Retour sur le 2e Forum des Amis des parcs de Montréal

Les 26 et 27 mai 2022, nous avons eu le plaisir de nous réunir dans le cadre du second Forum des amis des parcs de Montréal, qui a rassemblé près de 120 participants. Citoyen·es passionné·es, représentant·es d’organisations communautaires, employé·es de la Ville et professionnel·les de l’aménagement se sont réunis autour du thème de “L’implication citoyenne au cœur des parcs urbains”, afin de s’outiller, s’inspirer et d’échanger sur les différentes façons d’activer le pouvoir citoyen dans les parcs montréalais.

Et pour la première fois depuis le lancement du Réseau, nous avons eu le plaisir de nous réunir en personne, au sommet du mont Royal.

 

Atelier lors du Forum de Montréal, 2022. Crédit photo : Charles-Olivier Bourque

 

Ce rassemblement a renforcé la motivation de la population montréalaise : d’après notre sondage réalisé après le Forum, 100% des participant·es ont dit se sentir plus motivé·es à s’impliquer pour l’avenir des parcs à Montréal à la suite du Forum, comparé à juste 41% des personnes sondées l’année dernière. 94% des personnes sondées ont dit avoir également acquis de nouvelles connaissances sur les façons de protéger les espaces verts, par rapport à 59% l’année dernière.

Afin de perpétuer nos apprentissages, nous avons le plaisir de vous faire revivre l’expérience du Forum à travers les leçons qu’on en a tiré. Vous y trouverez aussi la vidéo en rediffusion de la conférence d’honneur et du panel.

 

Comment les municipalités et les OBNLs peuvent travailler ensemble pour protéger les derniers espaces verts au Québec

Comment peut-on protéger les derniers espaces verts au Québec? Telle est la question que nous avons posée aux intervenant.e.s de notre conférence d’honneur. Voici quelques pistes de réflexion :

 

La fameuse “recette au chocolat” de Maître JF Girard ou ou l’approche réglementaire mixte.

Cette approche serait “la meilleure façon, dans le cadre juridique actuel, d’arriver à des résultats de conservation plus probants”, selon le biologiste et avocat spécialisé en droit de l’environnement.

Cette approche repose sur le principe suivant : les municipalités adoptent des mesures réglementaires appropriées en termes de zonage du territoire pour restreindre les usages et constructions de façon à favoriser le maintien à l’état naturel des terrains.

Après avoir procédé à une caractérisation de tout leur territoire et élaboré un plan de conservation des milieux naturels à partir de celle-ci, les municipalités sont en mesure de justifier certaines décisions de zonage, pouvant provoquer une baisse de prix des terrains à cause d’un désintérêt des promoteurs immobiliers.

“L’interface entre l’action citoyenne et les municipalités, elle est exactement là”, explique Me Girard.

 

Une fois le prix des terrains à la baisse, des organismes de conservation doivent intervenir et saisir ces terrains – à un prix plus bas. Une fois propriétaires du terrain, les OBNLs et organismes de conservation peuvent devenir garants de la conservation de ce territoire

“Je vous le dit, l’observateur de la protection des milieux naturels depuis plusieurs années vous le dit, ça c’est la meilleure recette pour arriver à des résultats d’un plus grand succès de niveau de conservation, en faisant travailler à la fois les groupes de conservation, les citoyens et les municipalités, chacun avec leurs outils pour arriver à des résultats probants, dans le cadre actuel”. 

 

Extrait de la présentation de Me Girard lors du Forum des parcs urbains de Montréal, 2022

 

Jusqu’à présent, cette approche réglementaire mixte prouvait être le meilleur moyen d’arriver à des résultats probants de conservation. Malheureusement, le 15 mars 2022, la Cour d’appel a rendu une décision avec l’arrêt Ville de Mascouche v. Dupras (2022 QCCA 350), dont les conséquences “pourraient être catastrophiques sur les efforts de conservation des municipalités et affecter le succès des organismes de conservation”. Ce jugement est actuellement contesté par Me Girard et son équipe, et pourrait se rendre jusqu’à la Cour Suprême.

 

Bien que la recette de chocolat de Me. Girard paraisse assez simple, les efforts de conservation des espaces naturels ne viennent pas sans défis.

Dans sa présentation sur l’état des lieux de la préservation des espaces verts au Québec, Isabelle Bérubé, Directrice du développement de SNAP Québec, la Société pour la Nature et les Parcs du Canada, nous a partagé les difficultés auxquelles les citoyens peuvent faire face dans leur lutte à la protection des espaces naturels, ainsi que des conseils pour y remédier. 

Atelier lors du Forum de Montréal, 2022. Crédit photo : Charles-Olivier Bourque

 

Voici les principaux :

• Les groupes citoyens veulent souvent des résultats immédiats: protéger un milieu naturel prend du temps, les citoyen·nes s’épuisent souvent. Il faut être patient et résilient.
• Les groupes citoyens sont largement composés de bénévoles. Bien que motivé·es et passionné·es, leurs disponibilités et leurs niveaux d’implication varient et rares sont les bénévoles qui peuvent se dédier entièrement à la lutte.
• Le temps joue nécessairement contre nous – en période de crise climatique et d’effondrement de la biodiversité, il nous faut agir au plus vite.
• Arriver à attirer l’attention des décideurs sans se les mettre à dos – Il faut éviter de se placer en opposition avec les décideurs, tout en arrivant à attirer leur attention et celle des médias

Malgré des difficultés, la route est encore pleine d’espoir et de possibilités

 

“Je trouve qu’il y a un vent qui tourne en ce moment.” La mobilisation donne des fruits” – Isabelle Bérubé, directrice du développement SNAP Québec

 

• Il est possible de protéger les espaces verts, et nous sommes en train de le faire. Comme nous le rappelle Isabelle Bérubé, au Québec, les cibles de protection de 17% du territoire terrestre et 10% du territoire marin ont été atteintes, et la SNAP vise maintenant à ce que 30% des aires naturelles soient protégées d’ici 2030.
• Les bonnes mobilisations organisées peuvent faire une différence. Par exemple, l’Île-St-Thérèse, le “nouveau poumon de l’île de Montréal”, a été possible grâce à une collaboration Ville-citoyens et de nombreuses consultations publiques avec les citoyens de Varennes pour voir quoi faire du territoire et quelles retombées en tirer. Le résultat? Une île protégée et la plantation de 5000 arbres.
• À cette liste de succès, nous ajoutons également la récente annonce du Fédéral de créer un réseau national de parc urbains, la création de la 1e aire protégée de type Paysage humanisé sur l’île Bizard et le grand parc de l’ouest annoncé par l’administration Plante.

 

Pour revoir la conférence d’honneur, c’est par ici : 

 

Comment la Ville de Montréal et ses arrondissements travaillent avec les groupes citoyens pour les parcs urbains de la ville

 

Forum de Montréal, 2022. Crédit photo : Charles-Olivier Bourque

 

Lors du panel intitulé “Activer l’implication citoyenne dans les parcs urbains”, nos 4 expert·es des parcs de la Ville de Montréal ont partagé différents exemples pour apprendre à mieux collaborer ensemble à la protection, l’aménagement, et à l’animation des parcs et espaces verts.

• Pauline Wolffe, docteure en aménagement de l’Université de Montréal et chercheuse au CÉRSÉ, le Centre d’étude en responsabilité sociale et écocitoyenneté, a animé le panel et présenté les résultats de sa recherche, “Les parcs à Montréal – qui, quoi, comment?”, réalisée dans le cadre du Réseau des amis des parcs.

 

• Isabelle Girard, Cheffe de division du Service des grands parcs, du Mont-Royal et des sports, à la régie du Parc du Mont-Royal, a présenté l’apparatus décisionnel et l’échelle de fonctionnement des parcs de la Ville de Montréal, afin d’éclairer les citoyens sur le processus décisionnel de la ville et le pointer dans la bonne direction quant à leurs besoins de contacter les différents départements de parcs.

 

• Catherine Brouillette, Agente de recherche en développement durable à l’Arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie et Luc Castonguay, Directeur du développement du territoire et des études techniques à l’Arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, ont par la suite présenté des exemples à succès de projets réalisés en collaboration entre les arrondissements et les citoyens pour illustrer différentes façons dont cette collaboration peut prendre forme et porter fruit.

 

• En plus de ces beaux exemples de collaboration Ville-citoyens, Caroline Bourgeois, Mairesse de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et Responsable des grands parcs, du mont Royal, des sports et des loisirs, d’Espace pour la vie, du parc Jean-Drapeau et de l’Est de Montréal nous a montré que les gouvernements de proximité sont sensibles aux préoccupations citoyennes. En plus d’être des nôtres lors de l’évènement pour présenter aux participants la vision et les plans de son administration pour les grands parcs, Mme. Bourgeois est restée pour répondre aux questions et préoccupations des citoyens, en plus de participer à l’atelier participatif avec les participants du Forum.

 

Pour revoir la table ronde, c’est par ici : 

 

À Montréal, les citoyen·nes sont plus motivé·es et outillé·es que jamais pour s’impliquer dans leurs parcs. Ensemble, nous allons continuer à construire ce nouveau Réseau des amis des parcs de Montréal, qui a pour but de collectivement outiller les citoyen·nes et personnes en charge de prendes des décisions pour faire vivre nos parcs urbains. Nous comptons déjà plus de 70 initiatives citoyennes de types amis de parc à travers les 19 arrondissements. Le phénomène prend de plus en plus d’ampleur, et nous espérons que le Forum a permis à certains de ces groupes de faire connaissance et de rallier leurs forces.