamiques. Nous avons constamment défendu la valeur unique des parcs : avec notre plateforme axée sur les parcs pour les élections municipales de 2014 à Toronto, avec nos articles sur I’importance des parcs urbains, avec nos conférences nationales et avec notre Rapport sur les parcs urbains du Canada.

Les parcs urbains autrefois considérés comme « un plus » sont désormais considérés comme des infrastructures urbaines essentielles

Ils ne sont pas de simples fioritures, mais font partie intégrante de l’essence même de nos quartiers. Grâce à nos recherches, nous avons pu mesurer et démontrer l’impact qu’ils ont sur notre bien-être physique et mental. Nous avons aussi montré qu’ils peuvent servir d’antidotes au fléau actuel de l’isolement social et de la solitude.

Source : Forum des parcs de Toronto, Toronto, 2015

Le processus de planification des parcs tient désormais compte de l’accès équitable

Les personnes absentes des parcs sont tout aussi importantes que celles qui y sont présentes. Grâce à des programmes comme Susciter le changement, notre organisation invite les groupes confrontés au manque d’équité à participer à la planification et à la mise en œuvre de nos programmes. Cette collaboration nous permet de tirer parti de leurs connaissances et de leurs expériences pour rendre les parcs plus accessibles. Avec le lancement de nos activités et la diffusion des enseignements que nous en avons tirés, nous avons observé une plus grande intégration des mesures d’équité dans les stratégies de planification et d’acquisition des parcs dans les municipalités du pays.

Source : Défi des parcs de la famille Weston, Toronto, 2014

Les parcs urbains peuvent contribuer à la réconciliation

Comme l’a dit Rena Soutar, de la Commission des parcs de Vancouver : « il n’existe pas d’espace culturellement neutre n’ayant pas été modifié par les êtres humains. » Pendant la Conférence des ami·es des parcs de 2022, trois des principaux spécialistes Autochtones des parcs du Canada, Rena Soutar, Lewis Cardinal et Spencer Lindsay, ont abordé la question du colonialisme dans les pratiques de gestion des parcs. Ils ont aussi expliqué la manière d’intégrer les principes de réconciliation et de décolonisation dans ce que nous appelons les parcs. À cet égard, la Commission des parcs de Vancouver a décidé de lancer des programmes de cogestion et d’intendance avec des groupes Autochtones. Dans le même temps, Edmonton a commencé à travailler étroitement avec des leaders Autochtones pour le projet kihcihkaw askî*, le premier parc culturel urbain Autochtone du pays.


Les parcs sont reconnus comme favorisant grandement la résilience urbaine face aux changements climatiques

Avec les changements climatiques, les parcs urbains deviennent de plus en plus essentiels pour atténuer les vagues de chaleur, absorber les eaux de ruissellement et protéger la faune et la flore, ainsi que la population. Notre organisation a joué un rôle de pionnier en montrant le potentiel des parcs pour atténuer les changements climatiques et nous permettre de nous y adapter.

Source : Personnel d’Ami·es des parcs à une grève pour le climat, Toronto, 2019

Des endroits autrefois sous-utilisés se transforment en de magnifiques parcs

La taille des parcs n’est pas la seule caractéristique importante d’un parc. Les petits espaces verts peuvent aussi avoir un impact important sur notre bien-être. Avec l’augmentation de la densification de nos villes et du coût des terrains, des sites autrefois négligés, comme les zones en dessous des autoroutes, la chaussée, les corridors électriques, les lignes de chemin de fer et même d’anciennes décharges, se transforment peu à peu en de magnifiques espaces naturels. Grâce à nos recherches* et à notre soutien financier*, des projets innovants comme le sentier Meadoway et le parc linéaire The Bentway à Toronto ont pu voir le jour, de même que le parc Flyover à Calgary.

Source : Personnel d’Ami·es des parcs lors de la visite de la piste multi-usages de The Meadoway, Toronto, 2024

Travailler pour le service des parcs d’une ville est devenu plus difficile, mais aussi plus gratifiant

Nous en demandons beaucoup aux services des parcs municipaux. Les parcs sont de plus en plus fréquentés. Cependant, le personnel municipal est désormais chargé de traiter les questions relatives aux personnes itinérantes, à l’équité, à la réconciliation avec les groupes Autochtones, à l’atténuation des changements climatiques et aux méthodes d’adaptation. Selon moi, leur travail est toutefois devenu plus intéressant et plus gratifiant, car il a la possibilité d’avoir un impact positif sur nos villes et nos quartiers. Mais ce travail est aussi devenu plus complexe qu’avant. C’est pourquoi l’une des principales priorités de notre organisation est désormais de soutenir les membres du personnel municipal et de les mettre en relation.

Source : Seconde conférence nationales d’Ami·es des parcs, Montréal, 2019

Les budgets des services des parcs sont à la traîne

La démographie augmente rapidement dans les villes du Canada, mais les budgets alloués à leurs parcs ne suivent pas cette hausse. Si cette tendance se poursuit, je m’inquiète de ce à quoi ressembleront nos parcs dans 13 ans. Sans un financement adapté, il n’y aura pas assez de parcs pour répondre aux besoins de la population. Nous risquons de glisser vers un modèle à l’américaine, où le manque d’aides publiques a engendré une crise pour les parcs que les philanthropes et les conservatoires de parcs privés ont dû résoudre. Bien que les partenariats et la philanthropie représentent d’excellentes ressources, elles ne remplacent en rien la dotation financière adéquate des services des parcs municipaux.


La collaboration permet de trouver des solutions

Pour les parcs urbains, faire preuve d’imagination en collaborant avec des partenaires communautaires n’est plus l’exception; c’est presque devenu la règle. Qu’il s’agisse de travailler avec des bénévoles locaux ou de créer des conservatoires de parcs officiels, les services des parcs commencent à collaborer avec des partenaires surprenants afin d’enrichir les ressources des parcs et non de les remplacer. Depuis ses débuts, notre organisation plaide en faveur de ce genre de partenariats*. Nous avons ainsi contribué à établir et à cultiver certains modèles de partenariat pour les parcs* parmi les plus importants au Canada. En parallèle, le gouvernement fédéral a commencé à jouer un rôle de plus en plus actif dans le secteur des parcs urbains. Jusqu’à présent, le Canada faisait partie des rares pays dont le gouvernement fédéral ne régissait pas directement les parcs urbains. Après la création du parc urbain national de la Rouge à Toronto, celui-ci a toutefois entrepris un processus visant à créer six nouveaux parcs urbains nationaux à travers le Canada au cours des prochaines années. Des provinces comme l’Ontario, qui ont historiquement évité de créer des parcs provinciaux dans les villes, se sont également engagées dans ce sens. Ami•es des parcs se réjouit de travailler avec les gouvernements et de soutenir ces initiatives qui changent la donne. 

Ami·es des parcs n’a pas inventé la mobilisation citoyenne dans les parcs : certaines personnes le faisaient déjà bien avant 2011 partout au Canada. Cependant, nous avons joué un rôle essentiel en les réunissant, en amplifiant leur voix, en communiquant leurs réussites, et en inspirant les autres. Nous leur avons surtout permis d’avoir plus facilement accès à des ressources et à supprimer les obstacles pour les aider à dynamiser les parcs et améliorer leur quartier.

Ces 13 dernières années, le système des parcs urbains du Canada a connu des changements incroyablement positifs. Je suis fier de dire qu’Ami·es des parcs a joué un rôle important pour parvenir à ces avancées.

Co-directeurs exécutifs d’Ami·es des parcs, Dave Harvey et Erika Nikolai, 4e Conférence nationale d’Ami·es des parcs, Toronto, 2023

En passant le flambeau, je suis convaincu que l’équipe d’Ami·es des parcs – en collaboration étroite avec le gouvernement, le public et les bailleurs de fonds – continuera à susciter des changements positifs dans les décennies à venir. Je sais qu’elle fera tout son possible pour que chaque personne bénéficie de manière égale des avantages des espaces verts publics.

Ami·es des parcs publie le Rapport 2022 sur les parcs urbains du Canada, notre quatrième rapport annuel qui dégage les tendances, les défis et les meilleures pratiques dans 30 Villes du Canada. 

Rencontrez les auteur·es du Rapport —Adri Stark, Emily Riddle et Jake Tobin Garrett— ainsi que la présidente de notre conseil d’administration, Zahra Ebrahim, pour un webinaire célébrant la publication de notre rapport annuel.

Le Rapport de cette année met en lumière de nouvelles perspectives sur la façon dont la collaboration, la pleine conscience et la répartition du pouvoir dans les parcs peuvent contribuer à cultiver et rétablir un lien entre nous, la société et le monde naturel dans son ensemble.

Ce webinaire aborde :

  • les dernières données sur les parcs urbains de 30 municipalités participantes,
  • les derniers indicateurs clés sur la fréquentation des parcs basés sur un sondage pancanadien ayant reçu plus de 3 000 réponses,
  • les enseignements pour les parcs urbains provenant d’entretiens avec plus de 30 experts,
  • les articles illustrant avec détails les meilleures pratiques du Canada au sujet de notre relation à la nature, la décolonisation, aux collaborations locales, aux programmes de financement innovants et à l’utilisation des parcs comme relais solidaires.

Ce webinaire se déroule en anglais mais les sous-titres français sont disponibles.