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Nourriture et parcs : un duo gagnant

août 10, 2017
Park People

“La nourriture et les parcs sont indissociables comme les deux doigts de la main.” C’est ainsi que ma conversation avec Wayne Roberts, analyste et auteur de la politique alimentaire pour le Canada, a débuté. Les yeux de cet ancien responsable du Toronto Food Policy Council se mettent à briller quand il évoque d’entrée de jeu les possibilités attrayantes : marchés de producteurs, fours communautaires, cuisine de rue, jardins communautaires et pique-niques en famille.

Ces possibilités nous ont aussi étonnés. En fait, le rapport Susciter le changement de Park People explique comment tirer parti des changements sociaux dans des parcs, et met tout particulièrement en lumière le lien étroit entre la nourriture et les parcs. Le rapport reprend les propos de M. Roberts lorsqu’il affirme que “la nourriture est l’une des façons les plus efficaces de rapprocher les gens dans l’espace public.”

C’est le lien informel entre la nourriture et les parcs qui enthousiasme M. Roberts au plus haut point. Il se souvient d’une visite au Japon où il a rencontré des familles pique-niquant en toute simplicité sous les cerisiers en fleurs. Ce type de frontière poreuse entre l’espace public et privé est, selon lui, le rôle le plus puissant que la nourriture peut jouer dans les parcs.

À son avis, les initiatives alimentaires dans les parcs permettent d’atteindre quatre objectifs importants.

 

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Développer le capital social

Si vous avez vu le film Citizen Jane, vous comprenez la différence entre une approche de l’espace public fondée sur la peur et une approche fondée sur l’espoir. Jane Jacobs a déclaré un jour :

“Cette confiance prend forme, avec le temps, grâce à de nombreux, très nombreux contacts quotidiens entre les individus qui fréquentent la même rue. (…) La plupart de ces contacts entre usagers de la rue sont tout à fait superficiels, mais leur somme ne l’est pas.”

Roberts est tout à fait d’accord avec elle. Faire pousser des fruits et des légumes, les préparer et les partager dans les parcs sont autant d’occasions pour apprendre à faire confiance à ses voisins. Les rencontres informelles permettent de constituer le tissu social des collectivités. Manger avec un voisin dans un parc peut favoriser une conversation amicale et être le début d’une relation de bon voisinage pour se sentir à l’aise d’emprunter une tasse de sucre, d’organiser un souper à la bonne franquette ou d’appeler son voisin quand notre enfant n’a pas la clé de la maison. Quelquefois, c’est le début d’un groupe de parc de quartier composé de bénévoles. Selon le rapport Susciter le changement, les soupers communautaires permettent  “d’offrir un espace confortable et invitant pour que les gens puissent se rencontrer.”

Partager des leçons importantes

Pour dire les choses délicatement, quand je mange à mon bureau, je ne me préoccupe de personne. Je me contente d’avaler mon dîner. Mais comme M. Roberts le laisse entendre, manger ensemble enseigne des leçons importantes qu’il est difficile d’apprendre autrement. Selon lui,

“quand on mange ensemble, nous apprenons à partager, à nous soucier de l’autre, à respecter l’espace public, à être poli, aimable et intéressé.”

Ces marques de civilité ne nous sont pas uniquement utiles à table. Ce sont des compétences sociales essentielles qui ont une incidence sur tous les aspects de notre vie professionnelle et personnelle. Elles nous aident à être de meilleures personnes les uns pour les autres.

Manger sainement

L’hypothèse de la biophilie suppose que les êtres humains ont un besoin inné et biologique d’être en relation avec la nature. Comme l’explique M. Roberts, la nature nous détend et réduit le stress. C’est un fait physiologique maintes fois démontré. De nos jours, parce que nous vivons dans des villes denses, nous mangeons souvent dans un état de stress aigu, ce qui a une incidence sur notre santé. En fait, de nombreux scientifiques croient que nos maladies physiques et mentales modernes sont causées par le trouble du déficit de nature.

Comme le fait remarquer Wayne Roberts, les parcs peuvent contribuer à ” régler” beaucoup de ces problèmes en donnant accès à des endroits pour se détendre et manger, qui incitent à prendre davantage son temps et à réfléchir aux bienfaits des aliments consommés. De nos jours, quand 20 % de tous les repas aux États-Unis sont mangés dans la voiture et que 40 % des Canadiens mangent à leur bureau, un pique-nique en famille ne favorise pas seulement la cohésion sociale : c’est aussi bon pour la santé.

Développer l’économie locale

Les parcs donnent accès à des marchés économiques autrement inaccessibles. Par exemple, le Thorncliffe Women’s Committee, groupe mentionné dans le rapport Susciter le changement, organise un bazar hebdomadaire pendant l’été, où les nouveaux venus, dont beaucoup sont des femmes, ont l’occasion de vendre leurs mets culturels et de gagner un peu d’argent.

Roberts insiste sur le fait que

“la nourriture donne accès aux économies locales et ne constitue pas seulement un moyen d’acquérir des compétences et d’accéder à une meilleure qualité de vie : elle contribue aussi à conserver l’argent au sein de la collectivité locale.”

Les économies locales sont, en fait,des économies plus résilientes. Le soutien de petits entrepreneurs naissants est simplement une autre façon d’associer les parcs et la nourriture.

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Comment pouvez-vous agir sur ces aspects dans votre propre parc? Voici quelques idées pour commencer :

  • Organisez un repas communautaire ou un pique-nique dans le parc : Regroupez quelques amis et voisins pour un souper au parc. Assurez-vous de consulter la trousse d’outils pour organiser un pique-nique dans un parc de Park People.
  • Utilisez le four communautaire : Si vous avez la chance d’habiter près d’un parc doté d’un four communautaire, faites un feu et préparez des pizzas pour tout le monde. Certains groupes de parc, par exemple les Friends of Regent Park, offrent des cours pour apprendre à utiliser le four.
  • Cultivez vos légumes : Beaucoup de parcs ont des jardins communautaires. Vous pouvez demander aux jardiniers s’ils seraient intéressés par une fête des récoltes pour partager l’abondance de légumes cultivés ensemble.